Au Mali, l’épineuse question de la fourniture des intrants agricoles reste d’actualité. Face à la question qui devient récurrente, le nouveau ministre en charge du département de l’agriculture, Lassine Dembélé, a voulu prendre le taureau par les cornes. Ce faisant, il vient de rencontrer le lundi, 17 juillet 2023, dans son département les fournisseurs d’intrants agricoles afin de trouver une solution. A la suite de cette rencontre, il ressort que, présentement, la quantité d’intrant reste insuffisante et les fournisseurs ont des arrières : 4 ans d’arriéré de subvention.
A l’issue de la rencontre entre le ministre et les fournisseurs d’intrants agricoles, il est établi que, présentement, seulement 5 % des engrains organiques et 0,25 % des engrains minéraux subventionnés ont été fournis aux producteurs. Ce qui constitue un handicap majeur à gérer pour permettre aux paysans de passer une saison sans oublier le problème de la pluviométrie. Au cours de la rencontre, d’autres problèmes ont été soulevés parmi lesquels la question des arriérés et des fertilisants. Après avoir apprécié l’initiative du ministre, le président du Collectif des fournisseurs d’intrants, Youssouf Coulibaly, a révélé que les paysans sont dans la nécessité de plus d’engrains minéraux représentant plus de 80% de leurs besoins au détriment de ceux organiques. Il a aussi évoqué l’épineuse question des arriérés de 4 ans pour les intrants subventionnés. C’est pourquoi il a demandé au ministre de faire un plaidoyer auprès de son homologue de l’Economie et des Finances afin d’éponger les arriérés de la subvention de 2019, 2020, 2021 et 2022. « Il se trouve que le pays traverse des difficultés, mais les opérateurs que nous sommes ont des engagements avec des banques qu’il faut honorer. Nous avons été rassurés », a-t-il fait savoir. Youssouf Coulibaly est aussi rassuré que les prix des engrains sont abordables sur le marché en vente libre. Cependant, le président des fournisseurs a déploré la diminution du quota de la subvention qui est passé de 158.000 tonnes d’engrains à 24.000 tonnes. Le président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agricultures du Mali (Apcam), Sanoussi Babouya Sylla, a bien apprécié cette initiative du ministre. « Les producteurs vont pouvoir dormir. C’est une grosse épine que le ministre vient de leur ôter du pied. Ils sont d’autant plus satisfaits que le ministre est disponible à trouver des solutions pérennes aux problèmes d’intrants agricoles qui sont presque récurrents », a-t-il apprécié.
Pour sa part, le ministre de l’agriculture, Lassine Dembélé, a indiqué que la concertation était obligatoire pour satisfaire les acteurs et faire face aux différentes préoccupations du monde rural. L’une des préoccupations majeures est le problème d’intrants agricoles. Il faut donc rencontrer les acteurs impliqués afin de faire des propositions d’apaisement permettant de relancer le service de l’engrain. « Aujourd’hui, les engrains organiques sont livrés à 5 % au niveau des paysans alors que le monde rural a besoin de ce produit à présent comme fumure de fond pour pouvoir démarrer les travaux champêtres. Si nous démarrons avec ce handicap de départ, en plus des problèmes qui sont liés à la pluviométrie, on risque de se trouver dans une situation, où les rendements ne seront pas intéressants ». Évoquant la question du nombre de fournisseurs, Lassine Dembélé a rappelé qu’à travers un dossier d’appel d’offres lancé, 40 fournisseurs ont été sélectionnés. Toutefois, précise -t-il, les investigations ont révélé que 17 parmi eux avaient des insuffisances pour donner satisfaction. C’est pourquoi le nombre des fournisseurs d’intrants a été amené à 23. « Malheureusement, l’Etat constaté aujourd’hui au niveau de ces fournisseurs que le placement n’est pas fait à hauteur de souhait », a déploré le ministre Dembélé. Par rapport aux arriérés, le patron du département de l’agriculture a fait savoir que sur plus de 17 milliards d’arriérés, l’Etat a déjà ordonné le paiement de 8 milliards de Fcfa. « On verra comment on peut échelonner le paiement d’année en année pour ne pas endetter davantage l’État ».
Zié Coulibaly
Source : Plume Libre