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TENSION MALI-MAURITANIE A qui profite(nt) le(s) crime(s) ?

Qui donc cherche à mettre des grains de sable dévastateurs dans le moteur du partenariat mauritano-malien ? La question hante tous les esprits. Car les événements macabres récents qui se sont produits, résultats d’une série de coïncidences des plus troublantes, préoccupent au plus haut point.

Troublantes coïncidences en série. Depuis un mois et demi, voire un peu plus, de mystérieux homicides, commis à la frontière entre le Mali et la Mauritanie, sont en train de soulever une tempête de sable de défiance entre les deux pays. Le timing macabre interroge d’autant plus que, ces dernières semaines, Bamako et Nouakchott n’ont eu de cesse de multiplier les initiatives pour consolider et intensifier leur coopération bilatérale dans le domaine économique.

A croire que la main imprévisible et fatale du Destin s’acharne à s’abattre en un lieu et en un temps précis qui commençaient pourtant à sentir bon la promesse d’une lune de miel dans le partenariat mauritano-malien. A moins (qui sait !) que ce ne soient des calculs humains aux sombres intentions qui s’ingénient à secouer méchamment les dunes de la tension afin de remplir le moteur des relations Mali-Mauritanie de grains de sable destructeurs. Aucun scénario, même parmi les plus complotistes, ne peut être écarté car la chronologie des faits est trop bien minutée pour être le résultat d’un simple hasard dramatique. Le 17 janvier, dans les environs de Nara, les corps sans vie de sept éleveurs mauritaniens avaient été retrouvés. Le gouvernement mauritanien avait alors dépêché une délégation auprès des autorités maliennes afin de presser Bamako de faire la lumière sur les faits.

Nouveau constat tragique, nouvelle montée de tension entre les deux capitales. En ce début mars, depuis quatre jours, les citoyens et le gouvernement mauritaniens confirment que « plusieurs dizaines » de leurs compatriotes « sont portés disparus » vers Bassikounou et Fassala. Cette fois-ci, les dirigeants mauritaniens ne s’embarrassent pas de formules diplomatiques policées. Clamant son courroux dans un communiqué publié le mardi 08 mars, le chef de la diplomatie mauritanienne, Ismail Ould Cheikh Ahmed, accuse ouvertement l’armée malienne de « crimes récurrents » à l’endroit des Mauritaniens. On est loin du langage d’euphémisme ordinairement privilégié dans la rhétorique de la diplomatie. Nouakchott est dans une colère noire, et s’est fait fort de le faire savoir à l’ambassadeur malien « convoqué » avant la publication du communiqué d’Ismail Ould Cheikh Ahmed.

Si, pour l’heure, les faisceaux d’indices sont insuffisants voire inexistants pour permettre de déterminer réellement ce qui s’est passé, un aspect de cette terrible succession de drames interroge. C’est la concomitance des faits avec les efforts déployés par le Mali pour s’accrocher au corridor mauritanien comme bouée de secours face à l’embargo qui l’étrangle. Faut-il pour autant prendre des raccourcis dans l’analyse et en déduire qu’il s’agit d’un plan de sabotage savamment mené ? Les preuves ou plutôt l’absence de preuves ne permettent pas d’aller dans l’affirmation catégorique. Or, c’est déjà ce que font certains acteurs qui, se fondant sur le principe « A qui profite le crime ? », pointent un doigt accusateur à peine retenu sur certaines alliances qui sont en froid avec le Mali.

Trouver « à qui profite le crime » pour ainsi démasquer les commanditaires, est-ce une méthode infaillible dans tous les cas ? Et spécifiquement dans le cas présent ? Surtout que l’on sait que dans le Sahel, la complexité de la situation sécuritaire a rendu fréquents les conflits souvent sanglants entre communautés voisines.

Toujours est-il que si complot il y a, les effets négatifs sont bien tangibles avec cette poussée de colère aiguë émanant des Mauritaniens. Comment alors sortir de cette crise de facto ? C’est, comme l’a toujours prôné Les Echos dans toutes les situations, en donnant priorité aux leviers diplomatiques. D’abord, s’abstenir, de part et d’autre, de jeter de l’huile sur le feu et éviter de déclencher le cycle des accusations-ripostes-représailles. Ensuite, marier les moyens pour une sécurisation commune des zones frontalières. C’est la logique judicieuse à laquelle Maliens et Mauritaniens ont tout à gagner à s’attacher.

Pour le Mali, il est aussi essentiel de tirer déjà un enseignement de cette situation délicate. Pour affronter les défis ô combien vastes dans un Sahel complexe, il faut travailler plus vite afin de nous rapprocher de nos autres voisins, de tous nos voisins. Et comprendre ceci : dans les relations entre Etats, il est toujours plus fructueux de s’entendre avec tous ses amis plutôt que de chercher à faire supplanter un ami par un autre.

MOHAMED MEBA TEMBELY

Source: journal les échos Mali

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