S’il y a un problème qu’il convient de nommer de casse-tête, c’est bien celui de la révision constitutionnelle au Tchad qui doit voir la réalisation d’une cinquième République dans ce pays. Le processus entamé pour arriver à cette nouvelle constitution est longuement décrié par les Tchadiens et les partis d’opposition, mais Deby ne veut rien comprendre. Ainsi, nous nous demandons si c’est Idriss Deby qui est au service du peuple ou si c’est le peuple qui est à son service .
Comme on le dit le plus souvent, dans la vie courante lorsque des individus ont des situations qui s’apparentent énormément, ils sont appelés des homonymes. Le même contexte sied bien aux pays africains qui sont pratiquement des homonymes. Révision constitutionnelles, révision de lois électorales, voici les deux grands problèmes que nous entendons couramment dans ces dernières semaines en Afrique. Tous les pays confrontés à ces problèmes sont ceux ayant à faire face à des élections dans les jours ou les deux années à venir.
Le Tchad ne fait pas exception à cette crise politique liée à la révision constitutionnelle. Lors du forum inclusif des 24 et 25 mars 2018, un projet de révision constitutionnelle a été adopté devant permettre au Tchad de passer à une cinquième République. Dès l’adoption dudit projet, des voix se sont portées pour le dénoncer. Les Tchadiens et surtout le parti d’opposition voient dans ce projet une manière pour Deby de se perpétuer au pouvoir comme il l’a toujours fait. Ces protestations ne tarissent pas en critiques.
La semaine dernière, plus précisément le samedi 21 avril 2018, la conférence épiscopale s’était hissée pour inviter le président Deby à procéder par référendum comme il est de principe en démocratie. Le référendum plutôt que la voie parlementaire. C’est dans ce cadre que la conférence a tenu à préciser : « En plus de la divergence dans la classe politique, nous notons qu’une grande partie de la population tchadienne ignore complètement ce qui se passe.
Un changement fondamental de cette nature devrait se faire dans le respect de la Constitution qui dit, dans son article 224, la révision de la Constitution est approuvée par référendum. »
Les hommes d’Église font part de toute leur indignation face à cette révision constitutionnelle. Une révision qui se passe selon eux dans une violation flagrante des principes de la démocratie et à travers une lecture erronée de la constitution de la République. « Nous exprimons notre stupéfaction et notre indignation face à cette déclaration infondée, qui non seulement fait une lecture complètement erronée de la Constitution en vigueur, mais jette les germes d’une grave division des Tchadiens », s’indigne Mariam Mahamat Nour, la secrétaire générale du gouvernement, chargée des relations avec le Parlement. La conférence épiscopale indexe ses points d’inquiétude dans ladite révision : « Nous exprimons notre inquiétude sur la manière dont le processus d’institution de la IVe République au Tchad se déroule. Ce processus, comme beaucoup le craignent, risque de fausser gravement les règles du jeu démocratique, car il porte en germe une grave division des cœurs entre les citoyens. »
Cette révision issue d’un forum regroupant des hommes politiques, religieux, de la société civile, etc. ; est aujourd’hui fortement décriée par l’opposition aussi bien que par les hommes d’Église. Mais Idriss Deby Itno fait l’indifférent comme si rien ne se passait et on a l’impression qu’il veut forcer la main du peuple à adhérer à ses idéaux. Si tel est le cas, le Tchad ne serait plus dans une démocratie, mais plutôt dans un régime tyrannique qui ne dit pas son nom.
Nous savons que dans la démocratie, la voix du peuple fait la loi. Le peuple étant souverain édicte ses lois au dirigeant qui se charge de la bonne exécution. À ce titre, le dirigeant devient le serviteur pendant que le peuple est l’ordonnateur. Mais on a l’impression que Deby veut renverser la tendance en inversant les rôles et faire du peuple un simple esclave ou un chien de garde.
Cette façon d’agir des dirigeants africains peut s’avérer dangereuse pour le futur des démocraties du continent. Des démocraties qui souffrent de plusieurs maux dont le principal est la mauvaise gouvernance, la volonté des dirigeants de rester éternellement au pouvoir, violer les droits des citoyens, les principes de la démocratie.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays