Construire la paix par les racines de la guerre et de ses conséquences. C’est l’objectif que se sont fixé les communautés Peuls et Dogons du cercle de Koro. A travers leurs chefs des villages, les deux parties ont passé un accord dont la teneur a été restituée à la presse, hier dimanche, lors d’une conférence de presse animée par Me Hassane Barry pour le compte de l’association peule Nuygal Pulaku.
Pour la circonstance, la Maison de la Presse a refusé du monde avec l’affluence de la communauté peule de Bamako en grand nombre autour de Me Barry, un des coordinateurs de l’association. Entouré d’autres célébrités comme Idrissa Sangaré et en présence d’un représentant attitré de Ginna Dogon, l’artisan infatigable de la stabilité s’est d’abord employé a déroulé le contenu de l’accord solennellement signé le 28 août dernier à Sevaré (Mopti) pour servir de déclic à un processus de pacification que les initiateurs savent d’ores et déjà laborieux. Ils ne sont donc pas étonnés que l’accord accompagné par l’ONG suisse ‘HD’ rencontre des adversités comme celles d’un certain Dana Ambassagou dont un chef militaire s’est ouvertement désolidarisé de l’engagement des chefs coutumiers de la communauté Dogon de Koro. Ainsi, tout en se réjouissant de la nette accalmie observée depuis la fumée de calumet du 28 aout 2018, le conférencier a déploré les agissements et actions subversives qu’il met au compte de dividendes personnels que d’aucuns tirent d’une situation conflictuelle frôlant déjà la catastrophe humanitaire. En effet, une prise en otage de l’activité économique par le conflit fait que les populations, à défaut d’avoir opté pour le déplacement massif, manquent de tout, a plaidé l’avocat et ancien ministre, en alertant sur la nécessité de leur venir en aide au-delà des efforts consentis par le gouvernement. Au lieu de quoi, certains acteurs ont opté pour une instrumentalisation du conflit et se mettent ainsi en marge de la dynamique des populations au nom desquelles ils prétendent faire la guerre. Me Barry se dit persuadés que les marginaux risquent un isolement certain car le processus engagé consiste à enraciner la paix dans l’esprit des communautés à la base embrigadées dans l’élan belliciste de personnes qui prétendent agir pour leur compte. C’est pourquoi, la démarche consiste à éviter de s’attarder sur les circonstances ayant entouré la tragédie pour se consacrer sur ses conséquences tragiques partagées par l’ensemble des communautés, a laissé entendre le conférencier, en se réjouissant au passage de l’assurance donnée par les autorités régionales de poursuivre et de châtier tout ennemi des acquis engrangés par l’entente entre Peuls et Dogons.
Avec la signature dudit accord, il ne reste plus que du banditisme, a-t-il soutenu indiquant qu’une démarche similaire de vulgarisation de son contenu est en cours dans le cercle de Koro, de la part des chefs de village signataires. Me Barry a en outrée souligné ses attentes d’une démarches assez contagieuses pour que l’initiative se reproduise dans les autres localités où une situation similaire perdure. «Après Koro, d’autres cercles vont suivre», a-t-il assuré en réponse aux questions sur l’utilité d’un accord géographiquement restreint.
Abdoulaye Tangara