Négocier avec Iyad Ag Ghaly ? Ce serait la solution miracle aux problèmes du Mali selon certains. Mais qu’en disent, eux, les terroristes ? Ont-ils une fois fait une demande en ce sens ? Jamais ! Après les frappes aériennes de Barkhane contre les chefs du JNIM près de Tinzaouatène le 14 février, les terroristes auraient pu reconnaitre leur défaite et ouvrir la table des négociations. Au lieu de ça, 15 jours après, ils répondent par une attaque meurtrière à Ouagadougou.
Inclusivité et négociation sont les deux mots à la mode au Mali. Mais, pour inclure et négocier, il faut être deux et avoir quelque chose… à négocier. Ce n’est pas le cas des terroristes qui agissent dans le centre et le nord du Mali. Il faut en effet rappeler que les hommes d’AQMI présents dans notre pays depuis le début des années 2000 sont ceux qui ont refusé le processus de réconciliation et d’entente qui se mettait en place en 2000 en Algérie. Ces irrécupérables de l’Algérie ne sont pas plus récupérables ici, au Mali.
Iyad Ag Ghaly est le leader des irrécupérables. Il est d’autant moins récupérable lui-même qu’il est une sorte de bandit multidimensionnel, une espèce d’hybride combinant le crime, les trafics, les rackets, les enlèvements, l’ambition, le pouvoir sous couvert de religion. Il a surtout tué trop de gens, depuis trop longtemps, et continue à en tuer. On l’a vu à Ougadougou le 2 mars : il continue à tuer aveuglément et à revendiquer ses assassinats.
Imaginer négocier avec ce genre de terroristes est dangereux. La plupart d’entre eux ne veulent pas discuter. D’autres parmi eux, parmi Ansar Dine, le JNIM ou les anciens du MUJAO sont des individus égarés qui peuvent revenir réintégrer la société malienne. Le problème, c’est qu’à l’heure actuelle il s’agit de groupes terroristes armés, organisés de façon militaire, et non d’individus isolés. Il ne peut pas y avoir un accord de paix avec des groupes de ce type. Ils ne peuvent être maîtrisés que par la force militaire, à commencer par celle des FAMa dont l’action se fait de plus en plus efficace dans le Centre ou autour de Ménaka. Mais une repentance individuelle de certains des terroristes contre une amnistie est ensuite envisageable pour ceux qui n’ont pas de sang sur les mains. Plus tôt ces terroristes récupérables déserteront, plus vite ils pourront faire valoir leur cause.
La négociation ne peut donc commencer avec ceux qui ne veulent pas sortir des groupes armés terroristes ni rendre leurs armes. C’est certain, au regard des 5 dernières années, ce désarmement ne peut être qu’imposé aux terroristes, et seulement par la force. Une fois qu’ils auront été vaincus jusque dans leur refuge, et que leur chef n’aura plus de pouvoir sur eux, il sera temps de discuter avec ceux que notre Justice jugera récupérables… et seulement ceux-là.
Idrissa Khalou