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Start-up au Mali : DES MONTAGNES D’OBSTACLES

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Ces entreprises qui démarrent font face à un environnement peu propice qui se caractérise par la faible pénétration de l’Internet dans notre société, les difficultés de connexion et l’absence de financements

Start-up est un mot anglais d’origine américaine, qui est une ellipse de start-up company. Il est composé de start (commencer en anglais) et up, notion de hauteur, d’élévation. Il s’agit donc littéralement d’une « société qui démarre », selon le dictionnaire en ligne, Wikipedia. Elle est en phase plus ou moins longue de développement d’un produit, de test d’une idée, de validation d’une technologie ou d’un modèle économique. Le risque d’échec est supérieur aux entreprises traditionnelles du fait des petites tailles et du manque de visibilité de ces structures.

Patrick Ties, spécialiste en communication digitale installé au Mali depuis des années, s’intéresse beaucoup aux start-up et participe à la formation des jeunes entrepreneurs dans ce secteur d’activité. « Tout d’abord une start-up est plus généralement une entreprise en gestation qui n’est pas encore lancée sur le marché commercial. En général, tout part d’une idée qui est ensuite testée sur un certain temps des fois avant de trouver un modèle économique viable ou non. Donc, il serait à mon avis plus juste de dire qu’elle ne nourrit pas son homme de prime abord. C’est se lancer dans une aventure qui peut marcher ou non. Quand elle marche, alors c’est clair qu’elle finit par nourrir son homme », développe-t-il.

www.malisante.net est la première start-up malienne œuvrant dans le domaine de la santé. Derrière cette jeune entreprise se trouve Tidiane Ball également co-fondateur de DoniLab, un lieu de rencontre pour les startuppers.

C’est connu de tous, la problématique de l’emploi des jeunes est un défi auquel le gouvernement tente de trouver des solutions avec plus ou moins de réussite. Les autorités explorent de nombreux domaines susceptibles de créer des emplois pour les jeunes. Mais de l’avis de Tidiane Ball, le gouvernement n’est malheureusement pas dans la logique des start-up. Il estime que l’entreprenariat jeune demeure un slogan politique. Même si des actions concrètes sont entreprises dans le cadre de l’APEJ, de l’ANPE et du FAFPA.

L’AFRIQUE DOIT INVENTER. En appui à son avis, il cite l’exemple de DoniLab où les jeunes qui viennent développer leurs projets, cotisent afin d’assurer les charges. Ils ont de très bons projets mais « ne connaissent personne » pour leur donner le coup de pouce nécessaire.

Notre interlocuteur pointe aussi la grande difficulté de l’accès à Internet. La connexion à la toile mondiale reste coûteuse et lente chez nous, déplore-t-il. Surtout que Orange est en train de supprimer les offres illimitées et veut qu’on travaille sur du Data. « Il est difficile d’être compétitif sur le plan sous-régional avec un forfait de 10 Gb/mois. On croyait que les choses allaient s’améliorer mais elles vont de mal en pis », soupire Tidiane Ball.

De nombreux facteurs inhibant sont de nature à bloquer les initiatives des jeunes pétris de talents dans le domaine des nouvelles technologies. Pourtant, certains n’attendent qu’un accompagnement symbolique des autorités pour se transformer en chef d’entreprise hors pair, estime notre interlocuteur.

Dans cet environnement peu propice à l’entreprenariat jeune, il y a souvent des opportunités. Par exemple l’initiative de Total Mali d’encourager les jeunes en lançant en novembre 2015, un concours pour soutenir des projets innovants. « Start up 2015 » était l’intitulé de cette compétition qui s’adressait aux jeunes de 35 ans au plus, qui entreprennent déjà un projet de moins de deux ans ou qui ont à cœur de démarrer un projet.

Les initiatives du genre permettent aux jeunes geeks de développer des projets nécessaires au TIC. Notre compatriote, Hamadoun I. Touré, directeur exécutif de Smart Africa, soulignait cet aspect dans une interview publiée dans L’Essor du 22 février dernier. Selon lui, l’émergence de l’Afrique passera forcément par la création des outils nécessaires dans les TIC. « L’Afrique doit commencer à inventer et concevoir de nouvelles applications. Mais aussi il faut que le continent soit un fabriquant d’équipements exportables dans les années à venir pour que les TIC soient le moteur du développement et de création d’emplois », explique l’ancien secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Hamadoun I. Touré confirme aussi le retard qu’accuse notre pays en terme de pénétration de l’Internet dans la vie courante. « Le Mali a des besoins énormes dans les domaines de l’éducation. L’accès à l’outil Internet n’est pas encore une réalité au sein de l’université. C’est le cas aussi dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture ou encore dans les banques. Au Mali pour avoir les services de l’administration, il faut se déplacer. Il y a donc beaucoup à faire », détaille-t-il.

Les opportunités de l’Internet restent donc à explorer et à exploiter chez nous. C’est ce qui amène Patrick Ties à soutenir que les start-up sont des pourvoyeurs d’emplois qui peuvent épauler l’Etat dans sa politique de création d’emplois via l’économie numérique. En termes d’accompagnement, notre interlocuteur ne demande qu’une seule chose à L’Etat : « permettre un accès à Internet plus facile en terme de coût et de débit. On se débrouillera pour les financements et les autres ».

LE MARCHE SOUS LES DOIGTS. En plus des actions de l’Etat, les privés sont en train d’investir dans le domaine pour faciliter l’accès à l’Internet. C’est le cas de Mamadou Djigué. Cet ingénieur en informatique installé aux USA s’intéresse à la vente et à l’achat en ligne. Il s’apprête à lancer une nouvelle application dénommée « Kadiel » qui signifie « pierre » en peulh. Il a pour ambition d’amener le marché sous les doigts des internautes. L’idée est d’offrir la possibilité de vendre des articles dont on n’a pas besoin : anciens ou nouveaux objets, tels que les téléphones portables, les ordinateurs portables, les voitures, les chaussures, les maisons, les accessoires pour les femmes, les terrains à usage d’habitation ou commercial ou mêmes des champs. « Elle est là pour créer un lien direct entre vendeurs et acheteurs locaux. Pour une accessibilité générale, Kadiel a un système de navigation très simple qui permet à tout Malien hommes et femmes de trouver de bons produits à des prix abordables», explique le promoteur.

Mamadou Djigué ambitionne aussi avec son application de faire la promotion de la culture malienne à travers la vente et la publicité sur le bazin, les chaussures et les vêtements fabriqués par nos artisans. « Nous entendons aider les petites et moyennes entreprises à promouvoir leurs business », assure-t-il.

Du côté du gouvernement, la volonté de faire du secteur numérique un levier du développement, est bien affichée. Cette volonté est même suivie par des actes concrets. Comme l’élaboration du document « Mali Numérique 2020 » qui répertorie 6 axes prioritaires stratégiques, 19 initiatives et 66 actions, pour faire de l’Internet un secteur créateur d’emplois et de richesses. Les six grands axes prioritaires de ce document déjà adopté par le conseil des ministres sont : « généraliser l’accès aux réseaux et services numériques », « développer la production et l’offre de contenus numériques », « développer et diversifier les usages et services numériques », « développer l’industrie locale du numérique », « constituer le capital humain » et « instaurer la confiance numérique ».

Le premier axe prend en compte la poursuite, l’intensification et le déploiement de l’infrastructure large bande pour la transmission et les réseaux d’accès. L’un de des volets importants de cet axe porte sur la pose de 4500 km de câble de fibre optique pour la connexion des capitales régionales et l’interconnexion avec sept pays voisins. Le premier point vise aussi à généraliser l’usage et l’équipement en numérique des établissements d’enseignement et de santé, mobiliser les acteurs public et privé pour le développement des réseaux d’accès en s’appuyant sur différentes technologies et réussir le passage au tout numérique audiovisuel et permettre le développement du haut débit mobile.

Le deuxième axe prévoit de développer la production et l’offre de contenus numériques tout en améliorant la diffusion des contenus informationnels, cinématographiques, audiovisuels, sportifs et musicaux en garantissant le respect des droits des auteurs, diffuser les contenus publics, privés et patrimoniaux et soutenir le secteur du jeu vidéo. Créer le portail www.mali.ml est aussi une étape importante de cet axe.

Le troisième axe porte sur le développement et la diversification des usages et services numériques, le développement de l’administration électronique et l’amélioration de la productivité des entreprises et le développement des nouveaux usages tandis que la quatrième axe s’emploie à développer l’industrie locale du numérique, adapter la gouvernance du secteur aux enjeux du numérique, favoriser le développement des entreprises TIC locales, promouvoir la culture numérique au sein de nos grandes entreprises et développer des niches d’excellence. Les composants du 5è axe sont de constituer le capital humain, mettre en place une gouvernance dédiée au capital humain, élaborer et mettre en place un plan de formation initiale répondant aux besoins du secteur du numérique et élaborer et mettre en œuvre un plan de formation pour l’usage du numérique.

Enfin le 6è axe, consiste à instaurer la confiance numérique, mettre à niveau et renforcer le cadre législatif, mettre en place les structures organisationnelles appropriées et promouvoir et sensibiliser les acteurs de la société à la sécurité des systèmes d’information.

Vaste programme qu’il faut maintenant mener à bien.

A. DIARRA

Source : Essor

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