Le 31 octobre 2018, la Commune rurale de Hawa Dembaya a savouré un historique événement, celui du baptême du dispensaire centenaire de son chef-lieu, Médine ; lequel a chaleureusement accueilli Son Excellence Monsieur le Président de la République et sa très distinguée délégation venus aussi pour l’heureuse circonstance. D’autant que le patrimoine local et national répond désormais au nom prestigieux du Dr Demba DIALLO, arraché à notre affection le 30 octobre 1985,non sans avoir accompli sa mission, en Afrique et au Mali.
Né en 1912 à Bafoulabé, le jeune Prince du Khasso fera un parcours sans faute à l’école, tant au Khasso qu’à Gorée au Sénégal. Selon Yéli DIALLO, l’aîné de ses héritiers, le brillant médecin «sortit de William Ponty, major », muni du « diplôme de médecin africain ». Inestimable parchemin qui l’emmena en France pour « des études de perfectionnement». Ainsi, il servira tour à tour au Sénégal, notamment à Dakar, mais aussi au Burkina Faso, précisément à Dori, Kaya et Ouahigouya, où il aura « une riche carrière ». De même qu’il exercera « dans la région de Segou, dans la zone Office du Niger ».
Et l’hôpital Secondaire de Kayes (appelé Ambulance par les autochtones) aurait pu porter son nom de l’illustre homme!Tant il passa une bonne partie de sa carrière d’homme de science et de médecine. Mieux, il marqua de son empreinte indélébile cet hôpital qu’il aimait tant. Si bien qu’aux Kayesiens la vue de l’ambulance de Kayes rappelle toujours son très brave chef d’antan, le Dr Demba DIALLO. Mais, les autorités maliennes de l’époque ont préféré donner à l’ambulance de Kayes le nom du Dr Alfoussény DAO, jeune médecin d’alors assassiné froidement à son domicile du Khasso. D’autant qu’il fallait faire perpétuer la mémoire de l’illustre disparu et consoler la famille DAO.
Et, ce n’est sûrement pas les enfants du Dr Demba DIALLO qui s’en plaindraient. Leur père était un si bel exemple d’humanisme. A cet égard, Yéli, le fils aîné du Dr se souvient : «La maison était devenue un pavillon délocalisé de l’hôpital»; d’autant que «les gens venaient à la maison disant : «mbetaa kha la doctoroDembabataa, a xandiara » qui veut dire :«je vais chez le Dr Demba pour qu’il me soigne». Aussi, les voilà, débarquant « à la maison » et y déménageant, avec droit «au couvercle et au gîte», le prototype même du «médecin de campagne » qui «passait le clair de son temps avec les malades». La belle preuve que le Dr Demba était « fidèle au serment d’Hippocrate » ; et «jusqu’au bout » ! Ce que confirme Yéli Diallo selon lequel le médecin « est mort à la tâche ». En effet, parti à la retraite en 1983, il n’en demeurait pas moins « médecin traitant de la Régie des Chemins de Fer du Mali » et celui « de la Banque de Développement du Mali SA». En fait, comme le dit si bien le Président de la République : «Demba ne vivait que pour la médecine ». Et qui mieux qu’IBK connaît le Dr Demba ? Le premier étant le gendre du second ; ou plutôt le fils de l’illustre médecin. Du moins, si l’on en juge par ces mots de TiégoumBoubèyeMaïga, cet autre grand malien dans l’âme: « il n’y a pas de belle-famille mais plutôt la famille ». Et, ce n’est pas «IBKDiallo»qui donnera tort à cet autre enfant de HawaDembaya ! Car, assurément, tel est notre « Maliba », éminemment interculturel qui a brassé les individus, les familles, les tribus,les peuples et les cultures divers ! Ainsi, même «empêchée» par «quelques ennuis de lasanté », Mme Ba peut se rassurer. L’illustre fils du brillant médecin de l’AOF et du Mali a bien «apprécié cette délicatesse d’avoir pensé » à baptiser le dispensaire au «nomdesonfeupèremédecinémérite ». En effet, dans un bel élan de générosité, le Président de la République confie : «Ce centre de santé est du plus bel effet. Il porte un nom célèbre, le nom d’un père qui nous est cher, Docteur DembaDiallo.Je le revois encore dans sa jeep russe à la gare de Kayes lors d’une escale que notre train d’étudiants y avait faite venant embrasser sa fille, ma belle-sœur Mme Ba Daoulen Diallo, Madame Bassirou Ba». Mieux, le Président de la République à l’honneur immaculé dira : «Vous l’avez dit, il fut l’un des premiers médecins du Soudan. Ces médecins- là étaient de la race des GABRIEL Touré dont peu de jeunes savent qu’il est mort en soignant un malade du typhus en sachant à quoi il s’exposait.Ceux-là étaient de cette engeance-là. Pourquoi que je note avec plaisir votre délicatesse de lui avoir consacré, donner son nom Monsieur le Maire N’Diaye ne me démentira pas. Demba ne vivait que pour la médecine, entouré des livres de médecine, le quotidien du médecin, ce qui a ébloui un jeune médecin qui m’entendencemoment,unjeunemédecind’alors,maisundemesainés médecins émérite lui-même qui m’a apporté cela. Il a étéfort impressionné rendant visite au Dr Demba, il l’a trouvé entourés de revues médicales de pointe, d’actualité, donc il se maintenait à haut niveau scientifique, tel est l’homme auquel vous avez dédié le centre de santé».
Et, suprême honneur, le Dr Demba DIALLO aura même arraché quelques larmes ! C’est donc un Président de la République à l’honneur immaculé mais vivement ému qui coupera le ruban symbolique. Et, avec la franchise le caractérisant, il partage encore : « j ‘y suis très sensible à cela, on ne vient pas dans un espace dont le vide sidéral serait inquiétant, on vient dans un endroit où il y’a les populations, lesquelles baignent dans un environnement, lequel doit être sécurisé, conforté. Et quoi de plus important que le soin apporté à la qualité de vie des ressources humaines des habitants, vous y avez songé », sans oublier de dire : «merci à vous Albatros ! ». Généreuse entreprise que les Khassonkés couvrent désormais de bénédictions. Ne serait-ce qu’elle leur a permis d’honorer le Prince et le médecin si bien aimé et respecté de tous ! Et,donnant ainsi le nom de son enfant prodige à son dispensaire, l’historique ville de Médine emboîte le pas à Bafoulabé, ville maternelle du médecin dont l’hôpital s’appelleaussiDr Demba DIALLO. Magnifique nom désormais passé à la postérité qui fait vibrer chaque cœur au Khasso. Tant le médecin aura passé une merveilleuse vie également aux siens. Et tous sont aujourd’hui là, rassemblés autour du patriarche, Oussouby Diallo, assurant la lourde charge du Fankama ou Roi du Khasso ; lequel est entouré de tout le « korè » (la famille inclusive des esclaves et des gens de castes), en particulier des héritiers de HawaDembaya à savoir les frères et sœurs du médecin Demba dont Sory Ibrahim Diallo, chef de village de Médine, Abdoulaye Diallo, Bréhima Diallo, Nounou Diallo, Chef de village de Lontou, Nounou Diallo, Kama Diallo et Ami NioukhourouDiallo ainsi que leurs enfants Yéli Diallo, Illo Diallo, Cheickhna Diallo et Moussa Diallo, chef de Kayes, principauté du royaume…etc. Et, en chœur, tous prient pour le fils prodige du Khasso: «DIALLO DJERY, que le Tout-Miséricordieux t’Accorde son éternel Paradis ». De même que d’une seule et même voix, le royaume peul de HawaDembaya dit un vibrant « MERCI » au Président de la République du Mali pour le suprême honneur ainsi rendu à son Prince et non moins médecin, le Dr Demba DIALLO, également ancien Maire de la ville de Kayes.
A rappeler qu’auparavant le Dr Demba DIALLO fut distingué « Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique » et « Chevalier de l’Ordre National » ! Le minimum pour un médecin qui aura apporté une contribution singulière au bien-être et à la santé à l’Afrique et au Mali.
Hawa DIALLO, envoyée spéciale à Médine