La lutte contre le terrorisme n’est pas que militaire. Le combat se mène aussi et surtout sur le plan idéologique. La communication y joue un rôle prépondérant. En dépit des attaques terroristes qui frappent le Mali, la communication tant politique que institutionnelle cherche toujours et désespérément ses repères.
Pendant que le gouvernement s’enferme dans une communication routinière et sans âme, l’opposition elle, s’adonne à des incantations ou autres procès en sorcellerie sans mise en perspective réelle des évènements. C’est un véritable psychodrame national ! La communication est une science. Elle ne saurait donc se faire au gré des humeurs du moment ou au petit bonhomme la chance. « Si vous faites ce que vous avez toujours fait, vous obtiendrez ce que vous avez toujours obtenu. »TONY ROBBINS. Vérité en deçà des Pyrénées. Vérité au delà. La loi est implacable. Les chats ne font pas des chiens et vice-versa. La vie étant mouvement, dynamique, il faut nécessairement être proactif et ne pas se contenter de subir fatalement les évènements. Face à une opinion de plus en plus versatile, facilement manipulable, la communication devient un enjeu majeur de gouvernance. Bien communiquer devient un impératif catégorique dans un contexte d’attaques terroristes tout azimut. Au Mali, la communication de crise et la communication politique dans son ensemble apparaissent comme des tares congénitales des différents régimes qui se succèdent. La survenue du coup d’Etat du 22 mars 2012 est par exemple fortement tributaire de nombreuses et impardonnables erreurs de management et de communication.
Les derniers mois du règne d’Amadou Toumani Touré ont été marqués par plusieurs défaillances communicationnelles ayant précipité sa chute. Il en est ainsi du flou artistique entretenu sur la révision constitutionnelle actuelle, de sa propension à accorder la primeur de certaines informations aux médias internationaux contribuant ainsi à infantiliser les médias maliens, de l’arrogance de son entourage, du culte de la personnalité, des déclarations polémiques. Dans ce registre, on retrouve les fils Kéita et ses nombreux activistes, qui sont payés pour la cause à cours de millions. A ce jour, le Mali ne dispose pas d’une stratégie claire de communication en matière de lutte contre le terrorisme. La navigation semble se faire à vue. Après chaque attaque terroriste, la communication gouvernementale ou les services de communication des forces Armées se contentent de communiqués laconiques. Les citoyens en sont tellement habitués qu’ils tournent parfois ces communiqués en dérision en imaginant déjà leur contenu sur les réseaux sociaux avant la publication officielle.
Dans ce contexte, le message perd de sa valeur, de sa crédibilité et devient totalement inopérant. D’ailleurs, comme le martèle Dominique Wolton « Informer, ce n’est pas communiquer ! ».
La bataille pour la communication a pris une autre dimension. Il ne suffit plus d’établir de bonnes relations avec les journalistes sur le terrain, en leur fournissant de bons communiqués. La lutte se développe aussi en amont, dans la préparation, la justification, l’argumentation et le cadrage. Elle se poursuit en aval dans la circulation et l’interprétation d’images dont les États et leurs grands médias n’ont plus nécessairement le monopole. Les règles du temps changent, avec une propagation quasi instantanée. Les règles de l’espace aussi puisque la planète entière vit en « live » ce qui se passe sur le terrain.
A.D
Source: Le Point du Mali