À la veille de son 3ème Congrès ordinaire prévu pour les 22 et 23 novembre 2014, le bureau exécutif de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) a donné sa position sur les questions d’intérêt national. Il s’agit, entre autres de l’état des négociations entre le gouvernement et les groupes armés du Nord, de l’acquisition de l’avion présidentiel, la dérive mafieuse de certains marchés d’Etat dont celui du ministère de la Défense, la politisation ostentatoire de l’administration et la gestion chaotique de l’épidémie Ebola.
C’était lors d’une conférence de presse animée mercredi 19 novembre 2014 au Cicb par le parrain du parti, l’honorable Soumaïla Cissé. Il avait à ses côtés l’honorable Mody N’Diaye, président du groupe parlementaire Vrd ; Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, 4ème vice-présidente du parti ; Mme Haïdara Oumou Touré, 2ème vice-présidente du bureau des femmes.
Longtemps critiqué pour son silence assourdissant face aux sujets d’intérêt national et aux déboires du régime d’IBK, le parrain de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) et non moins chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, vient de sortir de son mutisme. Face aux journalistes, il a non seulement accablé le gouvernement pour ses nombreuses dérives, mais a fait aussi des propositions pour le redressement du pays.
En effet, avec ses 2200 conseillers municipaux, 141 maires, 14 conseillers nationaux, 13 présidents de conseil de cercle, 1 président d’Assemblée régionale, 17 députés à l’Assemblée nationale, le parti de la poignée de main estime que les défis à relever sont multiples et complexes et ne peut plus supporter le mensonge, le maquillage médiatique et la fuite en avant. Selon l’honorable Soumaïla Cissé, les généreuses promesses d’hier ne sont nullement concrétisées aujourd’hui. À l’en croire, la corruption et la concussion se propagent ; le népotisme, le clientélisme et le favoritisme s’accélèrent ; la gabegie financière et le gaspillage des ressources prospèrent. «La spirale des perversions et malversations en tous genres et en tous lieux semble cyclonique», a-t-il déclaré.
S’exprimant sur l’épidémie Ebola, l’honorable Cissé s’est posé un certain nombre de questions, notamment sur le laxisme de nos autorités face aux risques potentiels d’introduction du virus par les personnes provenant des pays ravagés par le fléau et la prise tardive des mesures d’urgence pour contrôler les passages frontaliers routiers. C’est pourquoi, constatant que tous les cas avérés sont venus de la Guinée Conakry, l’Urd demande au président IBK de fermer, durant un mois, nos frontières avec ce pays, le temps d’équiper plus sérieusement et plus efficacement les personnels de santé se trouvant aux postes frontaliers et dans les différents centres de santé du pays.
Actualité oblige, la question de sécurité a été abordée par le député élu à Niafunké. Sur cette épineuse question, l’honorable Cissé a souligné que l’insécurité généralisée et grandissante est gravement observée dans tout le pays. Selon lui, elle affecte dangereusement la paix sociale et annihile tout effort de développement et d’épanouissement des entreprises. Fort de ce constat, l’Urd estime que la restructuration des forces armées et de sécurité s’impose et demande au président IBK l’adoption de la loi de programmation militaire toujours attendue.
Dénonçant aussi le silence assourdissant du président IBK et de son gouvernement face à la situation des 140 000 réfugiés maliens se trouvant dans les pays voisins, dont 53 969 en Mauritanie, 51 350 au Niger, 33 025 au Burkina Faso et 1500 en Algérie, l’Urd a fait savoir qu’il ne saurait avoir de véritable réconciliation nationale sans justice et qu’il ne saurait avoir de paix sans justice.
À propos des pourparlers d’Alger, le parti de la poignée de main considère que le document présenté par la médiation comporte des faiblesses et le rejette, soulignant que quatre points contenus dans ledit document sont inacceptables. Il s’agit des notions de «zone de développement des régions du Nord et de régions intégrées», de «représentation des communautés du Nord au niveau national» et de «répartition des pouvoirs entre l’Etat et les régions» et de «gestion de la sécurité après l’accord».
Aussi, déclare Soumaïla Cissé, la mauvaise gouvernance et la corruption au cœur de l’Etat préoccupent l’Urd, surtout après les scandales financiers découverts dans l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires. Compte tenu de la gravité des faits qualifiés de malversations par le FMI, faits inédits, selon l’honorable Cissé, ayant entraîné la suspension de la coopération avec les partenaires, l’Urd exige du président IBK de traduire devant la justice toutes les personnes impliquées et d’en tirer toutes les conséquences.
Indigné par le favoritisme et le clientélisme au cœur de la gestion des affaires publiques, le parrain de l’Urd estime que depuis l’élection du président IBK, «force est de constater que l’administration malienne subit un véritable choc lié à une politisation à outrance qui se traduit par le remplacement systématique des cadres les plus compétents par des militants Rpm au mépris du professionnalisme et de la compétence». Selon Soumaïla Cissé, les cadres de l’opposition sont systématiquement relevés de leur fonction en violation flagrante de la loi n°00-07 AN/RM du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition et des critères de rigueur, de compétence, d’expérience et d’honnêteté.
S’agissant de l’école malienne, le chef de file de l’opposition a déclaré que dans l’histoire du Mali contemporain, «jamais examens de Def et de Baccalauréat n’ont été souillés à cause des fuites de sujets cette année».
Enfin, décriant l’absence de leaders politiques (exception faite de lui et de l’honorable Oumar Mariko) à l’Assemblée nationale, le parrain de l’Urd propose un plan Marshall pour un investissement massif pour le développement des régions défavorisées.
Drissa Tiéné