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Sous financement de l’assainissement : Un Droit de l’Homme relégué au second plan

L’accès à l’assainissement est un droit garanti dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il est également garanti par la Constitution du Mali. En plus, il est inscrit aux Objectifs du Développement Durable numéro six (6) auxquels le Mali a souscrit. Malheureusement, ce droit reconnu de tous est relégué au second plan au Mali.

Notre pays, le Mali, est en retard en matière d’assainissement. La capitale, Bamako, est un mauvais exemple. Elle est sale de la Commune I en Commune VI. Les déchets solides et liquides ont envahi la ville. Les quelques dépôts de transits qui existent sont débordés. Pire, Bamako qui abrite environ 3 millions d’âmes ne dispose ni de dépôt final, ni de stations de traitement des déchets liquides.

Malgré ce tableau sombre, les efforts des pouvoirs publics centraux et locaux en faveur de l’assainissement n’ont pas progressé. Le sous-secteur assainissement est sous financé. Et dans le budget national, et dans le budget des collectivités, la question d’assainissement n’apparaît pas comme une priorité.

En effet, dans le rapport de l’analyse budgétaire des années 2017 et 2018 effectuée par la CN-CIEPA démontrent à combien l’assainissement est en bas de la liste des priorités de l’Etat. En 2017, le budget d’Etat alloué au secteur eau et assainissement se chiffre à 14,769 milliards de F CFA contre 11,389 milliards en 2018 de F CFA, soit une baisse de 22,9%. Cependant, le hic c’est que la grande partie de ces montants est affectée au sous-secteur eau au détriment de l’assainissement. Ainsi, en 2017, les dépenses totales pour l’eau sont de 7,532 milliards de FCFA contre 7,236 milliards de FCFA pour l’assainissement. En 2018, le budget pour l’eau était de 7,642milliards FCFA pendant que l’assainissement se contentait seulement de 4,222 milliards de FCFA.

En plus, au niveau des collectivités, la marginalisation de l’assainissement est encore plus élevée. A ce sujet, l’analyse budgétaire du PDSEC de la Commune VI réalisée par l’ONG AMASBIF, en partenariat avec Water Aid Mali donne un résultat peu reluisant. Il ressort du rapport de cette analyse que dans le PDSEC, l’assainissement occupe une part importante avec une allocation de plus de 3,3 milliards de FCFA, soit 31,90% du budget  global. Malheureusement, en terme d’exécution budgétaire, les montants ne sont pas visibles ni dans les budgets primitifs, ni dans les comptes administratifs. Pour Mahamadou Kéita, de Water Aid, cela est dû  à l’insuffisance de mobilisation de ressource par la mairie. Selon lui, la mairie n’a pas pu développer assez de partenariat pour pouvoir mobiliser les ressources nécessaires qu’elle a prévues dans le PDSEC.

Pourtant, l’accès à l’assainissement est un Droit de l’Homme garanti par la Constitution du Mali. De plus, le constat ci-dessus ne reflète pas les engagements pris par le Mali au niveau international. Dans le cadre de l’initiative SWA, le Mali s’est engagé en 2014 à allouer 5% du budget national à l’eau et l’assainissement d’ici 2020. Ce qui n’est pas le cas. Aussi, notre pays a souscrit aux ODD dont l’ODD N°6 consiste à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau d’ici 2030 ». Au regard du sous financement du secteur, les acteurs de l’assainissement sont pessimistes quant à la réalisation de cet engagement.

Toutefois, pour que le Mali récupère les retards qu’il a accusés dans le domaine de l’assainissement, la présidente de l’ONG AMASBIF, Mme Barry Aminata Touré, une des actrices de l’assainissement recommande à l’Etat d’augmenter le budget d’Etat alloué à l’assainissement comme il s’est engagé de le faire et de doter les communes des ressources financières nécessaires dans le cadre du transfert des compétences ; aux communes de s’appuyer d’abord sur leurs propres forces, prévoir l’assainissement dans le budget de la Commune et ensuite développer plus de partenariat pour pouvoir mobiliser les ressources prévues. En plus, Mme Barry conseille aux collectivités d’impliquer la population dans le processus d’élaboration du budget.

Yacouba TRAORE

Source: Zénith Balé

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