Je suis Amidou D., 32 ans et employé de bureau. En 2013, quand j’avais 25 ans, je venais de commencer mon travail, je devrais me rendre à Abidjan pour une formation de 5 mois. A Abidjan, j’ai pris mes quartiers dans un hôtel de Williams Ville.
Un jour alors que je revenais d’une réunion je vois une jeune fille sublime de 21 ans avec un regard si triste. J’ai appelé à la réception de l’hôtel en donnant la description de la fille au gérant. Il m’a fait comprendre c’est une “poklé“ c’est-à-dire une prostituée. Je demande à la voir pour une nuit.
Au passage mon obédience religieuse ne me permet pas de coucher avec une fille hors mariage. Donc je n’envisageais pas de coucher avec elle, mais juste échanger. Elle est donc venue avec un accoutrement pas très strict. Voyant que mon objectif n’était pas le sexe, mais, discuter, malgré que j’ai payé le double de ce qu’elle demandait, elle a fini par se lâcher. Son histoire m’a bouleversé.
Elle est l’ainée d’une famille de 3 enfants. Son père est décédé alors qu’elle avait 15 ans. Sa mère qui subvenait aux besoins de la fratrie eu les jambes amputées suite à un accident.
A l’époque la jeune “poklé“ fut admise à son baccalauréat à 17 ans. Orientée en GRH, elle devrait payer ses cours et ceux de ses jeunes frères. Elle s’est adonnée à la prostitution. “Ce n’était pas la vie dont je rêvais“, dit-elle.
Ainsi après l’avoir écouté, j’ai décidé de la prendre en charge pour que sa famille ne manque de rien. Chaque mois, je leur versais le tiers de mon salaire. Je leur rendais visite régulièrement. En 2015, elle a obtenu son master. Je l’ai demandé en mariage. Elle accepta. Nous nous sommes donc mariés la même année et j’ai fait venir toute sa famille ici au Mali. Mon entourage me critiquait en pensant me décourager.
DRH d’une grande entreprise de la place, nous avons un magnifique bébé et elle est de nouveau enceinte, elle me procure cette joie de vivre que je ne pensais avoir avec une fille.
Elle et sa famille se sont converties à l’islam. Elle est une très bonne mère, épouse et belle-fille modèle.
Je fais ce témoignage pour juste dire qu’il ne faut pas juger ou discriminer quelqu’un juste pour son histoire”.
Aïchatou Konaré
Mali Tribune