Très tôt le matin du vendredi dernier, des bandits armés ont attaqué Ténenkou. Les assaillants sont entrés du côté Est en se faisant passer pour des forains. Certains ont rampé au sol dans l’herbe derrière la digue pour entrer. D’autres sont arrivés sur une vingtaine de motos du côté Nord.

Arrivés au niveau des postes de contrôle, ils ont ouvert le feu sur les soldats du contingent militaire, venu pour sécuriser la ville après l’attaque de la semaine dernière en présence du gouverneur de la 5ème région.
Après s’être s’infiltrés dans la vile, ils ont engagé le combat avec les militaires postés aux points stratégiques de la ville. Au cours des échanges de tirs, les assaillants criaient : « Allah Akbar ». Jusqu’à 8 heures 30, le combat a été rude tout autour de la résidence du préfet Seydou Traoré. Présent avec sa famille, il est sorti indemne avec tous les siens. Trois assaillants qui avaient réussi à escalader le mur de sa résidence y ont été abattus. Des assaillants ont attaqué aussi le camp de la Garde et la brigade de Gendarmerie.
Devant la résistance des défenseurs de la ville, les assaillants ont fini par battre en retraite en fuyant vers l’Est de la ville. Selon des témoins, ils étaient au nombre d’une quarantaine arrivés à motos et à bord d’un véhicule pick-up aux couleurs de l’armée qu’ils avaient laissé à 5 km de la ville.
Après le départ des terroristes, les avions de la force française Barkhane ont survolé la zone sans intervenir. En fin de journée, un hélicoptère de la MINUSMA est venu pour évacuer les blessés à Sévaré.
Un nouveau renfort de l’armée a rejoint Ténenkou dès samedi. Des témoins assurent qu’il y a eu des morts de part et d’autre. Trois soldats ont trouvé la mort, 5 autres sont blessés. Les assaillants ont endommagé un véhicule et emporté un autre, ainsi que leurs morts. Une dizaine de corps des assaillants a été découverte plus tard en brousse, enterrés à la sauvette. Trois autres corps étaient abandonnés sans sépulture dans la forêt de Mayataké. Dans la ville, un civil a perdu la vie. Des assaillants ont été faits prisonniers et son entre les mains du détachement prévôtal de la gendarmerie.
On entendait encore jusqu’à la mi-journée du vendredi des coups de feu sporadiques dans la ville. Les soldats ratissaient la ville à la recherche de bandits infiltrés parmi la population qui est sous le choc. Ils ont procédé à des arrestations d’individus soupçonnés d’être des complices des assaillants. Des individus ont pris la fuite, craignant sans doute d’être démasqués et arrêtés par les militaires.
Tous les services sont fermés à l’exception du centre de santé. Les commerces qui avaient fermés, ont commencé à ouvrir leurs portes et le trafic des véhicules de transport a repris. Les véhicules en partance pour Ségou et Bamako, bloqués par les militaires par mesure de sécurité, ont pu partir samedi matin.
Les 3 soldats morts dans l’attaque ont été enterrés samedi à Ténenkou. Les funérailles ont eu lieu en présence des autorités locales et du commandant d’armes de la place, le colonel Saïbou Doumbia, qui avait à ses côtés le capitaine Hamidou Kodio, chef du contingent basé à Tenenkou et le lieutenant Cheik Z. Kanté, adjoint au chef du contingent.
Le président du conseil de cercle, Boubacar O. Thiocari, le préfet du cercle de Ténenkou, Seydou Traoré, le colonel Doumbia, ont tour à tour rendu hommage aux 3 soldats tombés sur le champ d’honneur en défendant la patrie. Ils ont promis que Ténenkou et l’ensemble de la nation leur seront reconnaissants.
Des félicitations appuyées ont été adressées aux soldats ont pu tenir en échec des assaillants plus nombreux et bien armés. Ténenkou n’avait jamais connu de combats d’une telle violence.
Le ministre de la Défense et des Anciens combattants a publié un communiqué le 16 janiver pour « s’incliner devant la mémoire des disparus et souhaiter prompt rétablissement aux blessés ». Il a assuré que la situation est suivie en coordination avec la MINUSMA et l’opération française Barkhane.
Le calme est de retour dans la ville. Les renforts militaires qui sont arrivés, ont entrepris des patrouilles de ratissage en brousse pour tenter de débusquer des bandits cachés non loin de Ténenkou.

M. DEMBELE
AMAP- Tenenkou