A Sotuba, commune I du district de Bamako, un arrêt de la Cour suprême a ordonné la démolition des maisons des 300 familles qui occupent les lieux depuis 2004 sur autorisation des autorités de l’époque. Dans cette affaire, les 300 familles, qui dénoncent la partialité de la Cour suprême, sont sur le pied de guerre. Elles demandent une intervention rapide des plus hautes autorités du pays dont le président de la République.
C’est le 2 avril 2004 que le ministre des Domaines de l’Etat et des affaires foncières de l’époque Boubacar Sidiki Touré a donné son autorisation au président de la délégation spéciale de la mairie de la commune I du district de Bamako de recaser les 300 familles sur une superficie de 16 hectares à prélever du titre foncier 187 à Sotuba. La décision gouvernementale a permis aux 300 bénéficiaires d’habiter les lieux en construisant des maisons, des écoles et un centre de santé communautaire.
15 ans après, la quiétude des familles recasées est troublée par une dame nommée Niamakoro Coulibaly qui réclame un droit coutumier sur la zone qui serait la propriété de son père. Selon les occupants des lieux, à tous les niveaux judiciaires, la dame a été déboutée. Par contre, expliquent-ils, c’est seulement au niveau de la Cour suprême qu’elle a eu gain de cause. « Nous ne savons pas comment », s’indignent les occupants.
Le mercredi dernier, les 300 occupants ont été sommés par la justice de déguerpir, dans deux jours, des lieux. Lors d’une assemblée générale, le samedi dernier, les occupants ont décidé de ne pas bouger d’un iota. Ils sont aujourd’hui sur le pied de guerre : « Si l’Etat ne veut pas créer une autre tension sociale qu’il s’occupe de ce dossier car dans chaque famille, il y a au moins 7 personnes, ce qui fait en tout plus de 2000 personnes. Mettre tous ces gens dans la rue au profit d’une seule personne à cause d’une décision de justice contestée revient à dire que nous ne sommes pas dans un Etat de droit. Et si l’Etat ne veut pas s’assumer dans ce dossier nous-mêmes nous allons prendre nos responsabilités. Ce qui veut dire qu’ils vont marcher sur nos cadavres pour nous faire sortir. Les dégâts que pourraient occasionner la démolition de nos maisons s’élèvent à plus de 20 milliards de FCFA sans tenir compte des milliers de sans abris.»
Aujourd’hui, les 300 familles exigent une intervention rapide du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta dans le dossier. « Il doit mener ses propres enquêtes afin d’éviter une autre tension sociale provoquée par cet arrêt de la Cour suprême dont seul le président Nouhoum Tapily et ses conseillers connaissent les vraies raisons », selon les occupants.
Source: Le Républicain