Depuis les attaques du 15 avril sur le camp MINUSMA de Tombouctou certains, au Mali comme en Europe, défendent de manière anarchique l’idée selon laquelle les attaques se multiplient et se complexifient, signant je cite « une professionnalisation du terrorisme ». Cette vision occulte les nombreuses et récentes victoires des forces internationales ayant entrainé la disparition de plusieurs cadres du JNIM en général et d’Al Furqan en particulier. Ne nous y trompons pas, les lourdes pertes dans les rangs terroristes conduisent ces derniers à commettre des actes désespérés.
Les attaques de 15 avril à Tombouctou ont eu un écho médiatique certain, cependant celui-ci demeure inversement proportionnel aux résultats réels sur le terrain. En effet certains pseudo-analystes de la crise malienne soutiennent l’idée fausse selon laquelle les actions terroristes seraient plus efficaces qu’auparavant. Hâtives, partiales et surement dictées, ces analyses sont surtout partielles et tentent de faire oublier les récents nombreux échecs de ces groupes de plus en plus livrés à eux-mêmes puisque sans chefs.
Par souci d’objectivité il s’agit maintenant de faire un rapide bilan de la tendance de ces derniers mois concernant la situation au Mali. Le 14 février 2018 est la date clef dans la compréhension de la situation actuelle. Ce jour-là Iyad Ag Ghaly perd nombre de ces cadres du JNIM dont son bras droit. Depuis cette date, chaque semaine, ce sont des dizaines de terroristes qui sont éliminés par les FAMA et les forces internationales. Tous les analystes réellement indépendants s’accordent à dire que les groupes terroristes sont affaiblis et sous pression.
Au-delà de la nécessité de se reconstituer, ces groupes ont également comme priorité leur rayonnement, ciment de leur capacité de recrutement et impératif de subsistance. Mais les recrues se font rares et le désespoir a remplacé les convictions idéologiques pour les éventuels volontaires à l’embrigadement. Face à cette réalité, ils doivent impérativement tenter, souvent à la hâte et sans disposer de cadres expérimentés pour les coordonner, des actions qu’ils espèrent à fort retentissement médiatique.
Maintenant, regardons sous un autre angle les attaques du camp de la MINUSMA à Tombouctou qui portent la signature d’Al Furqan. Ayant subi de lourdes pertes début avril, ce groupe terroriste a sans nul doute planifié ces attaques en représailles. Contraint par la disparition de nombre de ses cadres, celui qui a bénéficié d’une ascension hiérarchique lors de la création du JNIM, Yahia Abou El Hamman, avait là une occasion de se faire remarquer par son chef Iyad Ag Ghaly. Et une fois de plus, force est de constater que c’est un cuisant échec, car même si ces attaques ont été qualifiées de complexes, leur bilan au vu des moyens engagés leur est largement défavorable. Quinze terroristes abattus pour un soldat de la MINUSMA tué. Et au final, les assaillants n’ont jamais réussi à franchir l’entrée du camp. L’amateurisme et la précipitation semblent donc bien avoir prévalus.
Enfin, on notera que la revendication de ces attaques aura été inhabituellement longue (5 jours). Des raisons techniques ayant été invoquées, il est clair que Iyad Ag Ghaly et Yahia Abou El Hamman ont dû y réfléchir à deux fois. Evidemment ils auraient préféré revendiquer une victoire en mesure d’endiguer le flot de signaux indiquant clairement leur affaiblissement, plutôt qu’un fiasco révélateur de leur déroute inéluctable.
Paul-Louis Koné
@pauloukone