Considérés par certains responsables et militants du parti comme » des ingrats, des traitres et des opportunistes « , les cadres qui viennent de démissionner du Congrès national d’initiative démocratique (CNID-Faso Yiriwa ton) de Me Mountaga Tall sont l’ancien ministre Modibo Kadjogué, l’ancien député Yaya Haïdara, le conseiller du district Mahamadou Wadidié, la présidente des femmes du parti Kadissa Kouréissi et le tout nouveau député de Baraouéli, Adama Kané. Ils suivent le mouvement perlé initié par Akory Ag Iknane et Hady Niangadou pour tuer le parti du soleil levant.
our certains responsables et militants du CNID, ce départ du parti est dans la logique d’un plan de déstabilisation concocté par un groupe de cadres qui veulent faire croire à l’opinion qu’il y a une crise au CNID.
D’abord, il faut rappeler que le parti de Me Mountaga Tall a, depuis sa création, opté pour la tolérance vis-à-vis des écarts de conduite des militants. Selon un ancien député du parti, l’organe dirigeant du CNID n’a jamais exclu un militant malgré tous les actes d’indiscipline politique que certains posent de temps en temps. Cette attitude a permis à certains responsables de prendre des positions contraires à celle de la direction du parti sans risque de se faire sanctionner, comme cela se fait ailleurs.
A en croire les militants, les cadres qui viennent de démissionner étaient depuis longtemps en retrait du parti. Ils affichaient leur distance par rapport aux activités du parti. C’est le cas de l’ancien ministre Modibo Kadioké, qui, dit-on, pour n’avoir pas été reconduit ministre après le coup d’Etat (comme David Sagara de la CODEM) a pris ses distances. » Il n’a pas participé à la campagne électorale. On ne le voyait plus dans les activités du parti « , a expliqué un haut responsable qui a requis l’anonymat.
Idem pour le président du groupe parlementaire CNID, Yaya Haïdara, candidat malheureux lors des dernières législatives. « En tant que président du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, il a décidé d’arrêter les cotisations du député versées au parti. Il aurait pu être sanctionné pour cet acte. Véritable porteur de sacoche du questeur, Mahamadou Cissé de l’ADEMA, il était presqu’ADEMA depuis des années « , fulmine notre interlocuteur.
Avant d’évoquer l’indiscipline du conseiller du district Mahamadou Wadidié, qui, investi candidat du parti en commune III aux législatives, a refusé de déposer sa candidature pour ne pas offusquer le maire du district Adama Sangaré, dont il profiterait du soutien financier.
Quant à la présidente des femmes du parti, Mme Kadissa Kouréissi, notre source estime qu’elle est une véritable » femme à problème. Son départ pourra créer la cohésion entre les femmes du parti « , a-t-il déclaré.
De l’autre côté, les démissionnaires estiment que le leader Me Mountaga Tall a conduit le CNID vers un échec cuisant : sa retentissante défaite à la présidentielle 2013, son échec aux législatives dans son fief de Ségou suivi du laminage du parti lors de ces élections sur tout le territoire national. A l’issue du scrutin législatif, le parti a eu quatre députés, mais trois seraient déjà partis, il ne reste qu’un seul.
Pour une source proche des démissionnaires, si la vocation d’un parti est la conquête du pouvoir, il devient difficile de demeurer au sein d’une formation politique qui n’a aucune chance de conquérir ce pouvoir. » Il y a alors deux alternatives : aller à un congrès pour changer la direction dont le leader ou démissionner. La première option s’étant révélée impossible, nous avons choisi la deuxième « , a-t-elle conclu.
Bruno D SEGBEDJI