– Une dizaine de ministres et de hauts cadres bientôt limogés et mis à la disposition de la justice
C’est au cours d’une conférence-débat qu’il a animée à la Maison de la presse, le samedi 8 novembre dernier, que le Représentant-résident du Fonds monétaire international (FMI) au Mali, Anton Op De Beke, a fait cette déclaration. La publication de ce rapport dit des sanctions, que les autorités maliennes se sont engagées à prendre à l’encontre de toutes les personnes impliquées dans ces deux dossiers de détournement présumé de deniers publics, est le préalable, selon le diplomate onusien, au dégel des subventions du FMI à notre pays. C’est dire combien le temps presse et les autorités maliennes n’ont que 20 jours pour prendre des sanctions administratives en l’encontre des ministres et autres cadres impliqués dans cette affaire de détournement de deniers publics, de faux et usage de faux, de délit de favoritisme…de fraude fiscale, selon les qualificatifs du Bureau du Vérificateur Général (BVG).
‘est lors d’une conférence-débat organisée par l’Initiative pour le Changement au Mali et en Afrique (ICMA), un observatoire de la bonne gouvernance, que le Représentant-résident du FMI au Mali, Anton Op De Beke, a eu à faire un commentaire sur les rapports d’audit du Vérificateur Général et de la Cour Suprême. Selon lui, la mission du FMI, qui a séjourné dans notre pays en septembre dernier, a été » impressionnée par la qualité des rapports du BVG et de la Cour Suprême qui ont d’ailleurs eu à découvrir d’autres faiblesses « .
Il a rappelé que c’est en décembre 2013 que le FMI a commencé à appuyer notre pays à travers la Facilité élargie de crédit (FEC). Un processus qui a été interrompu à la suite de la découverte d’une dépense hors budget relative à l’achat d’un avion de commandement pour le président de la République d’un coût de 20 milliards FCFA. C’est ainsi que cette situation a retardé la revue qui devait se tenir en juin 2014 et conduit au gel des subventions que l’institution de Bretton Woods accorde au Mali. Les autres bailleurs de fonds internationaux avaient suivi le FMI dans sa démarche en gelant eux aussi leurs aides à notre pays en attendant les résultats des audits que le Mali et le FMI ont convenu de confier au Bureau du Vérificateur Général (BVG) et à la Cour Suprême du Mali.
» Payer le contrat Guo Star au prix fournisseur…
D’après Anton Op De Beke, ces audits faisaient partie d’un ensemble de mesures que les autorités maliennes s’étaient engagées à mettre en œuvre. Cet engagement se déclinait comme suit : publication des deux – celui du BVG et de la Cour des comptes – rapports indépendants d’audit sur les transactions relatives à l’achat de l’aéronef présidentiel et du contrat de matériels militaires ; communication relative aux processus de sanctions ; application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires et incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’Etat et leur élimination à l’avenir.
Le Mali a mis en œuvre toutes ces recommandations à part celle concernant la communication sur les sanctions prises en l’encontre des personnes impliquées dans ces deux opérations controversées. D’après le Représentant-résident du FMI au Mali, ce dernier rapport relatif aux sanctions prises doit être impérativement communiqué au FMI avant son Conseil d’administration prévu le 1er décembre prochain à Washington. C’est dire combien le temps presse. Quant au gouvernement du Mali, il donne l’impression de maîtriser la situation alors qu’il a le couteau sous la gorge. Quand le président de la République va-t-il alors se défaire des ministres et autres hauts cadres encombrants qui ont trempé dans la soupe de la corruption dans ces deux affaires nauséabondes ? Ne cesse de s’interroger le contribuable lambda.
…et non au prix gonflé «
Pour Anton Op De Beke, il faut » payer le contrat Guo Star au prix fournisseur, pas au prix gonflé « . Cette société, aux dires du Représentant-résident du FMI, a acheté en Chine des chaussettes au prix de 1 745 FCFA la paire pour ensuite la revendre à 10 000F CFA au ministère de la Défense. Un contrat sur lequel Guo Star s’est octroyé une marge bénéficiaire de 29 milliards F CFA au détriment de l’Etat du Mali, selon le rapport d’audit du BVG.
Le Représentant-résident du FMI a, en outre, souligné que son institution attend maintenant » le rapport des sanctions administratives et pénales contre les personnes impliquées » dans l’affaire de l’avion présidentiel et du fameux contrat de 69 milliards FCFA signé entre le ministère de la Défense et Guo Star dès le 13 novembre 2013, soit moins de trois mois après l’accession d’IBK à la magistrature suprême du pays. En ce qui concerne les achats sous le couvert du » secret défense « , l’orateur dira qu’ils devront dorénavant »respecter les règles de base des finances publiques « . Le gouvernement est appelé à mettre fin à l’impunité ; un climat de transparence est nécessaire, a conclu Anton Op De Beke.
Une dizaine de ministres et hauts cadres sont concernés par ce dernier volet des exigences du FMI.
Mamadou FOFANA