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Tartit, le désert au féminin pluriel

Au terme d’un nouvel exil lié à la situation géopolitique du nord du Mali, les femmes de Tartit ont réussi à enregistrer leur quatrième album baptisé Amankor / The Exile. En activité depuis plus de deux décennies, ce groupe singulier qui a valeur d’exemple auprès de ses compatriotes entend apporter sa pierre à la restauration durable de la paix dans son pays.

Aussi loin que le regard porte à l’horizon sur la scène musicale touareg, il faut bien le reconnaître : les acteurs en la matière sont quasi exclusivement masculins, bien qu’il ne s’agisse pas là d’une pratique réservée aux hommes de façon ancestrale – contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de penser tant le regard aujourd’hui est faussé par le radicalisme islamiste.

Tartit, emmené par la chanteuse Disco et aux effectifs mixtes, fait donc figure d’exception. Mais considérer le groupe à travers ce seul prisme serait réducteur, car son rôle a tout d’abord été celui de pionniers, tous genres confondus ! Lorsque la formation se produit pour la première fois en Belgique en décembre 1995 et enregistre son premier album Amazagh l’année suivante, la musique des Kel Tamasheq (le nom local des Touaregs) s’apparente à un univers inconnu hors du désert. En effet, les grands débuts internationaux de Tinariwen, qui a changé le regard sur cette région du monde, ne remontent qu’au début des années 2000.

Amankor, paru depuis peu et qui fait suite au troisième album Abacabok paru en 2006, rappelle que l’histoire a parfois la mauvaise idée de se répéter. L’existence de Tartit est marquée en profondeur par l’exil : pas seulement celui qui avait conduit à la naissance du collectif de réfugiés durant les années 1990, loin de leur village de Gargando, mais aussi celui consécutif aux troubles de 2012 causés par l’arrivée de groupes islamistes.

Une fois encore, Disco et ses acolytes se sont retrouvées loin de chez elle, dans des camps en Mauritanie et au Burkina Faso. Avec pour conséquence une mise en parenthèse évidente de leur carrière. Une fois encore, la notion d’union qu’elles brandissent comme un étendard (c’est à cela que leur nom fait référence) a gardé toute sa pertinence dans ce vaste pays qu’est le Mali où le vivre ensemble est menacé, où la paix est mise à mal.

Pour ces douze nouvelles chansons, la troupe est parvenue à se reconstituer presque entièrement puis s’est retrouvée à Bamako, la capitale malienne. Les femmes au chant et au tambour tindé ainsi qu’à la vielle imzad; les hommes au luth teherdent, à la guitare, à la basse et aux chœurs : cette répartition des rôles fait de Tartit “le noyau central de la musique touareg”, assure Disco.

Si l’enregistrement live qui a été privilégié s’inscrit dans une vision traditionnelle qui n’autorise guère d’innovations en termes de production, il restitue au plus près l’âme de ce groupe devenu une référence.

rfi

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