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Sikasso : Dangereux scepticisme

Alors que le mal a étendu ses tentacules dans nos murs, certains compatriotes doutent encore de son existence. Laissant la porte ouverte au mépris des gestes-barrières

Le coronavirus continue de régner en maître absolu dans le monde. La pandémie est apparue au Mali, précisément dans la capitale (Bamako), vers la fin du mois de mars. Depuis, si ce n’est pas la première région (Kayes) et la cinquième (Mopti) ainsi que celle de Koulikoro, il n’y pas eu de contamination au niveau des autres régions. À Sikasso, une grande partie de la population a de la peine à croire à l’existence de la maladie. Les citadins vaquent normalement à leurs occupations. Un tour dans la ville nous édifie sur la situation.
Il est 17 heures au quartier Wayerma II de Sikasso. Les fidèles de la traditionnelle tontine (N’tènèni) notamment le lundi sont au rendez-vous. De nombreuses femmes, la théière, un sceau rempli d’eau glacée, des chaises collées les unes aux autres, une natte bien étalée au beau milieu… tout est fin prêt. En cette période de coronavirus, ces femmes prennent du thé avec les mêmes verres. Pis, la communication est très animée avec les dates de mariage, de baptême, de mariage religieux et de fiançailles annoncées ça et là. Elles ne débattent que des affaires d’uniformes. Dans cette foule compacte, aucune d’elles ne se protège le nez avec un masque. Elles ne se soucient guère du respect des gestes barrières. Au contraire, elles doutent même de la réalité du Covid-19. « Je ne crois pas que le Covid-19 soit réel, ce sont des magouilles. Bientôt nos dirigeants se lasseront, ils ne vont plus nous embêter, c’est pour cela qu’ils ont déclaré que des malades sont guéris sur les antennes de l’ORTM l’autre jour », lance celle qui tient toujours le crachoir au groupe, Kadia Wara. Elle se fera répondre par Fanta Diarra : « Ah, en tout cas c’est pas clair. Que le Tout-Puissant nous aide ! ».

En ville, dans le quartier résidentiel, les kits de lavage des mains ne sont visibles que dans les 2/3 des services techniques notamment ceux qui relèvent du secteur de la santé. Au Grand marché de Sikasso, tout est comme d’habitude. Les achats et les négoces vont bon train. Devant l’agence de la BIM-SA du Grand marché, les clients se bousculent, sans égard pour les mesures de distanciation. Sur la route de l’autogare, c’est le même constat. Des gens entassés devant leurs boutiques, quincailleries, alimentations… Pas de kits de lavage de mains et non plus d’observation de la distance conseillée. À l’intérieur des gares, de nombreuses compagnies disposent des kits de lavage de mains mais, les gens, sans cache nez, sont regroupés sous de petits hangars, ils sont assis côte à côte. Dans d’autres coins de la ville, on constate des groupes de jeunes (grins) qui causent. Tandis que certains s’assoient sur les mêmes chaises, d’autres se couchent deux à trois sur la même natte à l’ombre des arbres et ils prennent du thé.
La ménagère Djénébou Traoré affirme qu’elle ne croit pas à l’existence du coronavirus. «Je pense que c’est une politique de notre gouvernement», déclare-t-elle, ajoutant qu’elle respecte quand même les mesures d’hygiène. L’enseignant Joseph Dembélé partage le même avis. «Je suis partiellement d’accord que le Covid-19 existe, mais pas au Mali car la source des cas confirmés de notre pays provient de l’extérieur», dit-il. Notre interlocuteur tout comme la précédente affirme être d’accord avec le respect des consignes sanitaires, car l’hygiène, selon lui, est le remède efficace contre toutes sortes de maladies.
«Cette maladie est un pur montage », martèle le chef de famille en chômage, Fodé Diarra. Il soutient que c’est un complot ourdi pour pouvoir utiliser le fonds alloué pour la lutte contre le coronavirus. M. Diarra raconte le cas d’un de ses amis qui est chauffeur : Il était tout récemment venu de la Guinée. Il était très fatigué et il transpirait. Les agents de santé ont pris sa température, le thermomètre a alerté et ils l’ont suspecté. Mon ami est parti se nettoyer le visage avec la serviette. Ils ont repris la température et… rien. Les agents de santé lui avaient promis de retourner le voir après, mais à leur départ, mon ami est tout de suite parti à Bougouni. C’est de là, qu’il m’a raconté la scène.
En fin de compte, tandis que le Covid-19 fait des ravages dans le monde entier, une grande partie de la population sikassoise ne croit toujours pas à l’existence de la maladie. La découverte récente d’un cas à Koutiala changera-t-elle les opinions dans la région ? Wait and see !

Mariam F. DIABATÉ

Source : L’ESSOR

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