L’ONU a reçu mardi 1er novembre un rapport du général à la retraite Patrick Cammaert sur l’attitude des casques bleus lors des violences de juillet dernier à Juba, au Soudan du Sud. Des soldats gouvernementaux et de l’opposition s’en étaient pris à des sites de protections des civils et à un hôtel abritant des humanitaires et des personnels onusiens. Vingt civils avaient trouvé la mort et deux casques bleus avaient été tués.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Il a déjà coûté sa tête au commandant de la force de la MINUSS, le lieutenant-général Ondieki d’origine kenyane et dont le secrétaire général a demandé expressément la démission.
Car le rapport de 16 pages est absolument dévastateur sur l’attitude des casques bleus de la MINUSS entre le 8 et le 25 juillet dernier, lorsque partisans du président Salva Kiir et de son rival Riek Machar se sont violemment affrontés dans Juba. Des soldats gouvernementaux s’en sont pris notamment à des sites de protection des civils et à l’hôtel du terrain à moins de 2 kilomètres d’un camp de l’ONU.
Sur place, ils ont battu, pillé et violé des civils qui malgré leurs demandes répétées se sont vus refuser l’aide des casques bleus. Alors que l’ONU craignait ces actes de violence, le rapport note un manque de préparation, une réponse inefficace et chaotique, des ordres contradictoires et des bataillons qui ont abandonné leur poste laissant les civils affronter seuls leurs agresseurs.
C’est donc une mission de l’ONU au Soudan du Sud qui a perdu tout crédit qui va devoir maintenant se restructurer avec l’arrivée d’un nouveau commandant et le départ fin novembre de la représentante spéciale du secrétaire général qui a donné sa démission.
L’avenir de la MINUSS en question
Si ce n’est pas une entreprise en règle pour démanteler une mission de maintien de la paix qui n’a jamais été la bienvenue au Soudan du Sud, en tous les cas, cela y ressemble. La MINUSS est aujourd’hui décapitée de deux de ses plus hauts gradés : le commandant des casques bleus a donc été limogé par Ban Ki-moon qui s’est dit affligé des conclusions de l’enquête. La représentante spéciale de l’ONU, elle, avait ainsi déjà pris les devants en annonçant il y a 10 jours sa démission.
Mais si les casques bleus sont les premiers visés, le rapport pointe aussi la responsabilité du Conseil de sécurité qui donne selon une experte « des mandats impossibles à réaliser et pas de moyens ».
La société civile a saisi l’occasion de la sortie de ce rapport pour demander au Conseil de sécurité d’imposer un embargo sur les armes pour empêcher ce type de violence. Mais de l’avis de nombreux experts, les blocages sont encore trop nombreux.
Quant au futur de la MINUSS, il serait étonnant que le Conseil de sécurité annonce son retrait du Soudan du Sud. A deux mois d’un changement d’administration à la tête de l’ONU, il est fort probable que ce dossier sensible soit laissé au prochain secrétaire général Antonio Guterres.
Source: Rfi
