Les combats se poursuivent dans le nord de la Syrie, opposant factions rebelles et combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant. Ce groupe jihadiste est de plus en plus contesté au sein de la rébellion, pour les crimes et les exactions qui lui sont reprochés. Même le Front al-Nosra, groupe syrien dont il était le plus proche idéologiquement, s’en éloigne.

Pour la première fois depuis son apparition au sein de la rébellion syrienne, le Front al-Nosra prend officiellement ses distances avec l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

A l’origine, les deux groupes étaient liés par leur proximité avec al-Qaïda, et par celle de leurs chefs militaires. C’est ce qu’explique Romain Caillet, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient :

« Le chef de Jabhat al-Nosra est un ancien lieutenant d’Abou Bakr al-Baghdadi, émir et chef de l’Etat islamique d’Irak. C’est l’Etat islamique d’Irak qui a financé Jabhat al-Nosra, qui leur a donné des armes, et qui leur a fourni des centaines de combattants. »

En avril 2013, l’Etat islamique tente de fusionner avec le Front al-Nosra. Mais il se heurte à un refus catégorique. Puis vient le temps de l’offensive lancée par les autres groupes rebelles contre l’Etat islamique.

A ce moment, les combattants d’al-Nosra appellent au cessez-le-feu, mais refusent de venir en aide à leur ancien allié : « Ils ont couvert la fuite de certains combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant », relate néanmoins Romain Caillet.

Et d’ajouter : « L’objectif de Jabhat al-Nosra, c’est de marginaliser l’Etat islamique en Irak et au Levant, et de lancer une OPA sur ses combattants étrangers. »

Sans même s’engager directement dans la bataille, le Front al-Nosra pourrait donc obtenir l’effondrement de son principal rival au sein de la mouvance jihadiste en Syrie.

Il apparaîtrait alors comme le grand bénéficiaire de l’offensive lancée depuis une semaine par la rébellion syrienne contre son ancien allié.

rfi