Une Afrique plus solidaire et des Nations unies plus audacieuses, ce sont les engagements pris samedi, à Addis-Abeba, à la veille du 33e sommet de l’UA, en faveur des pays du G5 Sahel. Lors de ce Conseil paix et sécurité, un forum de réconciliation inter-libyen a en outre été mis sur pied.
Avec nos envoyés spéciaux à Addis-Abeba, Christophe Boisbouvier et Carine Frenk
Sur le Sahel, il y a des appels forts à la solidarité de la part des chefs d’État du G5 Sahel. « Il ne suffit pas de nous offrir un soutien politique, il faut aussi que l’on nous donne un soutien militaire et financier. Il faut franchir le rubicond », a lancé ce samedi soir à Addis-Abeba le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré qui préside actuellement le G5 Sahel.
Il faut quitter les sentiers battus pour que nous puissions montrer la solidarité, aussi bien financière que dans l’action de la lutte contre le terrorisme.
« Ce sont des occasions pour nous de nous féliciter de la vivacité de la solidarité autour de nos États, mais qui ne sauraient suffire, prévient de son côté le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Nous sommes, dans ce Sahel-là, en devoir du monde : il s’agit d’un choix de vie, de civilisation. Ce qui est en cours au Sahel heurte toutes nos valeurs : quand la mort devient le but ultime d’un combat, ce n’est pas des valeurs dans lesquelles je me reconnais. Or c’est le cas aujourd’hui : quand on vient dans une mosquée et qu’on y déclenche la mort, quand on va sur les marchés, lieux de convivialité dans le Sahel, qu’on y sème également la mort et la terreur. Donc nous sommes en devoir de l’ensemble ces valeurs-là. Cette mission mérite donc d’être accompagnée pour que nous puissions bouter ces gens-là or du Sahel. »
Il y a eu aussi le SOS du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui ce samedi après-midi, au siège de l’Union africaine, a demandé que les forces de paix disposent désormais d’un mandat beaucoup plus robuste de la part du Conseil de sécurité et disposent d’un financement pérenne. Un appel transparent à l’Américain Donald Trump.
Concrètement, le nouveau président en exercice de l’Union africaine, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa devrait organiser en mai prochain à Pretoria un sommet extraordinaire sur la lutte contre le terrorisme à l’échelle du continent.
Libye: vers un forum « inclusif » en terre africaine, l’ONU valide
Sur la Libye, l’Union africaine veut porter une autre voix et propose un autre chemin pour résoudre ce conflit. Cela passe, expliquent plusieurs diplomates africains, par un véritable accord de cessez-le-feu, la fin des ingérences, etc. Mais aussi et surtout par un grand forum de réconciliation inter-libyen. « Aujourd’hui, le processus qui est conduit par les Nations unies ne concerne que les deux belligérants et leurs parrains respectifs, or si l’on veut aboutir à une paix durable, il faut inclure d’autres acteurs », précise un haut diplomate qui cite les partisans de l’ancien régime, les khadafistes mais aussi les grandes tribues et la société civile.
Le Conseil paix et sécurité a procédé à la mise sur rails ce grand forum de réconciliation qui se tiendra en terres africaines. Est-ce qu’il aura lieu à Alger comme le propose Abdelmajid Tebboune ou à Addis-Abeba comme le suggère Denis Sassou-Nguesso ? « C’est le comité préparatoire qui en décidera », annonce ce samedi soir le président du Congo-Brazzaville, qui insiste lui aussi sur la nécessaire inclusivité de ce forum.
À Berlin, il a été clairement décidé que c’est l’Afrique qui devrait organiser la conférence de paix et de réconciliation inter-libyenne inclusive.
Un peu plus tôt dans la journée, le secrétaire général des Nations unies a annoncé que l’ONU soutenait cette initiative africaine, signe que les relations s’améliorent entre deux organisations sur le dossier libyen.
RFI