La date du premier tour de l’élection présidentielle malienne, le 28 juillet, a été fixée la semaine dernière par le gouvernement avec la convocation du collège électoral. Mais les obstacles à un bon déroulement du scrutin sont nombreux à 55 jours du premier tour. En tous cas, les conditions doivent être réunies pour que le scrutin puisse se dérouler correctement, ce qui semble loin d’être le cas.
Plusieurs questions restent pour l’heure en suspens: comment faire voter les quelque 174.000 réfugiés? Comment assurer la sécurité du territoire pendant l’élection? Comment permettre aux habitants de Kidal de voter alors que la ville est contrôlée par le Mnla, même si Bamako se résout à négocier avec ce groupe armé qui refuse la présence de l’armée à Kidal? Sans compter les aspects logistiques et l’incohérence des autorités de la transition qui ne savent plus sur quel pied danser pour contenir la pression de la France. Voilà autant de facteurs qui risquent sans nul doute de mettre en mal le bon déroulement de l’élection. Même si le Ministère de l’administration territoriale, la Délégation générale aux élections et la Ceni tentent d’assurer l’opinion nationale et internationale sur le niveau d’avancement des préparatifs.
La France au premier plan pour soutenir le processus
La convocation du collège électoral, la semaine dernière par le gouvernement, a coïncidé avec la visite à Bamako du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, venu faire un point d’étape détaillé sur le plan démocratique et politique. La France a en effet tenu un rôle de premier plan pour fixer le calendrier de l’élection présidentielle. François Hollande avait déclaré en avril qu’il serait intraitable pour que ce scrutin ait lieu avant fin juillet afin que le Mali se dote le plus rapidement possible d’un président légitime. Pour la France, c’est le seul moyen pour le Mali de se remettre sur les pieds et de faire face à la reconstruction, la réconciliation nationale, la reconquête de l’intégralité du territoire, la lutte contre le terrorisme et la relance de l’économie.
Contraints par la France, le gouvernement et l’administration ne disposent que de 55 jours pour résoudre tous les problèmes qui continuent de se poser. Il s’agit de l’impression des cartes d’électeur et des bulletins de vote, la mise à jour des listes électorales à partir des données du Ravec et, surtout, la mise en œuvre de dispositifs devant permettre aux déplacés et aux réfugiés de voter.
L’armée et l’administration malienne doivent être à Kidal avant le 28 juillet
En plus des problèmes techniques et de l’imposition du calendrier par la France, la plus grande difficulté se trouve à Kidal, toujours contrôlée par le Mnla. Ce groupe armé soutenu par Hollande dans son incohérence ne veut pas entendre parler de l’armée malienne.
Cette situation n’est que la suite logique du jeu trouble de la France qui, depuis le début de son intervention, a permis aux indépendantistes touaregs d’entrer à Kidal et d’y renforcer leur position.
Toujours maître de cette ville, le Mnla est déterminé à y rester et s’oppose à toute présence de l’armée malienne. Il accepte le retour de l’administration malienne et une élection sécurisée par les Nations unies.
En face, Bamako est d’accord pour discuter de la décentralisation mais exige toujours du MNLA le désarmement. Impossible surtout d’imaginer un retour de l’administration sans l’armée nationale.
Dans ces conditions, la tenue de l’élection sur toute l’étendue du territoire national est évidemment compromise.
La question de la présence de l’armée malienne reste le point de discorde entre les deux parties qui ont engagé les discussions à Ouagadougou, la semaine dernière.
La classe politique divisée
Outre la faisabilité de l’élection, se pose la question délicate du jeu politique. Les forces politiques sont extrêmement divisées depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. D’un côté les pros putsch au sein de la copam qui exigent l’organisation d’une concertation nationale avant la tenue des élections et de l’autre, les antis putsch formant le FDR qui ont participé à la gestion du pouvoir avec ATT.
Une quinzaine de candidats se sont d’ores et déjà déclarés, dont les principaux poids lourds de la classe politique parmi lesquels, Ibrahim Boubacar Keita, Modibo Sidibé et Soumaila Cissé.
Nouhoum DICKO