Les paysans ont surtout évoqué les attaques des chenilles légionnaires sur les parcelles de maïs. Ils ont reçu des apaisements de la part des responsables de l’Office
Le directeur général de l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN), Dr Mamadou Kané, à la tête d’une délégation, a entamé lundi une mission de supervision de la campagne agricole 2018-2019 dans les zones d’intervention de l’Office. Ainsi, le directeur général, Dr. Kané, a visité les parcelles de cultures (champs de coton, céréales et légumineuses) des secteurs de Bancoumana (villages de Samako et Krimalé) et Kangaba (village de Karan). A Samako, la délégation s’est rendue sur les parcelles agricoles de Yaya Diarra. Ce dernier a expliqué avoir cultivé 5 hectares de maïs, 4,5 hectares de coton, 3 hectares de mil, un hectare d’arachide. La campagne dernière, le producteur dit avoir récolté entre 2 et 4 tonnes de maïs sur ces différentes parcelles et 4,2 tonnes de coton graine sur les 4 hectares cultivés. Il a aussi assuré avoir reçu tous les intrants nécessaires aux cultures de coton et de maïs. Il a procédé aux traitements phytosanitaires requis. Cependant, a-t-il révélé, la chenille légionnaire a fait son apparition sur les parcelles de maïs. Les parcelles ont été traitées sans grand effet sur l’insecte nuisible.
La même attaque a été signalée chez les autres paysans visités. En effet, Youssouf Kéita de Krimalé a aussi fait cas de ces attaques sur ses parcelles de maïs. Il a cultivé, cette année, 7 hectares de coton, 9 ha de maïs en deux parcelles pour 2 variétés distinctes (Sotubaka et Dembanyuma), 6 hectares d’arachide, 2 hectares de niébé et 1,5 hectare de jardin maraîcher. Son collègue Mamadou Seyba Kéita de Karan a cultivé 7,6 hectares de coton, 6 hectares de maïs, 3 hectares de sorgho et la même superficie en riz pluvial et 20 hectares d’arachide. Lui aussi a reconnu des attaques de chenilles légionnaires sur ses parcelles de maïs. Lui et ses camarades sont de plus en plus circonspects.
Ils ont montré à la délégation les bidons vides de traitement phytosanitaire qu’ils ont appliqué et qui, à leur entendement, semble inefficace. Ils se sont tous plaints de la présence remarquée de l’insecte nuisible malgré le traitement effectué. Du coup, ils ont estimé que le produit recommandé par l’encadrement technique est inefficace à l’opposé de précédents produits plus percutants. «Nous sommes habitués à voir quelques heures après les traitements phytosanitaires les cadavres de nuisibles en masse. Tel n’est pas le cas avec ce produit et pire», selon eux, «au lieu de les voir décimés, ils continuent à bouger, même, si ce n’est plus avec la même vigueur», ont-ils dénoncé avec une mine inquiétante.
Djigui Kamissoko, chef de division promotion des filières, marketing et crédit à l’OHVN a expliqué que les produits phytosanitaires recommandés ne sont plus ceux que les paysans connaissaient, à savoir décimer tous les insectes nuisibles et utiles sur son passage. «Ils sont sélectifs et ne tuent pas systématiquement les insectes, mais affectent plutôt leur capacité destructrice des plantes en les affaiblissant. Le nouveau produit phytosanitaire indispose à tel point l’insecte qu’il ne pourra pas se nourrir de la plante et aura le choix, soit de quitter la parcelle ou de mourir sur place. L’insecte mort peut être mangé par d’autres prédateurs sans causer l’hécatombe. Il a ainsi pour but de préserver l’environnement», a expliqué Djigui Kamissoko, ajoutant qu’il faut respecter les posologies de traitement et prendre des précautions indispensables comme veiller sur le temps qu’il fait, la vitesse et la direction du vent, les tenues de protection et le matériel approprié à utiliser et le stockage dans des lieux sécurisés des emballages vides de produits phytosanitaires.
Ces explications ont convaincu les paysans rencontrés. De façon générale, l’état végétatif des cultures est satisfaisant. Le maïs est au stade d’épiaison-maturité, le coton est à la floraison, l’arachide à la floraison. Si les pluies se poursuivent de façon régulière et sans inondations, les paysans espèrent avoir une bonne campagne agricole. Tout naturellement, tous leurs regards se tournent vers les parcelles de maïs qui subissent des attaques de la part des chenilles légionnaires un peu partout, y compris maintenant dans les zones OHVN visitées où, pour le moment, les traitements appliqués ne semblent pas venir à bout du fléau.
Le directeur général de l’OHVN a expliqué que l’objectif de la supervision de la campagne agricole est justement de s’enquérir des difficultés rencontrées par les paysans et leur prodiguer des conseils pratiques. Dr. Mamadou Kané a encouragé les paysans à améliorer leurs rendements agricoles, surtout ceux du coton qui est la culture de rente leur rapportant des revenus.
Moriba COULIBALY
L’Essor