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Situation socio-sécuritaire dans le centre: ATEM tire la sonnette d’alarme

L’espoir né de la dernière visite du Premier ministre et des initiatives de dialogue communautaire est en train de s’effondrer comme un château de sable. Et pour cause ! Après les concertations, ni le gouvernement ni la MINUSMA, à travers son nouveau mandat, n’arrivent à prendre des dispositions pour permettre aux populations de pouvoir continuer à cultiver. Face à la reprise des attaques, dans une récente déclaration signée de son président, ce 20 août 2019, le Mouvement ATEM a tiré la sonnette d’alarme.

En plus des forces armées et de sécurité du Mali, le mandat renouvelé de la MINUSMA en juin dernier devait lui permettre d’appuyer la paix et la sécurité dans le pays dogon. Mais hélas ! Au-delà des discours, les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes. C’est du moins, le constat des responsables du Mouvement ATEM (qui signifie en langue locale dogon notre Tradition), lesquels appellent au déploiement rapide de l’armée pour sécuriser les personnes et leurs biens, conformément à sa mission régalienne.
« Le mouvement ATEM porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que la situation socio-sécuritaire dans le centre du Mali et particulièrement dans la zone du Pays Dogon reste très préoccupante malgré les efforts du gouvernement à travers l’initiative de dialogue et concertation à la base et le déploiement progressif des forces de sécurités et de défense », constate le mouvement dans sa déclaration.

Multiplication des attaques
Toutefois, ATEM salue l’initiative de dialogue à la base voulue par le gouvernement tout en regrettant l’exclusion de certaines couches et acteurs de la crise involontairement ou délibérément aux concertations et dialogues. Ainsi, il invite le gouvernement à rendre plus inclusif le processus afin d’intégrer les points de vues de l’ensemble des populations vivantes dans le centre du pays pour la résolution totale et durable des conflits qui sont de nature multiforme et pluriels.
« Les espoirs des populations du pays Dogon né de l’initiative gouvernementale ont été malheureusement anéantis par les multiples attaques dont le plus marquant est la destruction totale du village de Lampiara faisant plusieurs morts, blessés et déplacés, dans la commune de Socoura cercle de Bankass. Alors qu’au même moment, le Premier ministre était en visite dans la région de Mopti. Un facteur aggravant est que ces actes terroristes n’ont même pas fait l’objet d’une condamnation officielle », déplore le Mouvement ATEM.
Selon les responsables de ce mouvement, au cours des trois dernières semaines, des attaques de villages se sont multipliées avec pillages et exécutions de paysans et de bergers appartenant à la communauté Dogon. Ainsi, plus d’une quarantaine de personnes ont été tuées, avec son lot de déplacés et de milliers de têtes de bétail a été emporté.
Renforcement du terrorisme et de ses moyens
Ce qui est plus préoccupant pour ces populations terrorisées, c’est que les pillages des ressources des paisibles populations contribuent à renforcer l’arsenal des jihadistes qui opèrent dans la zone. En effet, selon ATEM, leur ‘’butin est consommé et vendu par ces terroristes leur permettant d’acheter des armes et de financer l’exploitation et la logistique de leur terreur, contre des populations qui sont, du reste, engagées dans la recherche de la paix, de la cohésion sociale intercommunautaire’’.
Le mouvement constate que plusieurs villages sont encore victimes d’un état de siège par des groupes armés terroristes peulhs ‘’dans le seul but d’entraver aux activités génératrices de revenus, avec entre autres pour finalité de les expulser hors de leur terroir. C’est ainsi qu’ils ont détruit les services sociaux de base (centres de santé, écoles, services de l’administration, etc.) dans plusieurs localités’’.

Deux poids, deux mesures
Au sein de la communauté dogon, le gouvernement est de plus en plus indexé pour sa volonté de pratiquer une politique de deux poids, deux mesures. Ainsi, des populations qui sont « dans la recherche du vivre ensemble », un processus engagé par le Gouvernement, constatent que celui-ci est et surtout en mal de mise en œuvre.
« Pendant ce temps, le mouvement ATEM constate le désarmement systématique des groupes d’auto-défense des villages par les FAMA alors même qu’elles ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité des villages désarmés. Le cas le plus dramatique est celui de Djoundioulou, dans la commune de Doucombo, cercle de Bandiagara. Après avoir été désarmé par les FAMA, la veille de la fête de Tabaski 2019, trois jours après tout le village a été décimé par des groupes terroristes Peulhs », indique ATEM dans sa déclaration.
S’inclinant devant la mémoire de toutes les victimes innocentes de cette crise quel que soit leur communauté d’appartenance, le Mouvement ATEM proteste et condamne de telles pratiques de la part des FAMA, dont la mission est, à sa compréhension, la protection des personnes et de leurs biens.
Au regard de la situation déplorable qui prévaut sur le terrain, ATEM prévient les Nations Unies, à travers la MINUSMA, l’Union européenne et singulièrement la France contre un grand risque ‘’d’épuration ethnique programmée visant la communauté Dogon, sachant que de nombreuses conventions internationales protègent les minorités ethniques’’.
Aussi, interpelle-t-il les organisations d’assistance humanitaires sur la gravité de la situation humanitaire dont les cas les plus dramatiques sont ceux des villages assiégés dans les communes de Mondoro et Dioungani et ce, depuis 2016. Cette situation a engendré plusieurs centaines de victimes sans véritablement être prise en charge ni par le Gouvernement du Mali, encore moins par la MINUSMA et les organisations humanitaires.

Un personnel militaire exclusivement dédié à Mopti
Diverses solutions ont été proposées et mises en œuvre par le gouvernement et d’autres organisations. Toutefois, les problèmes persistent et sont même aggravants.
Pour sortir du cycle infernal de tueries, de vols de bétails, de déplacement de masse dans lequel le pays Dogon est plongé, le Mouvement ATEM :
•exhorte le gouvernement à continuer avec le processus de dialogue en le rendant plus inclusif et plus soutenu dans le temps. Ceci passe prioritairement par l’identification des groupes armés qui s’affrontent, en initiant des discussions directes entre groupes armés avec comme maître d’œuvre les autorités coutumières, politiques, religieuses et administratives légitimes des différents terroirs ;
•exige la protection de toutes les populations et de leurs biens. À court terme, un meilleur redéploiement et une formation continue des FAMA. À moyen terme, un recrutement d’un personnel militaire dédié exclusivement à la sécurité de la région de Mopti ;
•sollicite les organisations humanitaires à une plus grande mobilisation de ressources financières, matérielles et humaines pour faire face aux besoins des services sociaux de base, mais surtout à la prise en charge des besoins quotidiens alimentaires et sanitaires des populations qui ont tout perdu. Cette solution pourra se concrétiser par la création davantage de centres ayant les commodités humanitaires répondant aux normes internationales et donc en plus sécuritaires.
Pour rappel, le Mouvement ATEM ambitionne de rassembler toutes les communautés vivantes au pays Dogon autour de leurs valeurs ancestrales qui garantissent leur identité collective et la cohésion sociale, fondement nécessaire et indispensable à la préservation de l’intégrité et de l’unité de notre pays.
Par Sidi DAO

Source: info-matin

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