A Ténenkou, c’est un véritable haro sur les produits contrefaits. Dans la brousse de Tougnana, à 4 km à l’ouest de la ville, il a été procédé le weekend dernier à l’incinération d’une importante quantité de médicaments contrefaits ou avariés, de produits et de denrées alimentaires périmés. 750.000 Fcfa, telle est la valeur marchande des produits brûlés, selon les estimations du Comité local technique de lutte contre la vente illicite des médicaments, des produits et denrées alimentaires périmés. Son président, le préfet Makan Doumbia a exprimé toute la détermination de son équipe à mener une lutte sans merci contre le fléau.
Les produits incinérés ont été retirés des dépôts du Centre de santé de référence (CSREF) de Ténenkou et des Centres de santé communautaire (CSCOM) des 10 communes du Cercle. Le médecin chef Amadou Tiémoko Coulibaly a expliqué que ces médicaments contrefaits constituaient une grave menace pour la santé des populations dont un bon nombre de personnes les utilisaient au détriment de leur vie. Le Dr Coulibaly a beaucoup insisté sur leurs effets néfastes, avant de prodiguer aux populations des conseils de prudence et de vigilance.
A la veille de l’opération d’incinération, organisée par le CSREF et le service d’hygiène sur fonds propres, le sous-préfet de l’Arrondissement central Siaka Souleymane Sanogo, a présidé une réunion d’urgence du comité local. Y ont participé les responsables des services socio-sanitaires, les autorités politico-administratives, les représentants des forces de sécurité, un délégué des consommateurs ainsi que la presse. Tous ont contribué à l’analyse globale de la situation en faisant le point de la gestion des médicaments consommables ou avariés. Le constat est amer. A Ténenkou, les médicaments inadaptés sont disponibles partout : dans les marchés, dans les plus petits villages et même dans les hameaux. Ils sont vendus dans les « pharmacies par terre » qui poussent comme des champignons partout dans le Cercle. Elles sont généralement tenues par les marchands ambulants et les guérisseurs traditionnels. Certains agents de santé s’adonnent clandestinement à cette vente illicite. Proposés aux consommateurs, les produits contrefaits ou périmés sont exposés sous le soleil, souvent à même le sol et sont parfois couverts de poussière.
Selon toujours le constat fait à Ténenkou, les populations consomment abondamment ces médicaments au péril de leur santé voire de leur vie. La pauvreté est la principale cause avancée pour expliquer la prolifération de ces médicaments. Les produits proposés par ces commerçants sont aux yeux des communautés surtout villageoises, analphabètes et démunies moins chers, moins onéreux que ceux des pharmacies conventionnelles. Le phénomène s’est aggravé avec l’automédication, l’insuffisance de sensibilisation, l’indifférence des autorités. Le phénomène s’est accentué avec la crise sécuritaire de ces dernières années qui a secoué les habitants du Cercle comme ceux d’autres parties du pays.
Suite à cette analyse de la situation, le Comité local a décidé la destruction de tous les produits saisis. Auparavant, les membres dudit comité ont fustigé le commerce illicite des médicaments contrefaits. Ils ont également déploré la prolifération des médicaments de la rue qui échappe encore au contrôle sanitaire. Ils ont aussi recommandé d’informer et de sensibiliser la population sur les dangers du fléau. Le sous-préfet Siaka Souleymane Sanogo a fortement sollicité l’engagement de tous pour que la lutte contre le phénomène devienne une activité quotidienne.
M. DEMBELE
Amap-Ténenkou
