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Terrorisme : Impossible paix au Nord du Mali

Elle n’a guère progressé depuis l’accord de paix d’Alger /Bamako de 2015. Celui-ci a tout de même permis un cessez-le-feu entre l’armée malienne et les groupes signataires, mais qui ne sont pas aussitôt désarmés. Signé (sous médiation algérienne et forte pression internationale), en 2015, entre les autorités maliennes, une «Coordination» des mouvements de l’Azawad ou CMA regroupant des sécessionnistes et narcotrafiquants (MNLA; Haut Conseil de l’unité de l’Azawad-HCUA; Mouvement arabe de l’Azawad-MAA), qui s’est depuis fracturée (2016) avec la création de nouveaux groupes (tels le Mouvement pour le salut de l’Azawad, rassemblant des membres des tribus des Daoussaks et des Chamanammas naguère ralliés au MNLA).

Le troisième signataire est une plate-forme de groupes loyalistes pro-Mali (Groupe d’autodéfense touareg Imghads et alliés-GATIA, MAA loyaliste, Coalition du peuple pour l’Azawad-CPA, Mouvement populaire pour le salut de l’Azawad-MPSA). Mais cet accord n’incluait pas les groupes islamistes, prédominants, mais rejetés de la négociation et considérés définitivement comme terroristes, que certains espéraient ainsi isoler. Ces mouvements, en particulier AQMI, Al-Mourabitoune (issu d’une fusion, en 2013 entre le MUJAO et les Signataires par le Sang, groupe dissident d’AQMI du franc-tireur Mokhtar Blemokhtar) et Ansar Dine ont donc poursuivi ou même accru leurs attaques terroristes.

En 2017, sous la houlette d’Iyad Ag-Ghali reconnu formellement pour leur chef commun, les principaux mouvements djihadistes (Ansar Dine, AQMI, Al-Mourabitoune) ont annoncé leur «union» sous la forme d’une nouvelle entité: «le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans».

Affrontements entre signataires, recrudescence du djihadisme

Le cessez-le feu prévu par l’accord d’Alger de 2015 avec les mouvements armés non djihadistes est respecté vis-à-vis de l’armée malienne, mais les factions touarègues rebelles et loyalistes s’affrontent régulièrement. La situation sécuritaire s’est continument dégradée avec une recrudescence des attaques terroristes, malgré le dispositif militaire français Barkhane. Un nœud gordien non tranché est qu’en 2012, les autorités maliennes ont été empêchées par l’armée française de rétablir leur autorité à Kidal (où flotte toujours le drapeau rebelle de l’Azawad).

Cette ingérence étrangère a crée une instabilité en opposant les Ifoghas de la CMA (ex-rebelles), maitres de Kidal, aux Imghads loyalistes de la «plate-forme». Le sondage Afro baromètre de 2017 montre que 88% des habitants de Kidal se plaignent de l’insécurité et que leurs affaires ont été détruites. Les casques bleus de l’ONU (MINUSMA) ne peuvent empêcher ni cette rivalité, ni le risque de sécession durable de Kidal. Des connivences existent aussi entre les «groupes signataires» et ceux qui n’ont pas signé l’accord de 2015 (les djihadistes).

Enfin, aucun des groupes signataires n’a été désarmé, car ce qui devait théoriquement intervenir «sous soixante jours» doit être le terme d’un long processus (le DDR). Les centres de cantonnement construits sont restés vides. Aujourd’hui, les groupes signataires prétextent aussi la présence des djihadistes armés pour ne pas désarmer. Par ailleurs, la dissolution de l’autorité traditionnelle d’Iyad et de ses réseaux ne se décrète pas.

De fortes rivalités, qui paraissent principalement liées au contrôle du trafic de drogues, continuent aussi d’opposer entre eux les groupes armés signataires, notamment les Ifoghas «nobles», ex-rebelles (principalement du MNLA et du HCUA) et les Imghads, majoritaires, «non nobles» et «loyalistes» (principalement membres du GATIA). Ag-Gamou, ennemi juré d’Iyad ag-Ghali,se partagerait entre ses trois (03) occupations théoriquement incompatibles: général (en activité) de l’armée malienne, chef «traditionnel» auto désigné des Imghads et de leur milice (le Gatia) ou encore trafiquant de drogue (selon une forte rumeur). Mais d’autres observations estiment que Bamako instrumentalise la milice GATIA.

Le jeu trouble des puissances extérieures

Il se dit que Iyad, traditionnellement proche des services spéciaux algériens, profiterait encore de leur protection, ce dont Alger se défend. Il est plausible que l’appui avéré de la France, de la Mauritanie et du Maroc au MNLA ait aussi suscité, en réaction, un appui algérien au mouvement rival Ansar Dine, créé par Iyad, qui n’est cependant pas une marionnette algérienne.

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ancien allié bien encombrant de la force française Serval, est de plus en plus déconsidéré sur place: statut minoritaire, opposition persistante au drapeau malien, implication dans les trafics. L’autre groupe touareg rebelle et signataire, le Haut Conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) dominant à Kidal est considéré comme le «faux nez» d’Iyad lui-même et a donc de fortes connexions djihadistes: des adeptes du Tabligh islamique se trouvent à la fois au HCUA et à Ansar Dine, et des membres du HCUA étaient auparavant à Ansar Dine, notamment son chef (secrétaire général du HCUA) Alghabass ag-Intallah (l’un des trois fils de l’ancien amenokal des Ifoghas). D’abord rallié au MNLA, il l’avait quitté pour rejoindre Ansar Dine, avant de créer finalement le HCUA.

MINUSMA

La force des Casques bleus MINUSMA, en moins de trois (03) ans, a perdu 130 hommes dans des attentats terroristes, devenant l’opération des Nations unies la plus meurtrière après celle ayant quitté la Somalie (151 morts). Tout en étant quasi incontrôlable par Bamako, elle s’avère pour le moment incapable d’assurer l’autorité militaire qui fait tant défaut au Nord-Mali, en attendant que l’armée malienne puisse peut-être un jour le faire, ce qui serait le plus souhaitable.

La force onusienne souhaiterait stabiliser le statu quo et accompagner la mise en œuvre de l’accord de paix. Mais beaucoup de Maliens et les ex- rebelles, ce qui alimente sur place l’idée d’une volonté française ou occidentale de s’accaparer des richesses minières supposées du nord du Mali, en appuyant une autonomie des (ex-rebelles). C’est une des conséquences de l’absence de neutralité de la France qui avait cru devoir s’allier avec un groupe sécessionniste, le MNLA.

De septembre 2013 à fin 2017, au moins 2108 personnes environ ont trouvé la mort au Mali, au cours de divers incidents armés, dont 716 en 2017 (source Parena, Bamako), bataille armée/ex-rebelles de mai 2014 non comprise.

Les Forces onusiennes au Mali : Les forces onusiennes sont inadaptées lors des longues crises. Une opération de maintien de la paix ne remplace ni une solution militaire, ni un règlement politique, mais peut s’avérer utile dans leur endroit intervalle, accompagnant alors un véritable processus de paix. À chaque défaut, les casques bleus sont peu efficaces, mais très couteux (165 000 F CFA par jour un casque bleu), et servent surtout à accompagner des conflits non résolus et de relative basse intensité. Ils traduisent alors le faible intérêt de la communauté internationale à s’investir davantage dans la résolution du problème: casques bleus alors «camions poubelles de la diplomatie» ? Un exemple frappant d’inefficacité est celui de dix-sept ans de présence de l’ONU au Congo-RDC. Le bilan est négatif, malgré plus de 10 milliards de dollars dépensés, il s’agit de la plus importante et coûteuse opération actuelle de l’ONU. Même doute sur l’efficacité de la force onusienne en Centrafrique, faute de solution militaire et politique.

Le bilan sécuritaire de l’opération onusienne au Mali est également problématique, même si son mandat est purement défensif: par exemple, elle n’a pas empêché le massacre de quatre administrateurs et leurs agents de sécurité à Kidal, en mai 2014 par l’un des groupes rebelles pourtant signataire de l’accord de paix partiel de Ouagadougou, en 2013 (MNLA).

MINUSMA: 15.209 militaires

AFISMA- CEDEAO: 7454 militaires,

France (Barkhane): 4500 Les équipements de l’armée française au Mali: trois (3) drones, 7 avions de chasse, 22 hélicoptères, 10 avions de transport tac0tique, 260 véhicules blindés lourd, 360 véhicules logistiques, 210 véhicules blindés légers,

Tchad: 1200 militaires,

Allemagne: 350 militaires,

Royaume Uni: 40 militaires,

Royaume du Danemark: 40 militaires,

Estonie: 50 militaires,

Union européenne: 500 militaires pour former les Forces armées maliennes (FAMa). Cela fait un total de 119.616 militaires au Mali. Avec toutes ces forces la stabilité est loin d’être une réalité.

Rassemblés par Fatou CISSÉ

Source : L’Inter de Bamako

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