La nouvelle de ta mort est tombée comme un couperet. Tout le monde s’attend à la mort, mais nul n’est prêt à l’accueillir et elle arrive toujours par surprise. Birama Fall, on te savait malade depuis quelques années, mais personne y compris tes proches parents n’avaient imaginé un seul instant, ta mort brusque ce mercredi 29 décembre 2021.
Cette maladie que tu trainais n’avait pas entamé ton énergie débordante ni ta philosophie de vie que tu prenais du bon côté. Tu suivais au fil des semaines le bouclage et la parution régulière de ton hebdomadaire, Le Prétoire en plus de ta fonction de membre du Conseil économique, social et culturel (CESC). Le Prétoire, un journal d’informations générales que tu as créé après ton départ du journal Le Républicain où tu as fourbi tes armes et dont tu as été le directeur de la publication.
Ce mercredi reste à jamais un triste souvenir pour les tiens, les amis, les frères et confrères que tu as laissés inconsolables. Quelques heures avant la nouvelle fatidique, vers 17 heures, le reflexe m’est venu de t’appeler sur ton portable. Mon épouse que tu chérissais pour certains mets culinaires que tu aimais tant déguster en fin gourmet, voulait s’enquérir de tes nouvelles. Mais au bout du fil, Titi ton adorable conjointe, décroche. « Ton gars dort, il est un peu souffrant suite à une crise qu’il a piquée au bureau. Nous l’avions évacué au Luxembourg, mais ils nous ont libéré et il se repose ». Après quelques amabilités, je la charge de lui présenter mes vœux de prompt rétablissement.
En début de soirée, peu avant 19h, mon téléphone sonne dans le salon alors que je recevais la visite d’un ami d’enfance avec qui je causais dans la cour. Un de mes enfants me l’apporte et avant de décrocher, je vois que c’est un appel de Titi. D’une voix tremblante et désemparée, elle lâche la funeste nouvelle, « la maladie de ton ami vient d’avoir raison de lui à l’instant».
Birama Fall était un journaliste affable, chevronné, respecté dans la profession avec un carnet d’adresse bien fourni. Une carrière qu’il a préférée à celle d’avocat ou de magistrat à laquelle il était destiné après avoir reçu son diplôme de droit privé à l’université Cheick Anta Diop de Dakar et suivi des stages dans un cabinet d’avocat de la place. C’est à juste raison que Le Prétoire qui a comme logo la balance de la justice s’est spécialisé dans les affaires judiciaires et d’investigations. Il était même un consultant dans le domaine auquel lui faisaient recours des juristes.
Fall et moi avons cheminé ensemble pendant de longues années en tant que journalistes reporters. Il n’y a pas de région au Mali où nous n’avons pas mis les pieds en plus de plusieurs capitales de la sous-région. En France où nous avons été plusieurs fois en mission avec d’autres confrères de la place, Fall était le logeur du groupe de 6 ou 7 journalistes avec qui il logeait chez un de ses frères dans la banlieue parisienne sans aucune contre partie.
Sa gentillesse et disponibilité légendaires étaient reconnues de tous, que ce soit dans la profession ou dans la vie active. L’ami, le frère et le confrère a été accompagné en sa dernière demeure le jeudi 30 décembre, par une foule de parents, d’amis de frères, de nombreux confrères et de collègues. Plusieurs personnalités publiques et privées étaient là dont le président de la Cour constitutionnelle, Amadou Ousmane Touré, qu’il a connu depuis une quinzaine d’années, lorsqu’il était le procureur de la République près le tribunal de la Commune III. Le président du CESC, Yacouba Katilé et ses collaborateurs étaient également là pour accompagner leur collègue, j’en oublie volontiers. Les témoignages poignants qui honorent ses bienfaits sont venus de toutes parts.
Ô mort, où est ta victoire ? Un deuil qui frappe la presse malienne moins de deux semaines après le décès de Makan Koné, une autre icone de la presse, directeur de publication de Nouvelle Libération et ancien président de la Maison de la Presse et la même année que Hawa Séméga, directrice de Kunafoni-TV.
Dors dans la paix éternelle, mon cher ami, frère et confrère. Que Dieu veille sur tes épouses Titi, Aoua, tes enfants Hamey, Tonton, Junior, Tantie (homonyme de ta chère mère), Anna Fall et Titi juniore (homonyme de ton épouse).
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune