En cas de non satisfaction intégrale de ces doléances, au plus tard demain mardi 18 août 2020, ils se réservent le droit de « [s’] abstenir de communiquer toute information / situation à la hiérarchie avant l’effectivité du mot d’ordre de grève, déposer un préavis de grève de 360 heures renouvelable pour la mémoire de leurs morts dans le cadre du service de l’État ».
Ces Administrateurs et les représentants de l’État exigent la satisfaction diligente de certains points d’accord susvisés, et l’adoption des projets de texte. Par ailleurs, les deux organisations syndicales rappellent qu’après 18 ans d’existence, elles n’ont déposé qu’un seul préavis de grève en 2007.
« Les autorités d’alors ont reconnu la pertinente et la justesse de la demande, surtout la grande civilité et le patriotisme dont ont toujours fait montre nos responsables syndicaux et nos militants », soulignent-t-ils.
Nonobstant, disent-ils, le mépris flagrant à leur égard, frisant l’irrespect depuis l’avènement de la 3e République, les Administrateurs civils et les Représentants de l’État n’ont de cesse mis l’intérêt général devant celui corporatiste. Un comportement qui sied avec leur formation de base, et leur caractéristique fondamentale de corps interministériels, constitués de commis de l’État soucieux de l’intérêt général, et du respect de la déontologie rigoureuse de leur profession.
« Les Administrateurs civils et membres du Corps préfectoral ont consenti et continuent de consentir d’énormes sacrifices que nul autre ne saurait faire », soutiennent les responsables syndicaux.
Par ailleurs, rappellent-ils, les deux premières victimes de la deuxième rébellion, enclenchée en 1990, étaient des Administrateurs, à savoir : le chef d’arrondissement de Tindermène, Moussa Diallo et son épouse enceinte de 8 mois.
Pis, depuis 2012, les Administrateurs et représentants de l’Etat vivent dans la plus grande insécurité « Les Administrateurs civils et Représentants de l’État ont perdu 20 des leurs et 43 membres de leurs familles, soit 33 victimes au total. En outre, de mars 2018 à mai 2020, 6 Sous-préfets et 2 Préfets ont été pris en otage par des terroristes sans que l’État ne lève le doigt ou fasse acte de solidarité à leurs ayants-droits, exception faite de l’appui dérisoire (en comparaison à celui fait pour codétenu) à la famille du Préfet de Tenenkou pendant 5 sur 9 mois de captivité. Aujourd’hui encore le Sous-préfet de Farako, enlevé depuis le 8 décembre 2019 et le Préfet de Gourma-Rharous, Kidnappé le 02 mai 2020, sont jetés dans les oubliettes des faits divers. Leurs familles, sans aucun soutien, sont dans le désespoir total, scrutant en vain le moindre signe d’espoir », déplorent-ils.
Pour les deux syndicats, l’absence de primes et d’indemnités spécifiques pour les Administrateurs civils parmi tous les autres corps de la Fonction publique, dénote du mépris flagrant dont ils ont été toujours les seules et uniques victimes.
Et de préciser dans leur lettre que c’est par esprit patriotique qu’ils n’ont pas voulu prendre en otage la présidentielle de 2018 et les élections législatives de mars et avril 2020. « Malheureusement, nous sommes au regret de constater que tous ces sacrifices ne suffisent pas pour faire comprendre aux autorités nationales le rôle et la place des Administrateurs et Représentants de l’État dans la construction, le renforcement et l’exercice de l’autorité de l’État à toutes les élections », regrettent-ils.
« En dépit de tous ces sacrifices, gouvernement nous a été opposé, par la lettre n’00795/MEF-SG du 25 février 2020, un problème de soutenabilité budgétaire pour l’octroi d’indemnités, primes, avantages et privilèges accordés aux Membres du Corps préfectoral. Mais, au même moment et dans le même contexte, nous assistons incrédules à la satisfaction de doléances postérieures aux nôtres, à coups de plusieurs dizaines de milliards ».
Seydou Karamoko KONE
Source: Bamakonews