C’est ce que révèle un rapport sur la situation des enfants au Sahel élaboré récemment par l’ONG Plan International. En effet, la crise humanitaire qui se profile au Sahel est l’une des plus graves jamais constatée dans le monde. En effet, plus de 13,4 M de personnes, dont 7,2 M d’enfants vivant au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.
Dans le même document, il est aussi indiqué que les violences de » genre « , les mariages d’enfants et les grossesses précoces menacent gravement les filles et les adolescentes qui se retrouvent déscolarisées et traumatisées par la crise. Ainsi, 4 M d’entre elles sont contraintes d’abandonner l’école en raison des attaques de groupes terroristes et de la pandémie de Covid-19.
Dans la même région, on constate également qu’environ 1/3 des filles n’ont jamais fréquenté l’école ou y sont allées pendant une année seulement. Les filles sont 2,5 fois plus susceptibles de se retrouver déscolarisées dans les pays touchés par les conflits dans le monde. En dehors de l’école, les filles et les adolescentes restent très exposées aux risques de violences domestiques et sexuelles, de grossesses à la suite de viols et de mariages forcés. C’est ainsi que l’ONG Plan International a demandé aux gouvernements des pays concernés de maintenir impérativement un accès sécurisé à l’éducation en période de conflits armés et prendre en compte les besoins spécifiques des adolescentes et des filles. Il s’agira aussi pour eux de les écouter et de les faire participer à la mise en œuvre des réponses d’urgence.
Le rapport relève aussi que plus de 4 000 écoles ont fermé en 2020 au Sahel central. Les enfants se retrouvent forcés de parcourir de longues distances pour trouver d’autres établissements et, fréquemment, de rester loin de chez eux. Une solution irréalisable pour les parents des filles, tellement le risque de violences pèse sur leur quotidien. Certaines adolescentes interrogées dans l’élaboration de ce document ont indiqué que ce ne sont pas seulement le conflit, la pauvreté et l’insécurité qui ont un impact sur leur scolarité, mais c’est aussi la persistance des stéréotypes de genre. Dès la puberté, elles doivent rester à la maison sous le contrôle d’un membre de la famille pour les empêcher de fréquenter des garçons. Et souvent, elles sont données en mariage dès l’âge de 13 ou 14 ans. Ainsi, au Mali, il a été constaté que 50 % des femmes de 20 à 24 ans se marient avant 18 ans au Mali. 18 % s’y retrouvent contraintes avant 15 ans. Aussi, plus d’1/3 des filles au Mali (37 %) et au Burkina Faso (34,4 %) déclarent travailler pour gagner juste de quoi survivre dans un contexte où les risques d’attaques terroristes perturbent les marchés locaux et les empêchent de maintenir leur petit commerce.
Par ailleurs, signalons que 1,1 M d’enfants ont été déplacés de force et vivent traumatisés par les actes de violence auxquels ils/elles ont assisté. Depuis 3 ans (2017), le nombre de fermetures d’écoles au Sahel a été multiplié par 7. En cause : les attaques armées contre l’éducation. Les incidents signalés relèvent d’enlèvements, d’incendies criminels, de pillages d’écoles, de menaces et de meurtres d’enseignants. On relève que plus de 85 attaques contre des écoles enregistrées entre janvier et juillet 2020 au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Sans compter le fait que 27 attaques contre des collèges ont été signalées pendant les examens de juin 2020 au Mali.
A signaler également que le nombre de familles confrontées à la faim a triplé depuis 2018. 7,4 M de personnes au Mali, au Burkina Faso et au Niger ne savent pas d’où viendra leur prochain repas (soit une augmentation de 225 % au Burkina Faso, de 91 % au Mali et de 77 % au Niger par rapport à la moyenne des 5 dernières années).
Les enfants sont les premières victimes de la crise au Sahel dans la mesure où 7,2 millions d’enfants, sur un total de 13,4 M de personnes, ont besoin d’assistance humanitaire (nourriture, refuge, accès à l’eau propre, soins de santé, éducation). Parmi eux, 5,9 millions se trouvent au Mali. La zone compte actuellement 1 684 644 personnes déplacées internes identifiées (Burkina Faso : 1 074 993 / Mali : 311 193 / Niger : 298 458) Décembre 2020, selon Plan International
M.D
Source : l’Indépendant