Au Soudan du Sud, la ville de Bor est toujours aux mains des rebelles depuis mercredi 18 décembre au soir. Le gouvernement de Juba l’a officiellement reconnu. Et les affrontements se sont poursuivis toute la journée de ce jeudi 19 décembre, selon plusieurs sources. Des milliers de personnes ont quitté la ville et d’autres se sont réfugiées dans la base de l’ONU, débordée. De son côté, l’organisation Human Rights Watch s’inquiète d’un cycle de vengeances.
Les deux garnisons, Maluaal Caat et Pampandiar, sont aux mains des forces de Peter Gadet ainsi que la ville de Bor, la capitale de l’Etat de Jonglei. Les combats se sont poursuivis toute la journée de jeudi avec les troupes fidèles au président Salva Kiir. Le porte-parole de l’armée, le colonel Philip Aguer, affirmait ce jeudi soir que la situation était confuse et qu’il n’avait pas de bilan ni d’informations précises sur les opérations en cours.
Selon plusieurs sources dont des gens qui ont fui la ville et qui ont pu être contactés par téléphone, Bor a été entièrement désertée de ses habitants. Des milliers de personnes ont fui dans la brousse alentour, sans abri ni nourriture. D’autres se sont réfugiées dans la base de la mission de l’ONU où un obus aurait atterri en fin d’après-midi.
Le gouverneur, le maire et d’autres officiels du gouvernement ont également pris la fuite. L’organisation Human Rights Watch craint, dans un communiqué, un cycle de vengeance incontrôlable, d’autant que le souvenir macabre de novembre 1991 reste encore gravé dans les mémoires. Après la scission du mouvement rebelle SPLA entre la faction de John Garang et celle de Riek Machar et Lam Akol, plus de 2 000 Dinka avaient été tués par les Nuer, dans ce qui a été nommé « le massacre de Bor ».
Depuis dimanche soir, les combats ont fait entre 400 et 500 morts. Les affrontements, qui ont débuté autour de Juba, la capitale, se sont étendus, opposant les partisans de l’ancien vice-président Riek Machar, un Nuer, à ceux du président Salva Kiir, de l’ethnie Dinka, majoritaire dans le pays.
ANALYSE : Jeux d’alliances
C’est un homme résolu à en finir avec son adversaire qui a désormais pris le maquis. Riek Machar ne veut négocier qu’une chose avec Salva Kiir : les conditions de son départ du pouvoir.
Puisqu’il ne semble pas vouloir partir, Reik Machar appelle ses camarades au sein de l’armée populaire du Soudan à faire le travail et à le renverser. Riek Machar est d’autant plus dangereux pour le président en place qu’il a reçu le soutien de Peter Gadet et de ses hommes. Peter Gadet a d’ores et déjà chassé les militaires loyalistes de la ville de Bor. Avec Gadet ce sont aussi des soldats d’ethnie Dinka qui rejoignent les Nuer de Riek Machar. Ce qui a pour conséquence d’affaiblir un peu plus le camp du président.
Mais les deux hommes ont-ils cependant les moyens de vaincre militairement Salva Kiir ? Pour l’instant, le rapport de force sur le terrain est peu clair. Cependant la double explosion du régime et du parti au pouvoir est en train de provoquer une série d’incendies dans plusieurs des dix Etats qui composent le Soudan du Sud : des attaques tribales ou ciblées contre les intérêts pétroliers, des clashs de nature ethnique qui pourraient engendrer une situation de chaos. Une situation que le président Salva Kiir aurait beaucoup de mal à contrôler.
Source : RFI