Du monument «Bougie bâ» situé sur l’Avenue du Mali, au Musée national, en passant par la route du centre
hospitalier universitaire du Point G et celle de l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou, des dizaines de personnes se retrouvent tous les jours pour faire du sport par petits groupes ou en individuel.
L’Essor a fait le tour de quelques sites de la capitale
Au monument l’Obélisque des idéogrammes (Bougie bâ), il est 19h. Issa Doumbia vient de prier la salat Maghrib ou Fitiri. Sur le vieux carton qui lui sert de tapis de prière, le quinquagénaire se couche sur le dos, lève ses pieds et les balance de manière parallèle.
Commerçant au grand marché de Bamako, Issa Doumbia est un habitué du lieu. Il est domicilié à Kalaban Coura ACI, mais vient s’entraîner tous les jours au monument «Bougie bâ» avant de rentrer. «Je passe la journée assis accompagnée souvent par le stress. Je viens m’entraîner avant de rentrer. Cela me permet de garder la santé», explique-t-il tout en poursuivant ses exercices.
Ce 18 février, le monument «Bougie bâ» est noir du monde. Hommes, femmes, jeunes et vieux sont présents. Des groupes de travail sont constitués avec un coach au centre pour guider les autres. Ils effectuent ensemble des exercices abdominaux, des étirements, des pompes, etc. Simultanément, certains font le tour du monument, alors que d’autres prennent l’escalier. Pendant ce temps, un autre groupe s’entraîne sur l’estrade du monument.
«J’habite à Lafiabougou., je fais du footing tous les jours, avant de venir au monument «Bougie bâ» pour des exercices individuels. Après ces exercices je rejoins le groupe pour la suite des séances», indique Moussa Keïta, 24 ans. Vêtu de t-shirt blanc, survêtement noir, il ajoute : «C’est important de faire du sport. Un sportif est toujours en bonne santé. Nous travaillons avec des personnes qui viennent de tous les quartiers de Bamako. Nous restons ici jusqu’à 22h».
L’avenue du Mali à l’ACI 2000, entre le monument Kwamé N’Krumah et celui de Bougie Bâ, est très fréquentée par les sportifs. Dès 16h, les gens commencent à affluer le long de l’avenue. Certains font du footing, alors que d’autres pratiquent la marche sportive. Des deux côtés de l’avenue on rencontre des personnes de tout âge. Il est même fréquent de croiser des groupes de personnes composés de couple avec des enfants. Fatoumata Diarra habite à Lafiabougou terminus et fréquente l’Avenue du Mali et le monument «Bougie bâ» depuis plusieurs années. «Nous venons ici tous les jours avec des amis. Nous marchons et échangeons pendant la marche sportive.
A la fin de cet exercice, nous mettons le cap sur le monument Bougie bâ, pour poursuivre le travail. C’est très cool ici, les gens travaillent en groupe, même s’ils ne se connaissent pas», raconte Fatoumata Diarra. «Tous les jours, nous faisons d’abord le tour de l’Avenue du Mali, avant d’enchaîner avec les exercices. C’est un médecin qui m’a conseillé de faire du sport parce que je souffre de tension.
Avant, je faisais le sport, mais pas régulièrement. C’est mon médecin qui m’a conseillé de le faire tous les jours et depuis ma santé s’est beaucoup améliorée», ajoute Fatouma Diarra qui vient de fêter ses 38 ans.. «Il y a beaucoup de monde ici, les séances d’entraînement se déroulent dans une bonne ambiance», complètera Fatoumata Diarra qui est secrétaire en formation. Domicilié à Baco-Djicoroni, Aboubacar est également un habitué du monument «Bougie bâ». Il y vient deux fois par semaine pour, indiquera-t-il, «me décharger du poids du travail journalier». «Ici, l’ambiance est extraordinaire, il y a des coaches volontaires qui viennent nous assister. Certains chantent pendant les exercices».
Le 10 août, notre équipe de reportage a fait un nouveau tour au monument «Bougie ba». A notre grande surprise, l’espace était presque vide et le nombre de personnes présentes pouvait être compté du bout des doigts. Moussa David Touré que nous avons rencontré sur place expliquera : «Les gens ne sont pas venus, tout simplement parce qu’il y a des mouvements en ville.
Ils ont peur et ont raison d’être prudents, surtout quand on sait également que ces derniers temps, il a beaucoup plu à Bamako», a confié le cinquantenaire qui pense que le sport dans les espaces publics permet d’aspirer de l’oxygène. «Nous sommes en plein air. Les véhicules dégagent du gaz, mais ça passe vite. Nous aspirons certes ce gaz, mais nous le libérons vite, parce que l’espace est suffisamment dégagé», soutient Moussa David Touré qui termine toujours ses exercices par le sprint (200m).
SPORT, SANTÉ GRATUITE POUR TOUT LE MONDE-Après le monument «Bougie bâ», notre équipe de reportage a mis le cap sur le tronçon qui mène au palais de Koulouba et au centre hospitalier universitaire du Point G. Oumar Alassane Kouyaté, fait partie, selon sa propre expression, des abonnés de ce tronçon. Et le magistrat d’ajouter : «Je fais du sport de façon générale depuis 1998. Les bienfaits du sport sont nombreux.
Tout le monde est unanime que le sport, c’est la santé gratuite. Je viens ici tous les jours, sauf quand je suis empêché». Plus loin, notre chemin croise celui de Gaoussou Mariko qui escaladait la colline de Koulouba au petit trot. «Cela fait 10 ans que je fais régulièrement du sport et franchement ça m’a beaucoup apporté en termes de santé physique et morale. Autre avantage du sport, on rencontre beaucoup de gens ici avec lesquels on peut discuter de tous les sujets. C’est très intéressant et je conseille à tout le monde de faire du sport», confie Gaoussou Mariko, avant de continuer sa montée de la colline.
Ibrahima Sidibé lui, ne court pas mais pratique la marche sportive entre son quartier Darsalam et Point G «depuis 18 ans», nous précisera-t-il. «Je le fais en aller-retour en 45 minutes. Je suis diabétique et mon médecin m’a conseillé de ne pas dépasser 45 minutes de marche. C’est en 2002 que j’ai commencé à faire la marche et depuis, mon taux de glycémie ne cesse de baisser. Je me sens bien dans mon corps», a assuré Ibrahim Sidibé, 58 ans. Au niveau du Musée national, les exercices se déroulent sur fond de chants et de musique et sont dirigés par des coaches bénévoles, comme au monument «Bougie bâ» ou encore sur la route de l’Aéroport international Président-Modibo Keïta-Sénou, précisément au niveau de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC).
Tous les jours, des dizaines de personnes, hommes et femmes s’entraînent le long de cette route qui fait partie des espaces les plus fréquentés. Pour Awa Sow, comme pour la plupart des gens qui fréquentent ce site, les séances commencent d’abord par la marche sportive en aller-retour puis les exercices physiques, comme les étirements et les abdominaux. «On fait un peu de tout, si les gens sont motivés, on travaille pendant plus d’une heure», nous a confié celle qui est chargée de communication d’une ONG des Nations-Unis.
Awa Sow a commencé à s’entraîner sur ce trajet en février, elle était devenue obèse, raison pour laquelle elle a décidé de pratiquer le sport. «Je voulais également éviter de rester tout le temps à la maison après le travail, c’était devenu ennuyant pour moi. Ce n’est pas tout depuis que j’ai commencé à faire du sport, les maux de ventre, de tête, la douleur au dos, ont disparu. Très sincèrement, le sport me permet d’oublier beaucoup de choses, surtout que l’ambiance est très conviviale ici», complètera cette chargée de communication âgée de 27 ans.
Moussa Maréga dirige l’Aéro club gymnastique situé sur la route de l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou. Tous les jours, il accueille des dizaines de personnes pour des séances de fitness, flexion, pompes etc. Dans cette gymnase, on fait également les exercices appelés barres (barre parallèle, barre fixe, barre militaire) et les échelles. «L’Aéro club gymnastique compte plus de 200 adhérents et notre confrère de radio Dakan, Jean Abaris Dacko fait partie des membres de ce club. «Quand je commençais ici, je pesais 124 kg, mais Dieu merci, aujourd’hui je suis à 110 kilos.
En trois mois, j’ai perdu une quinzaine de kilos et cela montre clairement le bien fondé du sport», a témoigné Jean Abaris Dacko. Des propos qui seront appuyés par un autre adhérent du club, Adjara Diarra. «Je pèse aujourd’hui 106kg, alors que j’étais 112. En l’espace de 45 jours, j’ai perdu 12 kg. Cela veut tout dire», a résumé Adjara Diarra, sourire aux lèvres.
Boubacar KANTÉ
Source : L’ESSOR