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Suspension des subventions aux écoles catholiques : entre principes de laïcité et rationalisation des ressources publiques

Le lundi dernier, lors d’un conseil de cabinet restreint à la Primature, le Chef du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga, est revenu sur la décision controversée de la transition malienne de suspendre les subventions allouées aux écoles de l’enseignement catholique. Cette décision, qui fait débat, est justifiée par des principes de laïcité et d’égalité, inscrits dans la nouvelle Constitution.

La laïcité en ligne de mire

“La nouvelle Constitution exige une application stricte de la laïcité”, a déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga, soulignant l’obligation pour l’État de ne pas privilégier une école confessionnelle au détriment d’une autre. Cette position est appuyée par les résolutions des Assises nationales de la refondation, où le financement des écoles catholiques au détriment d’autres écoles confessionnelles a été vigoureusement dénoncé par certains participants.

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En effet, depuis 1960, les écoles catholiques au Mali bénéficient d’un statut d’utilité publique, ce qui leur permet de recevoir une subvention de l’État couvrant 80 % des salaires des enseignants. Cette pratique repose sur une convention signée en 1972 avec l’Église catholique et révisée en 1978. Cependant, à compter de janvier 2025, l’État malien a décidé de suspendre cette aide financière, arguant d’une nécessaire révision des priorités budgétaires.

Rationalisation des ressources en temps de crise

Outre les considérations liées à la laïcité, le gouvernement met en avant la rationalisation des ressources de l’État, un impératif devenu pressant dans un contexte de lutte acharnée contre le terrorisme. “Il est nécessaire de savoir où vont les subventions”, a souligné le Premier ministre, pointant du doigt l’absence de financement des bailleurs de fonds et la prolifération incontrôlée d’établissements scolaires de tout genre, certains créés sur la base de faux documents ou par des fonctionnaires en exercice.

Cette rationalisation, selon Dr Maïga, est essentielle pour assurer une utilisation efficiente des ressources publiques dans un contexte où les finances de l’État sont largement sollicitées par les besoins de la guerre contre le terrorisme. Cependant, la suspension de cette subvention cruciale pour le fonctionnement des écoles catholiques pose la question du devenir des milliers d’élèves et des 1613 enseignants concernés.

Un avenir incertain pour les écoles catholiques

Les évêques du Mali ont réagi fermement à cette décision, annonçant la fermeture des écoles catholiques pour l’année scolaire 2024-2025 si l’État se retire de la convention. Cette menace place le gouvernement dans une situation délicate, à quelques semaines seulement de la rentrée scolaire.

Lors du conseil de cabinet, bien que l’objectif ait été de trouver des solutions pour gérer cette crise, aucune mesure concrète n’a encore été dégagée pour absorber le choc de la fermeture éventuelle des écoles catholiques. Dr Maïga a toutefois assuré que le gouvernement prend la question très au sérieux. Des recommandations fortes seront bientôt soumises au Président de la Transition, le Colonel Assimi Göita, dans l’espoir de trouver une issue favorable à cette crise.

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Alors que le temps presse, l’incertitude plane sur l’avenir des élèves et des enseignants des écoles catholiques au Mali. La décision du gouvernement, bien que motivée par des principes constitutionnels et budgétaires, risque de provoquer un bouleversement majeur dans le paysage éducatif malien, nécessitant des réponses rapides et adaptées.

 

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Moussa Keita

Source: Bamada.net

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