L’être humain est une créature sociale par définition. Les tenants de maints courants de pensées l’ont professé tout au long de leurs enseignements. L’individu est amené suivant cette caractéristique, à établir des contacts plus ou moins réguliers, de nature très variée, avec un certain nombre de ses semblables.
Son attitude, lors de ces contacts, sera en conformité ou viendra en contradiction avec des principes admis par son entourage, la société dans laquelle il évolue. Le comportement que l’individu s’impose ainsi le distingue des créatures dépourvues de raison et reflète la synthèse de ces règles et codes. Certains parmi eux sont tacitement reconnus, tandis que d’autres sont expressément formulés. Suivant les époques, l’homme les modèle et les modifie pour la sauvegarde d’intérêts déterminés.
L’islam étant religion et mode de vie, dispose de principes définis qui le régissent, orientent l’existence de ses adeptes. Ces principes trouvent leur fondement dans le Livre révélé et les pratiques du Sceau des prophètes (PSL). Selon les théologiens, le Coran prend en considération toutes les réalités de la vie et tous les besoins de l’homme, l’aidant à atteindre les nobles objectifs de son être. Il en est dit ainsi : « Et certes, Nous avons déployé pour les gens, dans ce Coran, toutes sortes d’exemples. » (17:89) Il comprend ainsi les principes de toutes les affaires humaines, allant des questions les plus personnelles jusqu’aux relations internationales les plus complexes. A l’échelle des rapports sociaux, les oulémas commentent l’application des principes de la Sunna. Pour eux, elle empêche l’homme ordinaire d’être un fauve et de perdre son âme. Elle est aussi une limitation à l’homme d’élite, qu’elle empêche de dépasser les normes. Les exégètes se réfèrent en cela aux divers comportements de l’homme en cas d’offense, évoquant le droit de rétorsion. Mais ils mettent aussi en valeur la vertu du pardon liée à l’outrage, notion trèssouvent occultée, même si dans la recherche de l’équité, les textes établissent le parallèle entre les degrés d’offense.
Pour les exégètes cette notion a mis un terme à la vengeance systématique du sang qui prévalait au temps de l’ignorance et du paganisme, l’homme outragé ayant tendance à répliquer d’instinct, et le plus souvent par un mal pire que celui qu’il a subi. « Mais, celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages, de bonne grâce. Ceci est un allègement de la part de votre Seigneur et une miséricorde ». (2:178). L’application du talion qui avait pour effet d’ôter à l’homme le droit de se venger, de se rendre justice était atténuée par cette révélation mettant l’accent sur l’intervention du pardon de l’offensé.
Un exemple en a été rapporté récemment. Les deux fils d’une victime ont ainsi sauvé le meurtrier de leur père quelques minutes avant l’exécution de la sentence. L’homme ayant soutenu que nulle intention n’avait conduit au drame, les deux frères lui ont accordé leur pardon « pour Dieu », et ont renoncé à obtenir le prix du sang. Il est dit à ce sujet que « La sanction d’une mauvaise action est une peine identique. Mais celui qui pardonne et établit la concorde, Dieu saura l’en récompenser » (42:40).
A. K. CISSE
Source: Essor