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Situation économique et financière 2016: ce que dit le FMI

Le 2 Décembre 2016, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), a achevé la sixième revue des résultats enregistrés par le Mali au titre du programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC). Cette décision permet le décaissement immédiat, en faveur de notre pays, de 19 millions de DTS (soit environ 13 milliards de FCFA). Ce montant porte le total des décaissements au titre du programme à ce jour à 60 millions de DTS (soit environ 40,650 milliards de FCFA).

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La décision du conseil d’administration du FMI, suivant la procédure du défaut d’opposition, a aussi approuvé la requête du gouvernement pour une modification d’un critère de réalisation continu du programme relatif au plafond d’endettement sur la dette externe non-concessionnelle. Et pour cause !

Le Fonds monétaire international (FMI) juge en effet que notre économie continue de croître à un rythme soutenu, avec une croissance prévue du PIB de 5,4 % pour 2016 et de 5,3 % pour 2017. L’activité économique est soutenue à la fois par les dépenses d’investissement publiques et la politique accommodante de la banque centrale régionale (BCEAO). Pour le FMI, l’inflation devrait diminuer à 0,5 % d’ici la fin ce mois de décembre et devrait rester contenue à 1 % pour notre pays.
Toutefois, avertit le FMI, ces perspectives favorables sont cependant soumises à des risques à la baisse résultant principalement de la fragilité de la situation sécuritaire que nous connaissons.

Satisfecit renouvelé
Pour le FMI, le gouvernement a mis en œuvre, de façon satisfaisante, le programme souscrit. Toutes choses qui ont permis au conseil d’administration d’approuver une augmentation de l’accès et une prorogation d’un an de l’accord (jusqu’à décembre 2017), lors de la cinquième revue du programme.
Pour la sixième revue, tous les objectifs quantitatifs fixés, pour juin 2016, ont été atteints, certains avec des marges importantes. L’investissement public est renforcé pour permettre de combler les déficits d’infrastructure et faciliter la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015. Les réformes structurelles ont continué de progresser, mais plus lentement parfois que ne l’envisageait le programme, surtout dans le domaine de la gouvernance.
Fort de ces résultats appréciables, le programme, pour 2017, prévoit un nouvel accroissement des dépenses en capital dans le contexte d’une réduction du déficit budgétaire, soutenue par la poursuite de la croissance des recettes. Les principales mesures structurelles incluses dans le programme visent à réduire les exonérations d’impôts, à continuer de renforcer l’administration fiscale et à améliorer encore la gestion des finances publiques.

Constats alarmants
Pour l’Institution de Breton Woods, la situation politique de notre pays reste dans l’ensemble stable malgré la persistance de problèmes de sécurité.
Saluant le renouvellement du mandat de la Minusma, et rappelant la signature à la mi-juin, par les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation et le gouvernement, d’un accord sur la mise en place d’autorités intérimaires, le FMI estime que celles-ci permettront d’assurer le redéploiement de l’administration nationale et le rétablissement des services essentiels dans le nord de notre pays. Toutefois, l’institution financière internationale craint que les affrontements, qui ont opposé récemment certains signataires de l’accord, pour le contrôle de certaines localités, affectent ce processus.
En effet, constate-t-elle, au plan sécuritaire, la situation reste fragile ; des attaques continuant d’être menées par des groupes djihadistes contre les forces maliennes et la MINUSMA, y compris dans le centre du pays.

Perspectives rassurantes
En dépit de la grisaille sécuritaire et des risques de détérioration, le FMI estime que les perspectives macroéconomiques, à court terme, restent favorables.
D’après ses projections, la croissance du PIB devrait atteindre 5,4%, en 2016, sous l’effet conjugué des dépenses publiques en capital et de la politique accommodante de la banque centrale régionale. L’inflation, qui a été négative, pendant la majeure partie de l’année (grâce surtout à des conditions météorologiques favorables et à la faiblesse de l’inflation mondiale), devrait rester modérée, atteignant 0,5% (en glissement annuel) à fin décembre. Comme l’envisageait le programme, l’orientation de la politique budgétaire va être assouplie en 2016 ; le déficit global devant atteindre 4,25% du PIB (pour tenir compte des dépenses consacrées à la paix et à la sécurité et permettre la mise en œuvre de la stratégie de développement régional du gouvernement), avant un léger resserrement, l’année prochaine.
Le déficit du compte extérieur devrait se creuser pour atteindre 7,5% du PIB, sous l’effet d’un fort accroissement des importations, favorisé par une expansion rapide de la demande intérieure. Pour 2017, la croissance du PIB devrait rester solide à 5,3% et l’inflation faible à 1%, d’après les projections.
Le déficit extérieur courant devrait être ramené à 6,75% du PIB grâce à une amélioration des termes de l’échange et un ralentissement de la croissance de la demande intérieure.
Toutefois, le FMI note que ces perspectives risquent d’être revues à la baisse en raison notamment de la fragilité de la situation sécuritaire décrite ci-dessus. En effet, estime-t-elle, les contretemps, observés dans l’amélioration de la sécurité, surtout à Bamako, risquent, en effet, de freiner la reprise économique et d’affecter en même temps les finances publiques. La croissance économique de notre pays pourrait être aussi vulnérable à des conditions météorologiques défavorables tandis qu’une baisse des prix à l’exportation des produits de base risque d’affecter le secteur extérieur et, à un moindre degré, les finances publiques.

Bravo aux banques
Selon le FMI, les banques commerciales ont continué de profiter de la politique accommodante de la BCEAO qui leur a permis de porter la croissance du crédit (sur un an) à 27%, en août, et de soutenir ainsi l’expansion de la demande intérieure. Malgré la forte progression du crédit, observée récemment, l’intermédiation financière, mesurée par le ratio crédit total/PIB, reste faible au Mali (21,5%).
D’après ses projections, le Fmi pense que la croissance du crédit devrait ralentir pendant le reste de l’année avec la dissipation de certains effets de base, mais elle devrait se maintenir à 22% à la fin de l’année.
Au bénéfice de toutes ces observations, le FMI note que les indicateurs financiers suggèrent que le secteur bancaire reste sain dans l’ensemble, même si le niveau élevé de prêts improductifs reste, à son avis, préoccupant.
L’augmentation, par la BCEAO, de ses exigences en matière de solvabilité, en 2015, a permis aux banques de renforcer leur ratio de fonds propres qui est passé à 15,3%, en juin 2016, (soit un niveau bien supérieur au minimum des 8% exigé). Les banques sont également liquides et rentables.
Si le ratio des prêts improductifs a fléchi sur les douze derniers mois, il est resté élevé à 15,8% (16,5% en juin 2015), tandis que leur niveau (en FCFA) a très sensiblement augmenté. Le ratio des prêts improductifs, déduction faite des provisions, s’est maintenu à 6% pendant cette période. Toutefois, le FMI signale qu’une part importante de ces prêts remonte à plus de dix ans et concerne deux banques dont la Banque de l’habitat du Mali (BHM) à capitaux publics, qui a fusionné avec la Banque Malienne de Solidarité (BMS), en mars 2016, dans le cadre des efforts entrepris par les autorités pour réduire les risques du secteur financier.
Le FMI salue la volonté des autorités d’élaborer une stratégie visant à réduire encore le volume des prêts improductifs. Les indicateurs financiers du secteur de la microfinance continuent de s’améliorer, comme en témoigne la part des prêts improductifs qui est tombée de 7,5% en 2015 à 6,8% fin juin 2016.

Performances saluées
Le ministre des finances, le Dr Boubou Cissé, et son équipe, ont été encore félicités par les autorités du Fonds monétaire international. En effet, estiment ces dernières, tous les critères de réalisation et objectifs indicatifs, pour la fin juin 2016, ont été respectés et certains, avec des marges non négligeables. Comme on peut le voir, ci-dessus, les efforts du ministre des finances ont porté fruit. Selon le FMI :
-Le plafond fixé pour le financement intérieur net de l’État par les banques et le marché financier a été respecté avec une marge de plus de 1% du PIB grâce à des dépenses moins importantes que prévu.
-Le plafond zéro prescrit pour les arriérés de paiements extérieurs et le plafond limitant les nouveaux emprunts extérieurs assortis de conditions non concessionnelles ont été observés.
-Le plancher des recettes fiscales brutes a été respecté avec une légère marge.
-L’objectif indicatif du programme pour le solde budgétaire de base a été atteint avec une marge importante du fait principalement d’une sous- exécution budgétaire.
-Le plancher fixé pour les dépenses prioritaires liées à la lutte contre la pauvreté a été dépassé de plus de 1⁄2 pour cent du PIB.
Au total, deux des quatre repères structurels, pour la période juin-août 2016, ont été respectés et un troisième l’a été avec retard.
Le Ministre des finances, le Dr Boubou Cissé a commencé à nommer de nouveaux directeurs financiers dans les ministères d’exécution, en juin 2016, et il a depuis procédé à d’autres nominations. Cette mesure devrait permettre d’améliorer la discipline en matière de dépenses et le respect des règles budgétaires. De nouvelles nominations sont attendues après l’évaluation des performances des fonctionnaires en place.
L’audit des exonérations d’impôts accordées, en 2015, et la préparation des rapports mensuels de réconciliation relatifs aux déclarations d’importation ont été accomplis. Cet audit a été particulièrement utile en permettant de chiffrer les exonérations fiscales, déterminer les modalités de leur octroi et estimer les divers types d’exonération, y compris celles de caractère discrétionnaire.
Si la transmission à la Cour suprême des informations financières, relatives aux hauts fonctionnaires, conformément aux dispositions de la loi contre la corruption et l’enrichissement illicite, reste a être effective, le FMI note que des progrès encourageants ont été réalisés dans la mise en œuvre de la mesure : le Premier ministre et tous les ministres ont communiqué leur déclaration de patrimoine à la Cour suprême.

PAR SÉKOUBA SAMAKÉ

 

Source: info-matin

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