Certains officiers présents sur place, qui ont réclamé l’anonymat, évoquent un bilan encore plus lourd.Ils affirment que les jihadistes ont dérobé du matériel et ont aussi possiblement pris des militaires en otage lors de cette attaque qui a eu lieu lundi avant la levée du jour.
Depuis plusieurs mois, le groupe jihadiste Boko Haram, dont l’insurrection est née au Nigeria en 2009, multiplie les actions dans la région du lac Tchad.
A la frontière du Tchad, du Nigeria, du Niger et du Cameroun, cette étendue d’eau marécageuse est parsemée d’îles dont certaines sont devenues le repère des membres du groupe jihadiste, qui profitent entre autres d’un terrain qui les avantage.
-Départ “de leur propre gré”-
Les affrontements de Boma ont duré plus de 7 heures.Les renforts envoyés par l’armée tchadienne vers la presqu’île se sont embourbés et ont eux-même été pris pour cible, ont affirmé plusieurs sources militaires à l’AFP.
“Le camp se trouve sur une île où tous les axes sont étroitement contrôlés par les éléments de Boko Haram, ils ont quitté les lieux de leur propre gré, sans qu’ils ne soient contraints ou mis en déroute par l’armée tchadienne”, dénonce un autre responsable de la sécurité de la région.
“L’ennemi a porté un coup dur à notre système de défense dans cette zone”, a reconnu un officier supérieur qui a réclamé l’anonymat.
Selon un autre militaire, 24 véhicules de l’armée ont été détruits dont des blindés, tandis que du matériel militaire a été récupéré et emporté sur cinq hors-bords par des éléments de Boko Haram.
L’armée tchadienne a été prise par surprise par l’attaque qui s’est produite vers 5 heures du matin, alors que les assauts de Boko Haram se produisaient jusqu’à présent vers minuit, détaille cette même source.
– Réplique foudroyante –
Le président Déby a pour sa part décidé de rester dans la province du Lac, affirmant qu’il préparait une “réplique foudroyante”.
L’insurrection de Boko Haram a fait 35.000 morts et près de 2 millions de déplacés dans le Nord-Est du Nigeria depuis son début en 2009, selon l’ONU.
Depuis 2015, les pays de la région luttent contre ces jihadistes au sein de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale engagée autour du lac Tchad avec l’aide de comités de vigilance composés d’habitants.
Mais les forces armées peinent à faire face à l’action des jihadistes.
Au Cameroun, les violences se sont multipliées en 2019 et début 2020.
Dans l’Extrême-Nord camerounais, 275 personnes ont été tuées par les attaques jihadistes en 2019, des civils pour la plupart, selon un rapport publié par l’ONG Amnesty International en décembre.
Et au Niger, 174 soldats ont été tués dans trois attaques en janvier et décembre.
Source: AFP