En face des Honorables députés, ce 3 avril 2019, le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, Gal. Salif Traoré, a tout simplement dit des contres-vérités.
C’est un ministre élégant et apparemment sûr de lui qui s’est prêté aux questions des Honorables députés ce 3 avril 2019 à l’Hémicycle, en lieu et place de Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre, Chef du gouvernement et du ministre de la Défense, Tiémoko Sangaré. Après un premier tour des Honorables, le ministre gentleman a été invité au pupitre par le président de l’Assemblée, Issaka Sidibé, pour apporter des éléments de réponses aux préoccupations des députés relatives à la situation sécuritaire au centre du Mali.
Refusant d’aller dans le sens de l’accusation de Dan Na Ambassagou par le gouvernement d’être à la base du drame du 23 mars 2019 à Ogossagou, d’où la dissolution pure et simple de ladite milice, le ministre Salif Traoré, sur insistance de certains députés qui estiment que le gouvernement ne peut pas non plus rester à Bamako pour dissoudre une milice armée sur le terrain, a déclaré : « Il s’agit juste du retrait du récépissé ». Faux !
Dans le communiqué du Conseil des ministres extraordinaire, tenu le 24 mars 2019, il est clairement dit : « Sur le rapport du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret portant dissolution de l’Association Dan Na Ambassagou. Depuis un certain temps, l’Association Dan Na Ambassagou s’est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales. En application des dispositions de la Loi n°04-038 du 05 aout 2004 relative aux associations, le Conseil des Ministres a prononcé sa dissolution. »
Si le retrait de récépissé, auquel Salif Traoré fait allusion, est synonyme de suspension d’activités, la dissolution annoncée par le Conseil des ministres signifie que ladite association ou milice ne pourra plus surgir sous le même nom, même en temps normal.
Plus grave, le général ajoute : « Le gouvernement n’a armé aucune milice et il n’entend pas sous-traiter sa sécurité.» Oui ! C’est bien dit. Mais la vérité ici, c’est que ce sont les autorités nationales qui ont attribué le récépissé à Dan Na Ambassagou sachant qu’elle était une milice d’auto-défense. C’était en 2018, plus d’un an après sa création, suite à l’assassinat d’un chasseur en juin 2017 à Gondogoro, dans le cercle de Koro. Et pendant tout ce temps jusqu’à sa dissolution prononcée par le gouvernement, cette milice, selon des témoins proches d’elle, a tout le temps appuyé l’armée malienne ou combattu à ses côtés au centre du pays. « Il est même arrivé que l’armée malienne passe la nuit dans un camp de Dan Na Ambassagou, dans le cercle de Koro », a nous confié un témoin au téléphone sous anonymat. Donner un récépissé à une milice et l’autoriser à combattre aux côtés de l’armée régulière, n’est-ce pas une manière de sous-traiter la sécurité nationale ?
Tout simplement, le Général Salif Traoré a préféré emmener les députés sur un terrain que lui-même maîtrise pour mieux les berner. Sinon comment peut-on comprendre qu’aujourd’hui encore, il y ait des localités dans les cercles de Koro, Douentza, Bankass entre autres, où l’armée n’est pas présente et dont les personnes et leurs biens sont toujours sécurisés par des milices peules et dogon, ou tout simplement par de braves jeunes soucieux du bien-être de leurs localités respectives. Et malgré cela, le ministre gentleman, dans une posture de One Man Show, affirme que la sécurité nationale n’est pas sous-traitée et ne le sera d’aucune manière.
Ousmane BALLO
Source : Ziré-Hebdo