C’est le 25 mars 2020 que le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé et certains de ses collaborateurs ont été attaqués puis enlevés à Niafunké, alors qu’ils étaient en campagne pour les récentes élections législatives. Le président de l’URD, comme toute la classe politique nationale, se lançait dans un processus électoral, dont il avait reçu les garanties de sécurisation….
Le lendemain de ce rapt, le parti que dirige Soumaïla Cissé, l’URD mettait en place une cellule de crise pour aider à retrouver l’infortuné chef de file de l’opposition et ses camarades. Une déclaration de presse sera ainsi publiée, suivie d’une conférence de presse. Et, après la libération de certains des otages, la cellule de crise de l’URD est remontée au créneau pour communiquer.
C’est une semaine après la prise d’otage que l’Etat mettra en place une cellule de crise, dirigé par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Le décret de création de cette cellule de crise étatique ne surviendra que quelques jours plus tard, suite à l’interpellation de Dr Choguel Kokalla Maïga du MPR. Celui-ci, en tant que président par intérim du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), regroupement d’une partie de l’opposition,(dirigé par Soumaïla Cissé) avait interpellé le chef de l’Etat dans ce sens.
Le 1er vice-président de l’URD, Pr Salikou Sanogo, président de la Cellule de crise du parti, siège au sein de la cellule de l’Etat, dont les réunions suscitent des interrogations et des appréhensions.
D’abord, selon nos sources, la question de moyens et de ressources de cette Cellule se pose avec acuité. Dispose-t-elle de budget lui permettant de faire des investigations pour retrouver les traces d’éventuels ravisseurs du leader de l’opposition ?Sur quels critères cette cellule a-t-elle été composée ? Les membres sont-ils les personnes les mieux qualifiées dans un domaine d’investigations, de renseignements et d’enquêtes ? Quels rapports existent entre la Cellule dirigée par Ousmane Issoufi Maïga dit Pinochet et les services de renseignement ? Un officier supérieur de terrain n’est-il pas plus indiqué pour diriger cette cellule qu’un ex-PM fatigué et de santé fragile comme Pinochet ?
Comment expliquer, fustige une source, que la Cellule de l’Etat n’a pas encore daigné rencontrer les ex-otages, qui avaient été enlevés avec Soumaïla Cissé ? Pourquoi cette cellule s’est-elle alourdie avec des cadres administratifs sans aucun lien avec le terrain sécuritaire ? Qu’est-ce qui explique l’inertie ou l’immobilisme patent constaté dans ce dossier ? Pourquoi la Cellule n’a pas animé, ne serait-ce, qu’un petit point de presse pour dire à l’opinion ce qu’elle tente de faire pour aider à retrouver le chef de file de l’opposition, qui faut-il le rappeler, est une structure institutionnelle de l’Etat? Quelle image présente aujourd’hui la démocratie malienne en l’absence prolongé du chef de file de l’opposition, réélu député lors des dernières élections législatives ? Toutes ces questions méritent réponses de la part des plus hautes autorités du pays.
L’on doit tout de même signaler que lors de certaines de ses récentes sorties, comme lors de son message de la veille de la fête du ramadan, le président IBK avouait l’impuissance de l’Etat.. « Je ne saurai terminer sans un mot à l’égard de mon bien aimé cadet Soumaila Cissé. Qu’elle est grande ma tristesse en le sachant aux mains de ses ravisseurs plutôt que dans sa famille, au milieu des siens: Nous n’avons eu de cesse d’œuvrer à sa libération depuis bientôt deux mois qu’il est détenu… »
Par ailleurs, n’existe-t-il pas dans ce pays une structure stratégique dénommée Haut Représentant du président de la République pour le Centre du Mali ? Pr Dioncounda Traoré poursuit-il sa mission de pacification du centre ? Ne s’est-il pas constitué une équipe pour le retour de la paix et de la quiétude dans la région du centre et ses environs ? Le cercle de Niafunké, où sévissent certains éléments terroristes du Centre ne devrait-il pas susciter l’implication de Pr Dioncounda Traoré et de son équipe ? Ne devraient-ils pas rompre le silence pour édifier l’opinion sur l’enlèvement de Soumaïla Cissé ? Pourquoi ce nuage de silence semblable à une véritable omerta d’Etat ? Il n’est pas trop tôt pour que les voix les plus autorisées brisent la glace des appréhensions, des supputations voire des suspicions plutôt nauséabondes. Le plus tôt sera le mieux, nonobstant le besoin de discrétion qui entoure de tels dossiers.
Baba Djilla SOW