La capitale sénégalaise, Dakar, a abrité ce week-end, la 49 ème session de la CEDEAO et la Conférence extraordinaire de l’UEMOA. Rentré desdits rendez-vous dans la soirée de dimanche 5 juin 2016, le Président du Faso, Roch Kaboré, a tenu un point de presse au cours duquel, il est revenu sur des détails relatifs à l’ancien Premier ministre, Isaac Yacouba Zida.

Selon le Président du Faso, ces rendez-vous ont permis d’accueillir de nouvelles personnalités (Patrice Talon, Président nouvellement élu du Béninois ; la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, hérite désormais de la présidence de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en remplacement du Président sénégalais Macky Sall, et l’installation du nouveau président de la Commission de la CEDEAO, Marcel Alain de Souza, en remplacement de Kadré Désiré Ouédraogo). Ce fut également une occasion pour reconnaître « l’avancée démocratique » constatée dans la région. « La démocratie est en bonne voie », a noté Roch Kaboré, saluant le succès démocratique et le déroulement paisible des élections.

Sur la vie de la CEDEAO, le Président du Faso a relevé que la chute du cours du pétrole et des matières premières a eu un impact négatif sur la croissance dans l’espace.

Le tarif extérieur commun (TEC) a été l’un des sujets abordés par le sommet et sur la question, Roch Kaboré a révélé que sur les quinze Etats-membres, seuls neuf ont commencé à l’appliquer. Il a également été question, au cours de la session, des « prélèvements communautaires » qui visent à faire fonctionner l’organisation. Mais, dit-il, le constat fait ressortir que des Etats ne respectent pas ces engagements depuis plusieurs années maintenant. Pourtant, cela est important pour faire fonctionner l’organisation. C’est pourquoi il a fait une mention spéciale au Nigéria qui a contribué à hauteur de 50 millions de dollars. Même si, précise-t-il, la dette globale de ce pays vis-à-vis de la CEDEAO s’élève à 300 millions de dollars.

Comme il fallait s’y attendre, la sécurité était aussi au centre des échanges des dirigeants de la sous-région pour qui, il faut mutualiser les efforts pour faire face à la menace terroriste. Et à ce sujet, la nouvelle présidente en exercice de la CEDEAO, Ellen Johnson Sirleaf, a proposé qu’une force régionale soit mise en place. Pendant ce temps, le Burkina entend redéployer ses troupes au Mali vers ses frontières nord dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Aucune décision particulière n’a été prise sur la question qui est en étude. Je ne pourrai pas vous dire que le Burkina Faso enverra des troupes dans ce sens », a informé le Président Roch Kaboré.

Cas Isaac Yacouba Zida …

Réagissant sur la situation de l’ex-Premier ministre, Isaac Yacouba Zida (question abordée à Dakar au cours de ses échanges avec les Burkinabè y vivant), le Président du Faso a rappelé que l’autorisation d’absence de deux semaines que l’intéressé a demandée est arrivée à échéance depuis le 19 février 2016. Et depuis lors, le général de division n’est toujours pas rentré au pays. « Quand on assume des responsabilités à un certain niveau, on a un devoir de rendre compte » a rappelé Roch Kaboré à ce sujet, soulignant avoir échangé avec M. Zida sur la nécessité de faire le point sur sa gestion à la Présidence et à la Primature avant de prendre les congés. Mais, poursuit-il, celui-ci a insisté pour « aller voir sa famille au Canada ». « …. Je lui ai dit qu’il était important qu’il reste et qu’il prépare ses réponses avant de partir. Il a insisté pour me dire qu’il n’avait pas vu sa famille il y a longtemps et qu’il voulait deux semaines pour y aller et qu’il serait de retour », explique le Président Kaboré. Pour lui donc, il est « indispensable et obligatoire » que le général de division rentre pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Tout en évitant de parler d’ « ultimatum », le Président du Faso, par ailleurs ministre de la défense, rappelle qu’« il y a des règles primaires qui sont là et que, si elles ne sont pas respectées, nous sommes obligés de considérer que c’est une désertion en période de paix ».

Le Président du Faso a, en outre, révélé qu’une lettre émanant du ministre de la défense a été remise main à main à M. Zida via la représentation diplomatique au Canada afin qu’il s’exécute… « Nous avons reçu une lettre du Premier ministre nous demandant de le mettre en position d’évacuation sanitaire », a dévoilé Roch Kaboré avant d’exprimer son étonnement : « Nous n’avons pas de dossier médical…, de quelle maladie s’agit-il ? Nous ne savons pas ». Tout en lui souhaitant prompt rétablissement, M. Kaboré estime que ce n’est pas la bonne procédure pour faire trainer inutilement les situations.

Sur la possibilité d’une demande de rapatriement, le ministre de défense estime qu’il s’agit d’une question de justice et qu’on n’en est pas encore là.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net