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Terrorisme: l’EIGS décapité

L’information est d’une source digne de foi qui s’appuie sur des sources généralement crédibles : Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, fondateur et Chef de l’Etat Islamique au GRAND Sahara (EIGS) a été tué, ce dimanche, entre Ménaka et le Niger. Il s’agit du jihadiste le plus recherché d’Afrique de l’Ouest. Si l’on ignore pour le moment les circonstances exactes de sa mort, il va sans dire que sans mort porterait un coup sérieux à cette organisation terroriste qui s’illustre par une violence inhumaine. Ce, d’autant plus qu’il y a quelques semaines, d’autres têtes de son organisation sont tombées sous les coups de boutoir de la Force Barkhane. Faudrait-il pour autant déjà jubiler ?

 

Toutes les armées de la région sont à ses trousses, les Français aussi, mais le chef de l’État islamique au grand Sahara demeure insaisissable. Né en février 1973 à Laâyoune, dans le Sahara occidental, rien ne le prédisposait à mener cette vie clandestine si loin du berceau familial. De son vrai nom Lahbib Ould Abdi Ould Saïd Ould El Bachir, membre de la grande tribu des Rguibat, il a grandi à Laâyoune avant de rejoindre les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie, en 1992. Là, il bénéficie d’une bourse du Front Polisario, passe son baccalauréat avec succès, puis étudie les sciences sociales à l’Université Mentouri de Constantine, dont il sort diplômer en 1997.
Un an plus tard, il commence à travailler au sein de l’UJSARIO, sorte d’union de la jeunesse du Polisario, où il est chargé de l’accueil et de l’accompagnement des délégations étrangères de passage dans les camps de Tindouf. Le jeune Lahbib est alors réputé pour son altruisme et son dynamisme.
Mais, en 2004, des problèmes de santé l’affectent durement sur le plan psychologique. La religion devient un refuge. Il se rapproche d’ex-étudiants sahraouis de l’institut Ibn-Abbas de Nouakchott, réputé propager le wahhabisme en Afrique de l’Ouest. Radicalisé, il intègre la mouvance islamiste qui commence à émerger dans les camps de réfugiés.
En novembre 2010, c’est le grand départ. Il quitte Tindouf pour le nord du Mali via la Mauritanie. Avec quelques autres Sahraouis, il y rejoint la katiba Tarik Ibn Zyad, liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Très vite, il constate qu’aucun Sahélien ne commande et que les chefs sont tous maghrébins – algériens surtout.
Avec les Maliens Ahmed al-Tilemsi et Sultan Ould Bady, ainsi que le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, il fonde le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dans la région de Gao, en octobre 2011.
Abou Walid al-Sahraoui en devient le porte-parole. Objectif affiché : former une colonne jihadiste sahélienne, avec des combattants noirs. Le 21 octobre 2011, le Mujao mène sa première opération d’envergure en kidnappant deux humanitaires espagnols et une Italienne à Tindouf. Difficile de ne pas y voir l’ombre de Sahraoui.
« C’était l’intellectuel de la bande, la tête pensante du Mujao », assure Mohamed Ould MATALY, ancien député de Bourem à notre confrère Jeune Afrique. Ceux qui ont assisté à des réunions avec lui décrivent quelqu’un de renfermé, concentré sur son ordinateur, ne prenant la parole que pour de brèves interventions – de préférence en arabe même s’il maîtrise le français. Et lorsqu’il prend une décision, autorisant par exemple certaines opérations humanitaires, il ne revient jamais dessus.
À l’époque, parmi tous les chefs de katiba qui contrôlent la ville, il passe pour le plus radical. Idéologue convaincu de la justesse du combat religieux auquel il a consacré sa vie, il est favorable à une application stricte de la charia. Mahmoud Dicko, l’ancien président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), qui l’avait rencontré lors d’une mission à Gao en 2012, se souvient d’un homme « dur » et « intransigeant ». « Il dégageait une forme de suffisance. Nous n’étions pas du tout d’accord et nous nous sommes quittés en très mauvais termes », témoigne l’imam wahhabite.
Deux cadres du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), Issa Al Sahraoui et Abou Abderahmane Al Sahraoui, ont, information communiquée par le cabinet de la ministre française des Armées, Florence Parly, été tués par les forces armées françaises dans la nuit du jeudi 22 juillet au Mali.
Le premier “sévissait au Sahel depuis de nombreuses années. Il a notamment participé à l’attaque d’Inates contre les forces armées nigériennes en décembre 2019 et recrutait et formait des jihadistes”. Le 10 décembre 2019, 71 soldats nigériens avaient péri dans cette attaque à Inates, dans l’ouest du Niger, proche du Mali.
Abou Abderahmane Al Sahraoui “était connu pour ordonner les condamnations à mort”
Le second “était connu pour ordonner les condamnations à mort. Ce jihadiste était actif dans les groupes armés terroristes au Mali depuis 10 ans”, a-t-on ajouté. Selon des sources sécuritaires maliennes, il était membre du Mujao, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, qui fusionnera plus tard avec une autre organisation pour former l’État islamique au grand Sahara.
Ils ont été “neutralisés” lors d’une opération de la force Barkhane en coordination avec l’armée américaine, décidée “sur très court préavis” et après des “renseignements consolidés”, contre un camp de l’organisation, dans la région de Ménaka.
“Plusieurs cadres de haut rang de l’EIGS avaient déjà été neutralisés au mois de juin, dont l’un des chefs de groupe, Dadi Ould Chaib, plus connu sous le nom d’Abou Dardar, ainsi que Almahmoud ag Baye alias Ikaray, important cadre de l’EIGS, proche du leader de l’EIGS Adnan Abou Walid al Sahraoui”, a rappelé le ministère.
C’est avec beaucoup de soulagement que les populations maliennes et nigériennes accueillent la nouvelle de la disparition de cet homme, après celles de ses lieutenants neutralisés par BARKHANE. Faudrait-il déjà sauter au plafond et célébrer un coup sérieux infligé à cette organisation terroriste? La joie doit être modérée d’autant plus que les organisations terroristes sont des dragons qui poussent une nouvelle tête chaque fois qu’on en coupe une. En tout état de cause, la disparition de Abu Walid Al-Sahraoui, si elle était confirmée porterait un sacré coup à l’organisation de la nébuleuse qu’il dirigeait. En attendant, il revient aux États de renforcer leur résilience, leur capacité à relever le défi sécuritaire. Parce que ‘’l’aide la plus noble et la plus utile est celle qui vient de nous-mêmes’’.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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