En marge du sommet virtuel des chefs d’Etats du G5-Sahel, le Président nigérien, Mohamed Bazoum n’a pas manqué d’écorcher la junte militaire au pouvoir au Mali, qui a perpétré deux coups d’état en l’espace de six mois.
« Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front » a fustigé le Président du Niger lors d’un point de presse à l’Elysée. Le successeur de Mahamadou Ousmane qui a prêté serment le 2 avril 2021, a déversé sa colère sur la junte militaire malienne dirigée par le Colonel Assimi Goïta, le tombeur d’Ibrahim Boubacar Keita (démocratiquement élu) puis du Colonel-major à la retraite, Bah N’Daw désigné par les chefs d’Eta de la Cédéao pour diriger la transition.
C’est à Paris précisément à l’Elysée que M. Bazoum règle ses comptes avec la junte militaire malienne malgré les différents sommets de la Cédéao tenus sur le Mali.
« Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que des Colonels deviennent des ministres et des chefs d’Etat. Qui va faire la guerre à leur place ? », a dénoncé M. Bazoum lors d’une conférence de presse conjointe avec Macron à l’Elysée. Alors que Paris n’arrive toujours pas à digérer le fait qu’Assimi Goïta dirige la transition. Certains internautes sont allés jusqu’à dire que c’est Paris qui est dernière ces propos tenus par Bazoum.
Mais le hic est que Bazoum oublie que la continuité politique dont il est héritier aujourd’hui est issue d’un coup d’Etat perpétré en février 2010 par le commandant Salou Djibo contre un Président élu et que son prédécesseur a échappé à quatre tentatives de coups d’Etat dont le dernier date de 24h avant son investiture.
Comme l’a dit l’ancien Président malien Alpha Oumar Konaré, « il n’y a pas un bon ou mauvais coup d’Etat. Tout coup d’Etat égal coup d’Etat ».
Mais il y a de ces coups d’Etat qui font renaître une nation en décadence. Aujourd’hui, tout le monde parle du Ghana qui apporte la stabilité et la sécurité à ses citoyens, avec de solides institutions démocratiques, des élections libres et transparentes, une tradition de l’alternance pacifique au pouvoir, un multipartisme vivant et une pluralité religieuse apaisée. Tous ces mécanismes sont dus à une série de coups d’Etat menés par Jerry John Rawlings qui a mis un coup d’arrêt à la descente aux enfers de cette nation qui est le Ghana. Il a redressé le pays, l’a doté d’institutions solides, avant d’instaurer la démocratie. Ce qui fait qu’aujourd’hui même si le diable en personne venait à se retrouver au pouvoir au Ghana, il ne serait pas en mesure de faire ce qu’il veut, mais bien ce que veut le peuple ghanéen.
Ousmane Mahamane
Source :Mali Tribune