Le ministère de l’Industrie et du commerce a signé, en début juillet, un Protocole d’accord relatif à la commercialisation de la viande bovine à Bamako et Kati avec les syndicats des bouchers pour ramener le prix de la viande avec os à 2 300 FCFA/Kg. Ce protocole est en panne depuis quelques jours et les deux parties se renvoient la responsabilité.
Des compatriotes indignés et très en colère contre la cherté de la vie ont créé spontanément un front composé des acteurs de la société pour exiger la réduction du prix de certains produits de 1ere nécessité comme l’huile, la viande, à travers une série de manifestations. Face à la fronde sociale, le ministère de l’Industrie et du commerce a entrepris plusieurs mesures, dont certaines ont conduit à la signature d’un protocole d’accord avec les syndicats de bouchers, le 6 juillet dernier.
Selon des clauses du contrat, le Gouvernement s’engage à accorder une subvention directe aux bouchers pendant deux mois. En contrepartie, ceux-ci vendent la viande avec os à 2 300 FCFA/kg et celle sans os à 2 800 FCFA/kg à Bamako et Kati. Sans plus de précision, le Directeur général du commerce et de la concurrence chiffre ce protocole à des centaines de millions de nos francs.
Si les premiers jours de la mise en œuvre ont été difficile dans certains marchés de Bamako, depuis quelques jours, c’est un des syndicats signataires du protocole qui s’en libère, avec comme conséquence l’arrêt des abattages.
La nature de ces difficultés varie selon que l’on soit boucher ou responsable de la direction générale du commerce et de la concurrence ou du ministère de la tutelle. En effet, les deux parties s’accusent mutuellement d’être à l’origine du problème.
Joint par nos soins, des bouchers affirment avoir arrêté d’abattre depuis le mardi dernier ; ce, pendant trois jours à cause du non-respect par les services de l’État de leur promesse.
« La plupart des bouchers n’a pas de fonds de commerce. On prend les bœufs à crédit auprès des Peuls et des éleveurs. Après la vente, on leur donne leur dû », explique d’emblée Neguè FOFANA, boucher au marché de Dabanani. Il fait partie de ceux qui ont décidé d’observer la grève jusqu’au paiement de leur subvention comme promis par le Gouvernement.
« Sur chaque tête de vache, l’État nous payait 45 000 FCFA après vérification de la fiche d’abattage. Et certains bouchers peuvent abattre 4 jusqu’à 10 vaches, en moyenne, par jour. Suivant le protocole, ceux-ci doivent au moins 100 000 FCFA par jour à l’État », a révélé M. FOFANA qui déplore toutefois le non-respect du paiement quotidien de la subvention. C’est est la principale raison de l’arrêt de travail d’un des deux syndicats signataires du protocole d’accord.
« A cause de cette situation, nous ne pouvons plus honorer nos engagements auprès des Peuls et des éleveurs qui nous donnent des boeufs à crédit. Il se trouve qu’aujourd’hui nous avons des ardoises de 5 jours d’impayés de subvention de l’État qui peuvent varier entre un million à 4 millions de FCFA. Sur cette base, il est impossible de travailler, puisque les propriétaires de bétail ne vont s’engager dans un engrenage de crédits impayés», a détaillé M. FOFANA.
Selon lui, ce n’est pas par plaisir qu’ils ont décidé d’aller en grève, mais par nécessité parce que c’est leur survie qui en dépend.
« Je suis un chef de famille, j’ai des bouches à nourrir. Aller en grève est une perte énorme pour moi, à l’image des autres », a-t-il soutenu, en ajoutant que ce que le Gouvernement dit est une fuite en avant. Car, déclare-t-il, le problème est purement et simplement lié au non-paiement de la subvention par l’État.
« Même si le Gouvernement décide de nous payer ce soir (NDLR : ce hier jeudi), nous allons commencer le travail ce vendredi », a indiqué M. FOFANA.
De son côté, le président du Syndicat national des bouchers, Hamsoulaye DIALLO, affirme qu’eux ne sont pas concernés par la grève, mais reconnaît des difficultés dans la mise en œuvre du protocole.
« Après la fête de Tabaski, le paiement de la subvention ne se faisait pas plus comme au auparavant. Face à la situation, le ministère évoquant la lourdeur administrative a promis de mettre les choses dans l’ordre partir de ce vendredi pour payer tout le monde. Avec cette promesse, je ne trouve pas nécessaire d’aller en grève», a justifié M. DIALLO.
Il estime que dans la collaboration il est important de donner le temps à l’autre partie quand elle est dans la difficulté de pouvoir remonter la pente.
Sur le sujet, le ministère du Commerce et de l’industrie contacté se refuse à tout commentaire et dit s’en tenir à son communiqué rendu public le mercredi 4 août.
Cependant, dans le communiqué en question, le ministère incombe la rupture de contrat à des bouchers qui ont décidé unilatéralement d’arrêter les opérations d’abattage.
Ainsi, face à la situation, le ministre décide de la suspension des opérations d’abattage jusqu’à nouvel ordre, à compter de ce mercredi 4 août, indique le communiqué.
Par Sikou BAH
Source : Info-Matin