A la dernière ligne droite de la fête de Tabaski, le mouton n’est toujours pas donné. Pour commémorer le sacrifice d’Abraham, au matin de la fête prévue mardi, les chefs de famille sont prêts à tout pour avoir un bélier à immoler après la prière collective.
A travers la capitale, les moutons sont répandus un peu partout. Les béliers rivalisent de taille et d’embonpoint. Dimanche, alors que les embouteillages sont constatés à tous les grands carrefours, de petits marchés à bétails sont également improvisés.
Adama Traoré, 42 ans, a déjà visité une dizaine de petits marchés à ruminants. La déception est lisible dans ses yeux cachés sous de grosses lunettes de soleil bon marché. Son budget de 60.000 n’est pas suffisant pour avoir le bélier de son rêve. « Eh, on me parle à chaque fois de 150.000 ou de 200.000 fcfa. Or, mon budget est de 60.000 fcfa. C’est vraiment compliqué ! » confie-t-il, préoccupé.
Mais le chef de famille ne baisse pas la garde. Il est décidé à tirer son épingle du jeu pour sauver l’honneur. Le mouton de la Tabaski, pour lui, c’est une question d’honneur pour son statut de chef de famille et de dignité pour son épouse et ses enfants. « Je ne peux imaginer cette fête sans le mouton. Mets-toi à la place des enfants ! » a-t-il lancé, alors qu’il se laisse dominer progressivement par l’angoisse.
Les béliers à robe blanche, cornes bien dressées et aux embonpoints bien prononcés sont les vedettes des parcs. Certains sont négociés au prix d’or de 500.000 fcfa. Pour avoir un bélier moyen, plus au moins acceptable. Sa famille d’une dizaine de membres sans compter la « bonne » ne souffrira pas, a-t-il promis la main sur le cœur, de manque de viande de mouton le jour de la fête.
A. CISSE
Source: L’Essor