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Téléphones portables : Les accessoires deviennent des denrées rares

La crise sanitaire a provoqué une rupture de stocks chez les commerçants

Dans une récente publication, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) attirait l’attention sur la nécessité de veiller à la libre circulation des marchandises. Car, estimait-elle, les mesures préventives prises pour lutter contre la Covid-19 telles que appliquées par les États, pourraient enfreindre les règles régissant le commerce international; causant ainsi des préjudices graves aux populations des pays dépendant essentiellement de l’importation des marchandises.

 

Le Mali qui repose principalement sur l’importation, semble déjà souffrir de l’impact négatif de certaines dispositions prises par des pays exportateurs par excellence, comme la Chine et la ville de Dubaï. D’où nos commerçants importent les pièces détachées : vitre écran, écran tactile, batterie, etc. pour la réparation des Smartphones et tablettes. Les fournisseurs chinois ou dubaïotes ne peuvent plus expédier ces marchandises à cause de la crise du Covid-19.

Qu’est-ce qui explique cette situation ? Comment les revendeurs d’accessoires électroniques arrivent à faire face à la situation ? Quelles en sont les conséquences sur notre économie ?

Nous sommes allés à la rencontre des professionnels du secteur. Devenues le principal centre commercial sur la rive droite du fleuve Niger, les Halles de Bamako trônent à Sogoniko, en Commune VI du District de Bamako. L’ambiance y est calme. Vendeurs et vendeuses vaquent à leurs occupations tranquillement. La boutique Black Electronic attire notre attention. Vieux Coulibaly en est le propriétaire. Il vend des téléphones, des écrans complets et accessoires. Devant, l’ambiance est morose.

Les clients ne se bousculent plus au portillon. Le vendeur explique cette situation par des difficultés liées à l’importation des marchandises. « Nous avons beaucoup de difficultés. Les portes de Dubaï et de Chine sont fermées. L’importation des marchandises à partir de ces deux pays est devenue un problème. Nous avons fait des commandes avant la crise de la Covid-19, mais tout est bloqué », déplore Vieux Coulibaly. Le négociant dit se rabattre maintenant sur les importateurs burkinabè pour pouvoir gagner un peu sa vie.

Les commandes tardent à arriver- Ces difficultés ont plombé les affaires. « Aujourd’hui, nous ne vendons presque rien, parce que nous n’avons pas de pièces. Vous voyez, il n’y a presque personne. Avant la crise de la Covid-19, nous n’avions même pas le temps pour faire ce genre d’échanges que je suis en train de faire avec vous. Cette boutique était remplie de clients en permanence. Vous voyez l’étagère-là, c’était rempli de matériels », rappelle le commerçant.

Vendeur d’accessoires pour appareils électroniques au niveau du marché, Moussa Diarra abonde dans le même sens. Avant la crise, les commandes en provenance de Chine arrivaient à Bamako en une semaine, voire 15 jours au maximum, souligne l’importateur. Maintenant, regrette-il, elles durent au moins 20 jours avant de leur parvenir. Certaines commandes sont même bloquées à la frontière. « À cause de la Covid-19, les Chinois ont fermé leurs usines. Ils nous vendent les stocks dont les prix ont un peu augmenté », explique Moussa Diarra.

Selon lui, ce sont les produits de marque Techno, très sollicités sur le marché, qui manquent réellement. Comme au marché des Halles de Bamako, ces appareils deviennent de plus en plus rares au Grand marché de Bamako, sur la rive gauche du Djoliba. Là-bas, le Voxda est l’un des grands centres de vente de téléphones. Cet endroit qui grouille habituellement de monde, ne voit passer quelques rares clients. À cause du manque de marchandises dû aux difficultés de fourniture du marché, soutient Issa Nantoumé. Lui qui vend des pièces de recharge et de téléphone explique cette situation par la mise en quarantaine d’une partie de la population chinoise et la fermeture des frontières par nos autorités pour empêcher la propagation du virus.

« La Chine et Dubaï ont commencé à ouvrir leurs frontières. Dubaï a ouvert les siennes la semaine passée. Mais, là où nous sommes aujourd’hui, nous n’avons aucun matériel. Nous avons vendu tous nos stocks. Nous n’avons pas de matériel, nous ne vendons plus rien. Tout est à l’arrêt. Nous avons essayé de commander quelques matériels à Lomé, mais ceux-ci tardent à venir. En attendant, nous avons déjà commencé à ponctionner dans nos économies pour pouvoir gérer le quotidien », confie le quadragénaire.

1.000 À 2.000 FCFA- Si Issa Nantoumé ne dispose plus de stocks, ceux qui en possèdent ont profité de ce déséquilibre en faveur de la demande pour spéculer sur les prix. « Ceux qui ont des stocks ont augmenté les prix », déplore notre interlocuteur. Pour le commerçant Issa, cette hausse s’explique aussi par d’autres facteurs. Les négociants s’approvisionnent maintenant à Lomé et y achètent en détail. Les marchandises mettent souvent cinq jours avant d’arriver à Bamako.

Toute chose qui, selon lui, les amène à augmenter le prix des accessoires en ajoutant 1.000 à 2.000 Fcfa sur leur valeur. À titre d’exemple, un écran pour Techno KP7 était vendu à 8.000 Fcfa, contre 13.000 Fcfa présentement. Les pièces qui se vendaient à 5.000 Fcfa sont cédées à 10.000 Fcfa. Celles qui coûtaient 10.000 valent 20.000 Fcfa, déplore Issa Nantoumé. Il révèle avoir à disposition plus de 1.000 téléphones qui ont un problème d’écran.

Un manque à gagner énorme pour lui et pour les réparateurs de téléphones portables. Comme c’est le cas d’Aly Traoré, un réparateur de téléphone installé devant la boutique d’Issa Nantoumé. Près du jeune bricoleur, des téléphones posés sur la table. « Regardez tous ces appareils, ils sont là pour réparation. La plupart ont des pannes d’écran, malheureusement, il y n’a pas de pièce sur le marché », confirme Aly Traoré.

SOLUTION ALTERNATIVE- En attendant, les services après-vente de certaines marques promettent de faire des heureux. Situé au Grand marché, à l’immeuble INPS, Carlcare est un service après-vente des téléphones Itel, Techno et Infinix. Il porte aussi assistance et répare ces téléphones. Rappelons que Techno, Itel et Infinix appartiennent à une société mère : Transsion Holdings, une société chinoise.

« Depuis la fermeture des frontières, nous rencontrons des difficultés d’approvisionnement, car la plupart de nos matériels vient de l’extérieur. Les stocks sont limités », souligne M’Baré Diarra. Le superviseur rassure que chez eux les prix sont restés les mêmes.

En cas d’absence de pièce de rechange, le service Carlcare propose aux clients d’échanger leurs téléphones contre un nouvel appareil.

Amadou GUÉGUÉRÉ

Source : L’ESSOR

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