ATT est un bon époux. Mais il n’a jamais mené sa famille dans les histoires du Mali. Les jours de fête quand il venait me chercher pour les salutations, nous parlions du pays. Et il me faisait certaines confidences qu’il ne disait à personne. Ce qu’il entendait d’en haut, il me le disait et je lui disais ce que j’entendais d’en bas. Voilà ce que je peux dire sur ATT. Socialement, ATT était bon. La preuve, le jour où il a connu ma mère, il en a fait sa propre mère. Depuis l’annonce de son décès, ma mère est en train de couler des larmes. Après le retour d’ATT de son exil de Dakar, ma mère lui a lavé les pieds avant de boire cette eau. Et ATT ne s’attendait pas à ce geste d’honneur. Ma maman a tenu cette culture de sa mère. C’est pour dire qu’ATT était fidèle.
ATT protégeait ses hommes. Le Commando Para qu’il était a toujours été aux côtés de ses hommes. Il a aidé certains militaires qui devaient aller à la retraite à avoir des lots à usage d’habitation. Je me souviens qu’il a sollicité du Colonel Abdramane Maïga (ministre de l’Administration territoriale au moment des faits) des lots à usage d’habitation. Ce dernier lui a donné 150 lots à Kalaban et qu’il a distribué à des retraités. C’est pour dire que, socialement, ATT était bon.
ATT n’a pas fait de politique. La preuve, quand il se présentait aux élections de 2002, il avait comme slogan de campagne “Retrouvons ce qui nous unis”. Et il a fédéré les gens et a pris dans tous les partis dont le parti majoritaire qui était l’Adéma-Pasj. Il a fait sa campagne et il a passé. ATT disait toujours qu’il est un vieux soldat toujours disponible à aider le Mali, surtout dans la crise du Centre. Il était prêt à s’impliquer dans cette crise. Et les autorités mondiales l’avaient contacté pour cela depuis Dakar. Mais le président de l’époque a jugé bon de confier cette médiation à quelqu’un d’autre. Cela ne l’a pas offusqué. ATT m’a confié de vive voix que le jour où il va disparaître, de demander aux Maliens de lui pardonner car il a pardonné à tout le monde”. Siaka DOUMBIA
ANCIEN COLLABORATEUR DU PRéSIDENT ATT, MODIBO MAO MACALOU TéMOIGNE :
“Affable, polyglotte, humaniste et doté d’un grand sens de l’humour, le personnage était simple, humble et courtois… “
A un moment critique de son histoire, le Mali perd pour l’éternité un de ses fils les plus illustres, le Général Amadou Toumani Touré affectueusement appelé ATT. À son épouse, ma chère belle-sœur, son partenaire et son complice de tous les jours, ainsi qu’à sa famille et ses fidèles amis, je présente mes sincères condoléances attristées et émues.
La postérité retiendra que l’illustre disparu dont je salue la mémoire avait acquis sa célèbre renommée à travers le monde pour avoir tenu la parole donnée en menant avec une main de maître une transition agitée en vue de transmettre le pouvoir à un régime démocratiquement élu pour enfin se muer en soldat de la démocratie et du développement.
Chef d’Etat, Humanitaire, Médiateur international puis Président de la République, son amour pour la patrie était sans bornes, il vouait un intérêt viscéral pour tout ce qui touchait son pays et ses concitoyens et ne perdait jamais de vue l’intérêt général.
Affable, polyglotte, humaniste et doté d’un grand sens de l’humour, le personnage était simple, humble et courtois, une marque des grandes âmes. Pétri d’intelligence et d’une grande capacité d’écoute, c’était un bâtisseur qui avait parcouru toutes les localités, sans exception, de notre vaste pays en fournissant des services sociaux de base devenant irrémédiablement le fondateur du plus grand parti politique du Mali : le Parti de la Demande Sociale.
Pour ma part, je perds un frère aîné pour qui j’avais une admiration profonde et surtout un mentor qui m’a appelé à ses côtés pour l’épauler dans la plénitude de sa mission au service de la nation. Mes souvenirs resteront impérissables suite à cette aventure fabuleuse effectuée en compagnie d’une équipe remarquable dirigée par un leader exceptionnel. Artisan de la paix, partisan du consensus et médiateur hors pair, le Mali perd un immense personnage. Son héritage est grandiose, les travaux qu’il a entrepris sont certes inachevés et imparfaits comme toute œuvre humaine, mais il restait persuadé que les générations futures parachèveront l’œuvre d’édification nationale dans un proche avenir, perpétuant ainsi sa vision d’un Mali et d’une Afrique uni et prospère dans un monde en paix et solidaire. Le temps est un grand juge et c’est l’histoire qui fait l’éloge des illustres personnalités à travers leurs actions et leurs ouvrages.
Dors en paix ATT !
IBRAHIM FéFé KONé, ANCIEN GOUVERNEUR DE BAMAKO :
“ATT ne se limitait pas à donner des instructions, il descendait sur le terrain pour le suivi des chantiers”
J’ai connu ATT vers la fin de la transition quand je voyais l’homme depuis ce temps, ses rapports avec les uns et les autres, sa volonté de développement du pays, il était un modèle auprès de qui on pouvait beaucoup apprendre. Lui et moi, nous nous sommes connus dans l’administration mais il m’a toujours considéré comme son petit-frère. Il était très pragmatique dans ses projets de développement et il n’était content que lorsqu’il les voyait réalisés et il les suivait de très près.
Pour la petite histoire au moment de la réalisation du troisième pont, j’étais gouverneur du district de Bamako, il pouvait passer par des ministres pour le suivi des travaux, mais au lieu de cela il m’appelait directement pour faire passer des messages à l’entreprise chargé des travaux comme la libération des voies. Idem pour le Pavillon des sports à l’ACI-2000.
A la construction de cette infrastructure, il m’a appelé aussi pour la libération du site de ce projet occupé à l’époque par des maraîchers. Il ne se limitait pas à donner des instructions aux ministres, mais il descendait sur le terrain pour le suivi des chantiers et m’appelait régulièrement pour se rassurer du bon déroulement des travaux.
C’est quelqu’un qui avait la volonté de travailler et je ne pouvais que donner le meilleur de moi-même pour qu’il soit satisfait.
Dans ses relations personnelles, il tenait beaucoup aux rapports humains et il était très sensible à la situation des gens. Pour l’exemple, j’avais pris une décision pour raser une zone à Koulouba, mais j’avais fait sciemment d’attendre qu’il soit en déplacement pour mener cette opération.
A ma grande surprise, au moment de monter dans l’avion, il m’a fait remettre une note par l’entremise de son aide de camp pour me demander de surseoir à cette opération. Donc il a prêté une oreille attentive aux doléances de ces populations.
Je peux témoigner aussi qu’il tenait beaucoup au développement des activités sportives au profit de la jeunesse comme vous pouvez le constater, il a construit beaucoup de terrains multifonctionnels et dans toutes les communes il y a des terrains similaires. Toutes ces réalisations notamment les routes, les hôpitaux, Amo, les terrains… il les a faits au bénéfice de la population, pas pour lui-même. Son décès est une grande perte pour moi, pour la nation malienne car même après son départ pour Dakar, je lui rendais régulièrement visite. Pareil aussi à son retour je ne peux que prier le bon Dieu pour le repos éternel de son âme.
Propos recueillis par Kassoum Théra
CNOSM : Hommage au Grand sportif Amadou Toumani Touré dit ATT !
L’opinion publique nationale et internationale retient volontiers, du président Amadou Toumani Touré qu’il est le “Soldat de la démocratie” ! Oui. Père de l’Assurance maladie obligatoire (Amo) et du Régime d’assistance médicale (Ramed) ! Oui. C’est vrai tout ça !
Pour nous, sportifs du Mali, il est l’homme d’Etat malien qui s’est tenu le plus près possible du monde olympique et sportif de son pays qui s’est le plus investi et qui a le plus investi pour la réussite des sportifs maliens. A preuve :
– La construction des stades dans les villes de Bougouni, Koutiala et San ;
– La construction du Palais des sports Salamatou Maïga à l’ACI-2000 ;
– La rénovation et la réhabilitation des stades Ouezzin et Mamadou Konaté, des stades municipaux Kassé Kéita de Gao et de Tombouctou ;
– La construction de la salle Afro-basket du stade 26-Mars ;
– Les travaux de rénovation de la Piscine olympique de Bamako.
En plus des grands travaux d’infrastructures sportives, ATT a su créer un climat de confiance et d’incitation à la performance par une grande marque d’amitié et de fraternité face aux acteurs du monde sportif ; une attitude qui frisait la camaraderie dans certains cas.
Voilà pourquoi les basketteuses du Djoliba-Dames lui ont apporté un titre de championnes d’Afrique !
Voilà pourquoi Daba Modibo Kéita décrocha un titre mondial en taekwondo !
Voilà pourquoi Hamchétou Maïga et sa bande ont été sacrées championnes de la Coupe d’Afrique des nations et représentantes de l’Afrique aux Jeux olympiques de Pékin 2008 ! Et pour un Mali qui gagne le président ATT était l’invité de marque du Comité national olympique et Sportif du Mali à Pékin et le premier supporter des Aigles-Dames basketteuses.
C’était tout simplement un retour sur investissement, car ATT avait construit dans chaque commune du district de Bamako un terrain de basket-ball aménagé et électrifié pour la formation à la base ainsi que l’exploitation judicieuse des espaces verts sur le boulevard de l’Indépendance pour la pratique populaire du sport.
La Coupe ATT ou la Supercoupe ATT fut un succès et s’imposa comme le championnat national du football de masse de Kayes à Kidal parce que ATT lui a donné son nom et son image même si les organisateurs étaient des bénévoles reconnaissants.
Voilà pourquoi nous rendons hommage au Président Sportif pour l’engagement d’Etat au service du Sport Malien et les bons résultats obtenus pendant les 10 ans de sa présidence et de collaboration étroite avec le Comité national olympique du Mali.
Dors en paix Président Sportif.
DRAMé MARIAM DIALLO :
“Adieu l’ami des enfants !”
J’avais à peine 13 ans quand j’ai commencé à fréquenter la Fondation pour l’Enfance fondée par le “Général”, c’est ainsi que nous l’appelions affectueusement parfois “Boss” en présence des autres.
Je dirigeais un groupe d’enfants au talent précoce, brillants à l’école pour la plupart et profondément engagés à faire la différence. Parallèlement à nos cours, nous partions à la FPE pour saisir des lettres, des demandes d’audience ou des quêtes. Chaque dimanche, nous avions réunion parfois sans ordre du jour pour se retrouver autour du Général qui venait spécialement pour échanger avec nous. C’était le meilleur moment de ces dimanches où pendant de longues heures parfois il parlait de ses projets, du Mali et de l’actualité.
J’étais sa fille, celle qui avait du caractère, qui n’était pas intimidée par l’Homme du 26-Mars, qui pouvait le regarder dans les yeux et lui dire tout haut ce qui se murmurait. Ainsi en 1996, je lui posais la question : «est-ce que vous serez candidat aux prochaines élections présidentielles de 1997?»
Pendant plus de deux heures, il me parla de la crise de l’école malienne, du manque de logement pour les pauvres, de l’accès des femmes à la santé, à la fin j’étais complètement perdue et sans réponse. A ma sortie de son bureau, les autres curieux s’empressaient de me demander mais je n’avais aucune réponse. En fait oui, il m’avait déroulé son programme présidentiel, je l’ai compris plus tard avec les logements sociaux ; ça lui tenait à cœur et depuis toujours.
La Centrafrique où il était l’homme providentiel, l’homme qui apportait la paix parfois dès qu’il quittait le territoire les armes résonnaient à nouveau. Alors ses séjours devenaient très longs parfois il y restait deux mois, il passait l’Eid en dehors du Mali et nous avions besoin de lui pour participer à nos activités ; la Centrafrique était un problème pour nous. Un autre dimanche il m’a montré un tableau offert par des enfants orphelins de Bangui et il m’a dit : «la paix n’a pas de prix» d’un ton triste.
Le Parlement des enfants, au moment de sa mise en place il a dit : «n’allez pas chercher d’autres enfants ceux qui sont à la Fondation sont les meilleurs» et ce fût ainsi. Il a mis les enfants en avant. Les différentes générations de parlementaires te pleurent tant tu as été engagé pour aider les enfants du Mali.
La lutte contre la dracunculose tu l’as menée de façon acharnée sur tout le territoire avec l’appui de votre grand ami Jimmy Carter. Vous nous encouragiez à aller dans les écoles, les quartiers défavorisés pour encourager la scolarisation des enfants, lutter contre le VIH/Sida et encourager la vaccination des enfants de 0 à 5 ans. C’est ainsi que nous appuyons le Programme élargi de vaccination (Pev) pour inciter les femmes au son de nos caravanes à sortir pour vacciner les tout-petits contre la poliomyélite et autres maladies.
Nous prenions tant de plaisir à le faire de façon complètement bénévole. L’argent que nous récoltions auprès du PNLS de l’OMS… était pour les enfants. Vous nous avez appris à travailler sans rechercher le gain immédiat. Aujourd’hui, grâce à cet engagement sur le terrain et la connaissance qui en a résulté, nous sommes devenus des spécialistes dans plusieurs domaines. Certains d’entre nous avons reçu des trophées, d’autres bien plus ; et tous te le doivent.
Je dis-nous, car en tant qu’ancienne présidente du GATT, cet hommage je le rends au nom de tous les anciens du Groupe ATT de la première génération.
Un autre jour mémorable fut celui où le général a reçu une distinction pour son rôle en faveur des enfants devant toute la salle du CICB ; il s’est dirigé vers moi tout président qu’il fut et avec l’humilité qui le caractérisait, me l’a remis en me disant «Mariam ça te reviens, c’est ton œuvre». Je n’oublierai jamais ce jour.
Par la suite, il ne manquait pas une occasion pour parler de notre groupe en public. Il pouvait lancer «les Mariam Diallo» là maintenant sont mariées. A la TV ou à la radio, j’entendais parfois mon nom dans ses interventions quand ce n’était pas les «Maïga ou les Coulibaly». C’EST NORMAL IL FAUT LE DIRE ! De l’humour il en avait à revendre ; toujours avec la foi ardente de rendre heureux et créer le bonheur là où il passe.
Merci pour l’exemple que vous nous avez donné.
Merci pour toutes vos œuvres pour le développement du Mali.
Merci d’avoir été un père pour moi et pour beaucoup d’enfants.
Toutes mes condoléances à ma tata chérie Lobbo, à la douce Fanta, à ta confidente Mabo, à Choupette Lagaré et mon cher Youssouf. A tes fidèles Doucouré disparu, ton directeur de cabinet et ancien professeur. A mon fils Abdina Guindo, Bourama Guindo, A Beou qui ne sera plus devant ta porte. A tout le peuple malien, pardonnez au Général aucune œuvre humaine n’est parfaite. Reposes en paix Boss. A jamais dans nos cœurs