Dans un entretien relayé par la chaîne BFM Tv, le 31 mars, le ministre des affaires étrangères de la France, Jean Yves Le Drian, revient à la charge en accusant le groupe Wagner de se servir des ressources naturelles du Mali. Pire, il a affirmé que les autorités de la transition sont otages de cette société paramilitaire qui n’a officiellement aucune existence au Mali.
Selon le diplomate français, au Mali, la junte au pouvoir est « l’otage » des mercenaires de la société russe Wagner, et de précisé que les relations entre Paris et Bamako sont au point mort. Jean Yves le Drian a le toupet d’accuser les forces armées maliennes d’exactions sur des civils en se basant sur un pseudo rapport émis par des ONG qui ont selon lui enquêté sur le sujet, y compris les Nations unies, qui montrent que finalement la présence de Wagner au Mali, c’est de commettre des exactions et la limitation des libertés publiques. Triste constat quand on se rappelle encore de ce qui s’est passé à Bounty.
En outre, concernant les restrictions imposées aux médias français France 24 et RFI sur le sol malien, il a qualifié cela ‘’d’autoritarisme’’ qui fait que la junte au pouvoir est prise un peu en otage aussi sur ces points par la force Wagner. « Donc Wagner, qui était réputée devoir être une force de libération, c’est une force d’exaction et de prédation » a-t-il déclaré. Quelle ironie ! Quand on sait que la plupart des pays occidentaux, la France en tête, ont censuré de manière illégale les médias russe RT et Sputnik, les accusant d’être à la solde du gouvernement Russe.
Par ailleurs, s’agissant du groupe Wagner, il prétend qu’il se sert des ressources propres du Mali. ‘’C’est pour ça que c’est très grave’’. Un propos dénudé de sens dans la mesure où ce groupe auquel le diplomate français fait allusion n’a pas d’existence légale sur notre territoire. Cependant, une interrogation demeure : En quoi se servir des ressources du Mali concerne la France ? Le Mali est-il un protectorat français ou demeure-t-il encore une colonie ?
Pour rappel, il y a deux mois, l’ambassadeur de France à Bamako a été expulsé par les autorités maliennes. Le Drian dans ce sens a affirmé que : ‘’ le gouvernement n’a aucune légitimité. C’est un gouvernement issu d’un coup d’État et c’est un gouvernement qui, pour l’instant, ne met pas en place les formes de reconnaissance légitime qu’il pourrait avoir du peuple malien. Nous travaillons, nous, avec la Cédéao pour lutter contre le terrorisme parce, ce qui va se passer, c’est une ré-articulation complète du dispositif français et du dispositif européen’’. Que dire du gouvernement tchadien qui a été plébiscité par la France et pire le fils de Deby ayant pris le pouvoir par un coup d’Etat demeure le protégé et fut même intronisé par la France. Une politique de favoritisme, ont affirmé certains observateurs dans laquelle il y a deux poids et deux mesures.
Avec le renouvellement de la collaboration avec la Fédération de Russie, les autorités de la transition maliennes ont clairement affiché leur volonté de diversifier leur partenariat. Un choix qui n’est pas du tout du goût de la France qui ne manque guère d’une occasion pour accuser à tort un régime qui bénéficie du soutien de la plupart des maliens. Le France doit se résigner au fait qu’elle a perdu le Mali. Cette mainmise sur cet État du Sahel relève dorénavant du passé. Dans le souci de consolider les relations entre les deux Etats, le gouvernement français doit se résigner à accepter le choix des maliens, à reconnaître le gouvernement de transition et à l’accompagner dans le but d’installer au moment opportun un gouvernement civil.
Ahmadou Sékou Kanta
Source: L’Observatoire