Au fur et à mesure que les jours passent et que la date de l’élection présidentielle approche – à savoir si elle se tiendra dans le délai -, la pression des pro-IBK se fait de plus en plus forte sur la ruche acculée de prendre rapidement position en faveur du futur candidat Ibrahim Boubacar Kéïta à la présidentielle de 2018. Pour faire aboutir ce projet, l’on fait miroiter à Dioncounda Traoré, pressenti pour défendre les couleurs de l’ADEMA-PASJ à l’élection présidentielle de 2018, le poste de président du futur Sénat qui sera installé dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Alors que circule depuis plusieurs mois déjà une pétition, à l’intérieur du parti, invitant Dioncounda Traoré à accepter de porter les couleurs de la ruche lors de la présidentielle de 2018.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître : celui qui a quitté avec fracas mais aussi avec armes et bagages – il jouissait d’une réelle popularité auprès des militants du parti – de l’ADEMA-PASJ en octobre 2000, est celui-là même qui a aujourd’hui le plus besoin de ce parti pour matérialiser son ambition d’un second mandat à la tête de l’Etat du Mali. En effet, IBK, en démissionnant de l’ADEMA-PASJ avait eu à l’époque cette formule : « Quel parti désormais ! ».
A la suite de cette démission inattendue et dans un sursaut militant, Dioncounda Traoré, occupant à l’époque la fonction de premier vice-président du parti, avait pris le relais en lançant cette phrase en termes de défi à relever : « L’ADEMA continue ». Et cela dans un tonnerre d’applaudissements des délégués à la conférence nationale de la ruche réunis au grand complet au centre international de conférence de Bamako (CICB).
Plusieurs années après son départ de la ruche, voilà que l’ex-président du Comité exécutif de l’ADEMA-PASJ, en la personne d’IBK, souhaite maintenant un soutien de son ancien parti afin qu’il puisse renouveler son bail à Koulouba. Même si l’intéressé ne le dit pas publiquement, tout est désormais mis en œuvre par ses partisans au sein de la ruche et par des barons de son parti, le RPM, pour que l’ADEMA-PASJ renonce à présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle.
Eviter de se faire harakiri
Face à cette sollicitation, nous enregistrons beaucoup de réticences voire un refus catégorique de la part de certains barons de la ruche et non des moindres. D’après plusieurs cadres et simples militants du parti, une éventuelle renonciation de l’ADEMA-PASJ à présenter un candidat équivaudrait à une mort de la ruche, à se faire harakiri. Aux dires de ceux-ci, personne ne prendrait plus ce parti au sérieux alors même qu’il a dirigé le pays durant dix ans. Malgré donc les propositions alléchantes faites par certains émissaires déclarés on non de Koulouba, une écrasante majorité des cadres et simples militants du parti de l’abeille ne semblent pas acquis à la cause visant à soutenir le futur candidat IBK et cela dès le premier tour de l’élection présidentielle.
Face à cette situation plus que délétère, la direction du parti de l’abeille n’arrive même plus à se concentrer sur des questions essentielles tant est grand et profond le fossé entre les pro-IBK et les anti-IBK sur la question d’un éventuel soutien au locataire de Koulouba. Ce fossé continue, en tout cas, de s’élargir de jour en jour sans que l’on ne sache pour le moment lequel des deux camps aura le dernier mot. Même s’il faudrait dans ce combat compter avant tout sur les moyens financiers capables de faire pencher la balance dans le camp des pro-IBK. Comme ce fut d’ailleurs le cas lors de la convocation du congrès extraordinaire de la ruche en 1999 qui a été fondamentalement à la base de la démission quelques mois plus tard de IBK de l’ADEMA-PASJ.
En tout cas, les jeunes et les femmes du parti viennent de réaffirmer leur exigence de voir la ruche procéder à des primaires afin de dégager un candidat capable de défendre les couleurs de l’ADEMA-PASJ à la prochaine élection présidentielle. Un candidat qui pourrait bien être l’ancien président du parti et ancien chef d’Etat, Pr. Dioncounda Traoré.
Il s’agit maintenant de savoir, si, en lui faisant miroiter le poste de président du Sénat, l’intéressé renoncera à répondre à l’appel des femmes et des jeunes de son parti. Pour le moment il est très difficile de répondre à cette question quand on sait également les liens qui existent entre ces deux personnalités que sont IBK et DT (Dioncounda Traoré).
Déjà certains pensent que « DT ne se présentera contre IBK ». Alors que pour d’autres, DT est le candidat idéal pour que l’ADEMA puisse accéder au second tour de la présidentielle de 2018.
Mais au rythme où vont les choses, il est presque sûr que les pro-IBK au sein de la ruche auront le dessus sur les partisans d’une candidature issu des propres rangs du PASJ. Au nombre des pro-IBK, citons tous les membres de la direction du parti qui exercent dans les sphères de l’Etat ou qui ambitionnent d’avoir tôt ou tard un strapontin. Quelle pression !
Dioncounda Traoré et Dramane Dembélé, tous pressentis pour se présenter à d’éventuelles élections primaires du parti de l’abeille, semblent désormais écartés de la course. Mais seul le temps dira. C’est aussi vrai que les adversaires d’IBK, nombreux et très influents dans la ruche, n’ayant pas encore dit leur dernier mot.
Affaire à suivre.
Mamadou FOFANA
La rédaction