Rien ne va plus entre les Maliens de France et leur président. En effet, une affaire de détournement de fonds, portant sur plus de 65 millions FCFA, serait à l’origine de ce désamour. Le président du Conseil des Maliens de France (CMF) risque des poursuites judiciaires par l’administration française, entraînant la dissolution de la structure. C’est pourquoi, réunis en assemblée générale extraordinaire, le samedi 28 mai dernier, les associations maliennes de France, afin de préserver leur bonne réputation, ont réclamé le remboursement intégral des sommes détournées et la démission du président qui, selon elle, est indigne de la confiance placée en lui.7
Le document qui nous a été envoyé par Harouna Camara, porte-parole du comité de recouvrement des fonds détournés et redressement (CRFDR) du CMF, révèle de graves accusations de détournement contre le premier responsable des Maliens résidant en France. En effet, selon ledit document, le CMF a bénéficié d’un soutien financier de l’Etat français, de 2010 à 2014, de 80 000 euros, soit un peu plus de 52 millions de nos francs pour, globalement, « renforcer et valoriser les compétences des associations membres en matière de médiation et cohésion socioculturelle au sein des familles, d’accès aux droits, d’actions d’éducation à la citoyenneté et d’actions culturelles visant à promouvoir la diversité ».
Dans le cadre de la politique nationale d’accueil et d’accompagnement des personnes étrangères nouvellement arrivées, mise en place en 2014, le document incriminant rapporte que l’objet de ce soutien financier a évolué vers « l’appui, l’accompagnement et le renforcement des capacités des associations maliennes de France pour l’accueil, l’orientation, l’alphabétisation et l’insertion scolaire et professionnelle des immigrés primo-arrivants ».
D’après les termes de l’accusation, sur les 25 000 euros de subvention, soit plus de 16 millions FCFA, moins de 5 000 euros ont été réellement décaissés pour la mise en œuvre de l’action en grande partie réalisée par des contributions en nature, soit 20 000 euros de bénéfice net. Sur les 25 000 euros, sans compter les 2 808 euros de pôle emploi, les 300 euros de Ville de Saint-Denis et les 1000 euros de fonds propre, la mise en œuvre de cette action a réellement coûté moins de 10 000 euros de subvention, dégageant un bénéfice net de 19 396 euros. Qui a donc utilisé ce bénéfice ? C’est à cette question que devra répondre le président du CMF.
Lors de l’assemblée du 5 mars 2016, qui s’est d’ailleurs tenue avec un an de retard, le compte résultat présenté accusait un déficit de 1 833 euros, malgré 15 343 euros de produits des prestations de services, 5 000 euros de subvention et 17 462 euros de cotisations dont 14 690 euros remis au président par la commission d’organisation des élections et qui n’ont jamais été présentés au bureau, encore moins encaissés par le trésorier général, ni déposés sur le compte bancaire du HCMF. Ce qui donne un total de 52 805 euros de recettes contre 54 638 euros de dépenses sans justificatifs et non justifiés.« Au-delà de ces détournements avérés, toute dépense non justifiée n’existe pas. Donc la ressource correspondante doit être disponible pour le bailleur » rapporte le document qui poursuit que sur près de 100 000 euros détournés sur quatre années, plus de 29 690 euros l’ont été en 2014 après l’élection du 24 mai 2014. Le même document indique que différents éléments prouvent qu’il y a bien eu détournement de fonds publics en plus d’un recours fréquent au faux et usage de faux et le détaille en cinq points.
Primo, 20 000 euros en 2010, 19 396 euros en 2011, 13 000 euros en 2013 et 29 690 euros en 2014, soit un total de 82 086 euros, mais beaucoup plus si les dépenses non justifiées sont prises en compte.
Secundo, le rapport d’activités et les rapports financiers présentés à l’assemblée générale du 5 mars 2016 que le président a tenté de faire approuver dans un cafouillage total.
Tertio, les relevés bancaires.
Quarto, les dossiers de demande de subvention avec les montants demandés et obtenus, versés et les actions financées qui n’ont jamais été réalisées alors que l’argent est déjà dépensé.
Enfin, quinto, les propositions faites à l’assemblée générale du 5 mars 2016, pour recourir à une commission neutre ou à un cabinet d’audit externe permettant d’établir des comptes corrects avec justificatifs, ont toutes été rejetées par le président qui a refusé de les soumettre au vote.
En conclusion, les associations maliennes de France indiquent que le seul choix qui s’offre à elles reste la saisine de la justice. « Mais avant de porter plainte, nous allons engager une procédure de recouvrement à l’amiable avec l’ensemble des associations qui ont cotisé. Par ailleurs, nous allons dresser la liste des complices de ce détournement sans précédent » notent-elles.
La rédaction