C’est hier, dimanche, que les travaux du 3ème congrès ordinaire de l’Union pour la République et la Démocratie(Urd) ont pris fin. Une occasion saisie par le président de l’Urd et non moins chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, de dénoncer avec la dernière énergie ‘’la mauvaise gestion’’ du pays par le président de la république, Ibrahim Boubacar Kéïta. A l’en croire, le pays va droit au mur. A cet effet, ‘’ il est temps de crier : Stop ! Stop ! Stop !’’
« On a coutume de dire que : ‘’nul n’est prophète chez soi’’. L’Urd a vécu les tristes réalités de cet adage. Notre parti a été voué aux gémonies pour avoir dit non à la dictature, non à la collusion entre le politique, le militaire et le religieux, pour avoir appelé à la solidarité internationale face à une agression inouïe. Ses dirigeants et cadres ont été présentés comme des apatrides, des renégats, ennemis de leur nation et de leur peuple. Vous connaissez les conséquences de cette campagne éhontée faite de diffamation et de lynchage. Mais l’Urd, plus que jamais responsable, ne s’est jamais émue de ces vilenies », plante le décor le président de l’Urd, Soumaïla Cissé. Avant de poursuivre : « et pour cause ! Les souffrances actuelles de notre Nation ne sont-elles pas les conséquences de la gestion hasardeuse imprimée à notre pays du fait d’un choix mal éclairé ? Le Mali semble à l’agonie, asphyxié par l’inertie gouvernementale, la valse-hésitation entre les actions médiatiques ministérielles et réactions de survie, par l’absence de vision diplomatique et la chasse aux privilèges ».
A en croire le président Cissé, le Mali devait être « réparé » d’urgence pour se préparer à un avenir plus stable, plus prospère, plus uni, plus pacifié et plus respecté. « Parce qu’il le méritait au regard de son histoire de ses souffrances, de ses luttes, de ses réussites, de ses talents, de ses traditions, de ses différences et de ses richesses », a-t-il expliqué. Avant de regretter : « le Mali n’est pas ‘’réparé’’, il est déglingué, éparpillé, dispersé, fracturé, éreinté par la pauvreté qui grandit, embourbé dans les affaires cupides, voire mafieuses, spolié dans ses ressources. Le Mali devait avancer à petits pas, il recule à pas de géants. Le Mali ne grandit pas, il régresse vertigineusement ».
« Pourtant, combien de forces vives, combien de jeunes dynamiques, combien de femmes audacieuses, combien d’associations généreuses, combien de militaires dévoués, combien d’entreprises innovantes, combien de commerces inventifs, combien d’enseignants compétents, combien de… ? La liste est incomplète, il y a tant d’énergies humaines dans ce pays à simplement mais véritablement mettre en confiance et en marche, avec un cap défini et partagé, pour que notre pays progresse, grandisse, s’unisse dans l’essentiel. Pourquoi ignorer ce capital ? Pourquoi le laisser désespérer, dépérir, même agoniser ? », s’interroge le président Cissé. Avant de renchérir : « il est temps, grandement temps, urgemment temps de crier : Stop ! Stop ! Stop ! Il est temps, vitalement temps, capitalement temps de reprendre notre destin en mains puisque d’autres nous en infligent un, très sombre. Oui, l’alternative au chaos existe, oui l’alternative à l’implosion existe, oui l’alternative à la spirale de l’échec existe ».
L’Urd, la sentinelle vigilante de la démocratie
Selon le président Cissé, durant ces 15 mois, son parti a travaillé dur, très dur pour prendre toute sa place dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Afin qu’ils gardent espoir, qu’ils relèvent la tête, qu’ils croient quand même à une meilleure vie. « Notre parti, malgré les obstacles, les humiliations, les manipulations et les mensonges, a tenu son rang institutionnel en toutes circonstances, dénonçant les dérives, proposant des projets, initiant une nécessaire motion de censure. Travail parfois obscur, travail souvent empêché, travail toujours sur le terrain, au plus proche des souffrances et des attentes du peuple. N’en déplaise à ceux qui achètent la sympathie ou la courtisanerie, à ceux qui distribuent promesses qui ne contentent que ceux qui les reçoivent, notre parti s’est fait entendre, a été écouté », a-t-il indiqué.
En effet, l’engagement de l’Urd dans l’opposition montre à suffisance une volonté de contribuer à l’édification d’une nation juste et forte parce que véritablement démocratique. Raison pour laquelle, le patron de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, dira qu’aujourd’hui plus que jamais, l’Urd se doit d’être une force de propositions, un garant de l’équité, de la justice, une barrière contre les abus de toutes sortes qui risquent de mener notre pays à la dérive : « notre Mali, je le disais déjà, ne mérite pas ce déclin et encore moins son effondrement. Et certainement pas son éclatement, sa partition. Notre parti, au nom de tous les maliennes et les maliens, et particulièrement pour celles et ceux qui ont cru aux promesses sur le Nord, martelés martialement d’un poing ferme par le candidat devenu président, notre parti défendra avec vigueur et détermination l’unité territoriale du pays dans une paix durable », a martelé le patron de l’Opposition.
Les mauvais constats du régime IBK
Selon l’avis du président de l’Urd, Soumaïla Cissé, à cause de la mauvaise gestion du pays, il se dégage, aujourd’hui, des constats que sont entre autres : une gestion chaotique de l’épidémie de la fièvre Ebola ; beaucoup trop de morts et de blessés sur la déjà trop funeste liste des victimes tombées pour la patrie ; Kidal n’est pas libérée ; l’administration a abandonné les régions du nord ; les trafics mafieux fleurissent ; les groupes terroristes réunissent leurs forces ; l’initiative perdue ; l’état d’insécurité est généralisé dans tout le pays ; la réconciliation nationale et le retour définitif des 140.000 réfugiés dans leurs terroirs, se font attendre ; l’école est en danger ; les négociations d’Alger piétinent ; la mauvaise gouvernance et la corruption sont au cœur de l’Etat ; le favoritisme et le clientélisme sont caractéristiques de la gestion des affaires publiques ; l’Economie malienne est en mauvaise posture ; notre jeunesse s’interroge sur son avenir( elle est en quête permanente d’emplois) ; les inégalités envers les femmes sont criardes ; la confiance de nos partenaires économiques et financiers s’étiole ; la dette intérieure reste très élevée ; l’investissement se fait rare ; le panier de la ménagère est troué de toutes parts ; les dépenses extrabudgétaires sont massives ; la mal-gouvernance est insolente ; la corruption gagne du terrain ; la gestion des finances publiques est calamiteuse ; le Ravec de moins en moins crédible ; les inégalités sociales s’accentuent….
Face à tous ces mauvais constats, le président Cissé dira qu’aujourd’hui nos concitoyens sont choqués, abasourdis par tout ce qui leur arrive en si peu de temps ; eux qui avaient rêvé de lendemains meilleurs, qui avaient repris espoir, quand brusquement l’horizon s’est bouché et l’espoir a fondu au soleil de la mauvaise gestion, des scandales à répétition, des dépenses somptuaires, de l’insécurité et des incertitudes économiques et sociales.
« Même si notre Mali est naufragé. Même si notre Mali risque de couler. Même si la lumière de l’espérance vacille chaque jour. Même si la tempête devient ouragan. Maliennes, maliennes, épouses, sœurs et frères, unissons nos forces, même les plus faibles, pour ne pas sombrer dans les abîmes du désespoir, et croire d’abord en la survie de notre pays et demain en sa vie, dans la solidarité, la justice, la paix et la prospérité », a conclu le président de l’Urd, Soumaïla Cissé.
Aliou Agmour Touré