La marche de l’Opposition du 2 juin avait été interdite mais cette dernière a dit haut et fort qu’elle ne l’entendait pas de cette oreille. Ses militants se sont présentés sur les lieux le jour J et ont trouvé devant eux des forces de l’ordre mobilisées et sur le qui-vive. La suite on la connaît : des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont fait 26 blessés.
Et les journalistes ont été les victimes collatérales (plus jamais ça !). L’opposition entend remettre cela ce vendredi 8 juin. Cet épisode est resté triste dans la mémoire en l’espace d’une journée où tout a été dit de toutes parts.
L’Etat a ré- primé une manifestation qui incarne les libertés individuelles et d’association tel qu’édictées dans la Constitution de février 1992 pour les uns, le Gouvernement est dans son rôle d’interdire une telle manifestation en invoquant l’état d’urgence en vigueur pour les autres. ONU, USA et bien d’autres ont dit à travers des communiqués ne pas comprendre la violence des forces de l’ordre contre cette manifestation.
Qu’à cela ne tienne, ce qui reste à dire est simple : les citoyens maliens ne veulent d’aucune surenchère politique en cette période sensible qui doit les amener à proposer un test populaire pour sa première institution et aussi pendant laquelle il faut préserver l’équilibre socio-sécuritaire pré- caire sur toute l’étendue du territoire. Bamako ne doit nullement en rajouter !
Du coup, partie gouvernementale et Opposition doivent privilégier le dialogue. Si l’opposition se propose de marcher à nouveau pour défendre la liberté de manifester durement acquise, le Chef du gouvernement a tenté une désescalade à la faveur de la réception de cartes d’électeurs.
Il affirme être à l’écoute de tout le monde mais surtout « dans une attitude de vigilance et de détermination pour faire en sorte que nul ne puisse nous dévier de notre trajectoire qui est en conformité avec la volonté des Maliens d’avoir des élections transparentes et cré- dibles».
Espérons qu’il soit entendu et que cette main tendue ait preneur. Sur ses derniers mots, élections crédibles et transparentes, c’est l’Opposition affirme ne demander que cela et le met en avant pour marcher. Du coup nous sommes tentés de dire que toutes les parties semblent parler le même langage autant que tout le monde reste au service de l’intérêt supérieur de la nation.
Beaucoup d’observateurs mettent en avant la jurisprudence pour donner raison à l’Opposition. Il y a eu plusieurs manifestations autorisées pendant l’état d’urgence et à chaque fois les organisations, l’Opposition et société civile, ensemble ou sé- parés, ont démontré leur sens de la responsabilité.
On ne peut aussi denier au gouvernement d’invoquer l’Etat d’urgence là où la loi et le règlement l’y autorisent. Le Mali a-t-il besoin de juridisme en ces moments de fé- brilité ambiante sur tous les plans ? Chaque partie doit mettre de l’eau dans son vin et privilégier le dialogue, la paix et la cohésion sociale. Sur les sables mouvants desescALAde POLitique !
I.MAiGA
Source: Le Temps du Sahel