Arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2013, le candidat de l’URD (Union pour la République et la démocratie) entend, cette fois-ci, profiter de l’impopularité d’IBK au sein de l’opinion publique et de l’effritement des partis politiques de la majorité présidentielle pour l’emporter. Alors, cette fois serait-elle la bonne ?
Nombre d’observateurs politiques s’accordent à répondre par l’affirmative. D’abord, parce que le président sortant semble avoir perdu tous ses soutiens, ou presque, au sein de l’opinion. A l’origine de sa victoire écrasante en 2013, les leaders religieux ont déclaré sur tous les toits qu’ils ne le soutiendront pas à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain. Parce que, disent-ils, il n’a pas tenu ses « promesses électorales ».
Promesses non tenues
Ramener la paix et la sécurité au nord, lutter contre la corruption et le détournement impuni du dénier public, restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, une école performante et apaisée et une justice pour tous, pauvres comme riches…
Telles sont, entre autres, les promesses sur la base desquelles il a été élu, en 2013, avec un score inédit de 77 %. A deux mois de la fin de son quinquennat, la promesse des fleurs n’a pas tenu celle des fruits.
Effritement de la majorité présidentielle
Ensuite, vient l’éclatement de la majorité présidentielle. A l’instar de la CODEM, de l’ADP-Maliba ou du parti SADI… plusieurs partis politiques ont claqué la porte de la majorité présidentielle.
Seul parti politique ayant une assise nationale et encore hésitant à y rester : l’Adema-pasj. Après le refus du Pr Dioncounda Traoré d’endosser les couleurs du parti à la présidentielle du 29 juillet prochain, les militants réclament une candidature interne du parti. A défaut, ils rejettent tout soutien à IBK.
Convaincue que le choix d’un candidat interne s’avère impossible, au regard du temps imparti, la section Adema de Kati aurait, déjà, décidé de soutenir la candidature de Soumaïla Cissé, candidat de l’URD. D’autres soutiens, et des moindres, sont attendus dans les jours à venir. Surtout, du côté de la majorité présidentielle ; mais aussi, d’autres partis politiques, membres ou non, de l’opposition.
Enfin, la forte politisation des Maliens. Grâce au travail des médias, surtout ceux du privé, des activistes et autres chroniqueurs, les Maliens disposent d’une conscience politique très aiguisée. Ils ont pris conscience de leur force et de leur rôle dans la désignation des hommes et des femmes, chargés de gérer leur destin.
A deux petits mois de la présidentielle, ils disposent, déjà, du portrait-robot de l’homme ou de la femme à qui ils voteront. Ceux qui croient que nos concitoyens sont achetables et corvéables à coup de billets de banque se gourent.
Au lendemain du premier tour, ils apprendront, à leurs dépens, que les Maliens de 2018 ne sont pas ceux de 2013.
Déception des Maliens
Après l’avoir vu à l’œuvre, ces cinq dernières années, l’écrasante majorité des Maliens avouent avoir été « déçus » du bilan d’IBK.
L’année 2014 a été décrétée, par le président de la République, « année de lutte contre la corruption et la délinquance financière ». Mais, curieusement, cette même année, 153 milliards CFA ont été passés à la casserole par les « Bouffecrates ». Qui se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles, un cigare au bec.
Trois ans après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, Kidal reste une « République » au sein de notre « Rue publique ». Apanage des seules régions du nord en 2013, l’insécurité a gagné le centre et le sud du pays. Chaque jour que Dieu fait, on enregistre des morts. Par dizaines, civils comme militaires. Près de 500 écoles sont fermées, au nord et au centre du pays. Faute de sécurité. Pire, 2/3 du pays échappe au contrôle de l’Etat.
Une situation, qui pourrait bien profiter au chef de file de l’opposition. Lequel voit, chaque jour, ses rangs grossir par les ex-sympathisants d’IBK.
Oumar Babi
Source: Canard Déchainé